[POINT DE VUE] Et maintenant une aide de l’État-nounou pour rapiécer !

Alors que le Président se mure dans le silence par crainte des émeutiers et que les Français se demandent où planquer, ce soir, leur voiture pour qu’elle ne parte pas en fumée, la glorieuse Bérengère Couillard, secrétaire d'État chargée de l'Êcologie, fait une annonce fracassante : « À partir d'octobre, les consommateurs vont pouvoir être accompagnés dans la réparation de leurs vêtements et chaussures. »

L’annonce été faite mardi alors que la dame visitait La Caserne, à Paris. Pas un bâtiment de l’armée, non, mais « un incubateur dédié à la mode responsable », nous dit l’AFP. Et donc, tout comme on peut réclamer des sous à Big Mother pour poser des rustines sur son pneu de vélo (le fameux « coup de pouce vélo » mis en place en 2020) ou réparer son lave-linge, on pourra maintenant réclamer une aide de 6 à 25 euros pour refaire la semelle de ses Louboutin™ (7 euros) et changer la doublure de son manteau (25 euros).

Comme l’État ne recule devant aucun sacrifice, ce « bonus réparation » du secteur textile va bénéficier d’un fonds de 154 millions d'euros sur cinq ans. Un nouveau volet dans la loi AGEC (anti-gaspillage et pour une économie circulaire) de février 2020, mais à la différence du « fonds réparation » qui est alimenté – 410 millions d’euros jusqu’en 2027 sur le principe du pollueur-payeur – par les entreprises qui conçoivent et commercialisent les appareils électroniques et électriques dont l’obsolescence est programmée, c’est cette fois l’État qui banque.

Nous mourons du gaspillage, c’est un fait, et l’argument de Mme Couillard est incontestable : les Français « jettent 700.000 tonnes de vêtements chaque année », dont les deux tiers « finissent dans des décharges », dit-elle. Un organisme, Refashion, a donc été chargé par l’État de se pencher sur les effets désastreux d’un consumérisme effréné. On apprend ainsi que « 3,3 milliards de vêtements, chaussures et pièces de linge de maison ont été mis sur le marché en 2022, soit 500.000 de plus qu'en 2021 ».

Il n’en demeure pas moins que nous sommes dans un monde totalement schizophrène où la consommation à outrance est, depuis des décennies, présentée aux jeunes générations comme l’alpha et l’oméga de la citoyenneté. Et qui peut croire que des gamins qui marchent sur leurs bas de pantalon ou balaient le trottoir avec leur abaya trop longue, tous habitués à la mode « jetable », dont l’uniforme – parce que c’en est un – est fait de jeans troués et délavés à l’autre bout du monde dans les pires conditions écologiques, qui peut croire que ces jeunes, tous porteurs de baskets, vont se préoccuper de réparer l’irréparable ?

Il suffit ainsi de traverser le boulevard pour trouver, dans la vitrine en face, des baskets neuves, mais faussement usées et salies, à 475 euros la paire. Bon marché, car deux rues plus bas, c’est le temple où se ruent tous les dealers et les kékés du département, ceux qui ne font pas trois mètres de côté pour déposer leurs saletés dans une poubelle : les baskets coûtent de 250 à 1.400 euros, achetés par des ados qui font le chouf et se moquent d’une prime qui ne paierait même pas leurs lacets…

Ce gouvernement marche sur la tête. Comme l’écrit Guillaume Bigot, sur son compte Twitter : « Pendant que Pékin et Washington investissent dans l’IA, l’informatique quantique et le nucléaire de nouvelle générations… Paris mise sur les ferrailleurs, les retoucheurs et les toilettes sèches. Les macroneux sont trop intelligents pour nous. »

Pendant que Pékin et Washington investissent dans l’IA, l’informatique quantique et le nucléaire de nouvelle générations… Paris mise sur les ferrailleur, les retoucheurs et les toilettes sèches.
Les macroneux sont trop intelligents pour nous. https://t.co/h7JJgSAoAC

— Guillaume Bigot (@Guillaume_Bigot) July 13, 2023

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