[Point de vue] Étoiles de David à Paris : la partie émergée de l’iceberg russe
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Le ministère des Affaires étrangères français a dénoncé, le 9 novembre, dans un communiqué, l’implication d’un réseau de propagande russe, baptisé RRN (Recent Reliable News) ou « Doppelgänger » (du nom du « jumeau maléfique » des légendes) dans la diffusion massive, par de faux comptes X, des photos de ces étoiles de David, taguées avec un pochoir sur les murs du Xe arrondissement de Paris. Des centaines de « bots » auraient ainsi monté en épingle cette affaire. On apprenait quelques jours auparavant que deux Moldaves, payés par un homme d’affaires prorusse, lui-même moldave, étaient à l’origine de ces dégradations – des dégradations apparemment antisémites, mais dont l’objectif est encore plus pernicieux. Nous allons y revenir.
L’homme d’affaires moldave qui est à l’origine de l’opération, un certain Anatoli Prizenko, a été interrogé par Libération. Il définit la motivation de son geste comme la volonté d’« inspirer et soutenir les Juifs d’Europe ». Les inspirer en leur faisant croire qu’ils étaient encore plus visés qu’ils ne le sont déjà ? Cette explication ne convaincra personne, mais elle a le mérite de jeter une lumière crue sur ce que l’on appelle généralement les « manœuvres d’influence » - spécialité russe.
L'art slave de la désinformation
On peut faire remonter l’art pervers de la désinformation russe à la rédaction du Protocole des Sages de Sion par l’antenne française de l’Okhrana, police politique du tsar et ancêtre du KGB. Déjà ce goût de mettre les Juifs sur la touche – pour les « inspirer », peut-être ? Par la suite, le communisme ajouta à cette faculté naturelle, peut-être constitutive d’une certaine forme d’âme slave (allez savoir), une technicité d’un niveau inégalé pour le moment. Faux dissidents, faux textes, faux coupables pour vrais massacres (Katyń), faux procès (Moscou), fausses photos (Beria), fausses pétitions (l’appel de Stockholm)… On comprend qu’un tel savoir-faire n’ait pas pu se perdre, fût-ce avec la chute de l’URSS, le président du pays étant par ailleurs un ancien « guébiste ».
Au sujet de ce passionnant domaine de la guerre « hybride », comme on l’appelle désormais, on peut lire Vladimir Volkoff (Petite Histoire de la désinformation, mais surtout Le Montage, grand prix du roman de l’Académie française 1982), qui a déjà beaucoup dit. On peut aussi lire Sun-Tzu, qui a tout compris, il y a 2.000 ans, en revenant au texte, pas en lisant un compendium du genre « relire Untel », qui est toujours la marque d’un auteur médiocre sans imagination propre.
Dans ces ouvrages, comme dans bien d’autres, la question cruciale, s’agissant de l’influence, est celle de la cible. Les communicants d’aujourd’hui parlent de « public cible ». On voit bien, au sujet de la propagande agressive de la Russie en France, quel est l’objectif : fragmenter un peu plus le pays pour le mettre à genoux, sans avoir besoin de l’attaquer. Affaiblir sans bombarder : « Votre objectif doit être de prendre intact tout ce qui se trouve sous le ciel », disait Sun-Tzu. Le public cible, lui, et c’est là que notre camp (au sens large) a un devoir de lucidité, c’est le camp conservateur, anti-woke, patriote, appelons ça comme on veut.
Un « rempart de l'Occident » en trompe-l'œil
Regardons comme certains ratés de notre famille politique ont parfois une fascination pour les « régimes forts », les « hommes forts ». « Ah, ça, c’est un chef », soupirent les groupies de Vladimir Poutine. Certains, occultant la réalité, croient même au discours objectivement faux d’une Russie « rempart de l’Occident ». Il n’y a qu’à aller voir le taux de divorces, de suicides, de GPA illégales, les inégalités ou encore l’amitié entre Poutine et Kadyrov pour se faire un avis. Mais apparemment, c’est trop de travail que d’ouvrir les yeux. Le régime russe a une qualité objectivement respectable, et même admirable : il est patriote. Mais cette patrie n’est pas la nôtre, et nous ferions bien de nous en souvenir.
Cette nouvelle opération de manipulation vise peut-être à scinder objectivement la France en deux : un camp de droite avec les patriotes, plus les français juifs menacés, hésitant entre l’aliya et la radicalisation ; un camp de gauche, avec les cheveux de couleur, les clandestins qui violent les vieilles dames et la classe politique qui fait le trottoir. C’est tentant. C’est d’ailleurs le propre de la tentation : ça semble bien mais on sait que ça ne l’est pas. Un peu de courage, un peu d’intelligence. Ne laissons pas notre politique intérieure aux Russes.
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV
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48 commentaires
« la propagande agressive de la Russie en France » selon Florac. Moi lorsque j’ouvre la télé ou lit les journaux je vois surtout de propagande massive ukrainienne.
Tout à fait d’accord !
Serions-nous de grands naïfs , de plus innocents ? N’avons-nous pas appris dans nos études cette règle de vie qui se vérifie toujours : « Envoyez un timbre noir à quelqu’un, il vous le renvoie un jour ou l’autre ». Nous sanctionnons la Russie. Poutine connait l’art de l’infiltration, de la déstabilisation, de l’entrisme : il a pratiqué au KGB. Il ne faut pas s’attendre à ce qu’il nous renvoie des sucres d’orge. De plus il a tout son temps, il est patient, il saisira toute situation opportune. Doit-on lui reprocher d’être pragmatique dans l’intérêt de son pays ? On aimerait que notre chef d’Etat soit tout autant attentif aux intérêts de la France. On est loin du compte !
Un homme d’affaires pro Russe même pas Russe, ne laissons pas notre politique intérieure aux Russes, heureusement que BV est là pour nous éclairer sur qui tire les ficelles du clivage de la France et de notre calamiteuse politique extérieure. Je croyais naïvement que c’était les américains, le Bilderberg et Von der Leyen, que nenni, grâce à ce brillant article j’ai eu la révélation, c’est Poutine et son bras armé X dirigé par l’affreux Musk. Au Moyen Age il y avait le diable, aujourd’hui on a Poutine, les temps changent mais la technique du bouc émissaire persiste, merci à de me sortir de l’obscurantisme.
Un peu de sérieux, monsieur. Ne vous mettez pas à répandre bêtement les intoxications fumeuses de certains cerveaux avariés, fussent-ils de ce brillant ministère du Quai d’Orsay.
Là, je pense que BV pousse le bouchon un peu loin, avec la bande de clampins qui nous dirige (??), pas besoin des russes pour couler le pays d’une manière ou d’une autre ! Si nous avions un président Poutine, notre pays ne serait pas dans cet état de décomposition avancé !!! Davaï, gloire à la Grande Russie ….
J’approuve !
Boulevard Voltaire qui s’en réfère à Libération. Nous aurons décidément tout vu, rien ne nous sera épargné …
Après avoir fait le nécessaire pour les déferlantes de vagues de haineux venus d’Afrique, le parlement européen recommence avec les pays de l’est corrompus et vassale aux russes toujours communistes sou une autre appellation
On est quand même en droit de déplorer que notre pays ait à sa tête un ectoplasme velléitaire, plutôt qu’un patriote plein de fermeté du genre de Poutine. Ensuite, la grande erreur des européens, nous compris, aura été de se ranger à la politique US et de faire délibérément de la Russie un ennemi. Aujourd’hui nous sommes dans le mauvais camp, celui, passéiste, des états unis d’Amérique et d’Europe réunis, et la Russie dans celui des BRICS, celui de l’avenir. On n’a pas fini de le payer…
« Ne laissons pas notre politique intérieure aux Russes » j’attends avec impatience les 2 prochains articles de l’auteur traitant pour le premier de notre soumission effective aux USA et, pour le second, de cette Europe qui décide maintenant de tout dans notre pays. C’est bien de dénoncer mais c’est encore mieux de le faire sans rien oublier.
Vous êtes bien sur Florac que ce ne sont pas les Russes et pourquoi pas Poutine qui a cassé le vase de Soissons, en matière de désinformation et d’espionnage des « alliés », je trouve que la CIA et le service d’écoute US n’est pas mal non plus, il me semble que ce sont eux qui écoutent nos présidents et non pas le KGB, Poutine a vraiment le dos très large à l’heure actuelle.
Quand on voit l’amateurisme de cette grotesque opération, on se demande si elle tient d’une grossière manipulation ou en conclure que le KGB a vraiment perdu la main et qu’il n’est plus ce qu’il était.
Qu’on balaye devant notre porte pour la désinformation. Autant Mr Florac peu être bon dans certains articles autant il est décevant d’en d’autres.
Ouf , Libération a interviewé un moldave pro-russe , ça c’est du lourd :-)))
D’ailleurs , il suffit de regarder le taux de divorces , les inégalités , etc …
Et si on regardait plutôt le reconstitution de la puissance russe , présidée par Poutine , en se souvenant de ce que fut la place de la France il y a 40 ans ?
Et si on gardait à l’esprit que les ennemis de nos ennemis sont nos amis , au lieu d’invectiver avec tant de délectation les « poutinophiles » et autres « poutinolâtres » ?
Il n’est pas question de coucher avec Vladimir Poutine , il est question de sortir de la tutelle anglo-saxonne et EU . Ne divisez pas stupidement les Français patriotes , ils sont justement Français et patriotes .
D’abord les anglais et maintenant les russes , ils nous prennent vraiment pour des cons ….
« Ne laissons pas notre politique intérieure aux Russes » conclut le chroniqueur. Et moi qui croyais qu’on laissait notre politique intérieure aux amerloques. Par bonheur, boulevard Voltaire est là pour éclairer notre lanterne …
Décidément tout est de la faute des Russes et les américains en odeur de sainteté ! Américains qui sont les « grandes oreilles » du monde ! Des américains, qui n’ont pas hésité à balancer deux bombes atomiques sur le Japon, des produits chimiques sur le Vietnam, déstabilisé le Moyen-Orient et qui a réussi à vassaliser l’Europe ! N’en déplaise à certains, je suis plus sur la ligne d’un général de Gaulle, visionnaire, qu’un petit président qui n’a aucune envergure et qui est inapte tout comme ses ministres à gouverner la France !
Merci pour cet article. Moi aussi, je suis toujours stupéfait de l’admiration que Poutine suscite chez certains Français de droite, qui se prétendent patriotes. Drôles de patriotes en vérité ceux qui soutiennent un dirigeant étranger qui n’a de cesse de vouloir nous affaiblir (voir, par ex, en Afrique). Ils constituent en fait la 5ème colonne, dont la droite Française ferait bien de se débarrasser au plus vite si elle veut arriver au pouvoir, ce qui serait par ailleurs souhaitable à bien des égards. Et tant qu’on y est, en plus de mettre dehors les Poutinophiles, si on pouvait se débarrasser des complotistes, platistes de tout poil etc…ce serait salutaire.
La France de Macron n’a besoin de personne pour être affaiblie. Peut-on objectivement reprocher à des puissances étrangères d’occuper ces places dont la France est éjectée en Afrique ? Soutenir militairement et financièrement un adversaire dans un conflit européen n’autorise plus à s’étonner que le camp d’en face ait peu d’amabilité pour le co-beligerant que la France est devenue. Que l’on admire, ou pas, l’un ou l’autre, ne dispense pas de regarder la réalité telle qu’elle est. Même si elle ne plaît pas.