[Point de vue] Face à l’avancée russe en Afrique, l’heure de la riposte a-t-elle sonné pour la France ?
Demeurées trop longtemps inertes face à l’offensive de la Russie, les autorités françaises se sont résolues à riposter. Avec un objectif clair et assumé : dénigrer l’action de Moscou et de Wagner en Centrafrique, au Mali et au Sahel. La France accuse régulièrement la Russie de mener des campagnes de désinformation pour la discréditer, notamment par des moyens peu coûteux, à savoir le groupe de mercenaires Wagner cornaqué par Evgeni Prigojine, surnommé le « chef de Poutine » pour avoir travaillé dans la restauration du Kremlin.
Il en est ainsi de l’opération de déstabilisation vers la France menée en avril 2022, non loin de la base militaire française de Gossi, au Mali, afin de compromettre la France et de l’accuser de crime de guerre. Wagner est ainsi intervenu sur une myriade de théâtres, de la République centrafricaine à la Libye, et il est en passe de s'implanter rapidement au Sahel.
Et dans le même temps, Emmanuel Macron a voulu innover en politique étrangère en Afrique, d’une part en oubliant le pré carré de la France en misant sur l’Afrique anglophone. Il en est de l’Afrique du Sud, de l’Afrique de l’Est ou encore du Nigeria. Son stage d’étudiant à l’ENA à l’ambassade de France à Abuja lui a probablement laissé un souvenir impérissable. D’autre part en élargissant le champ de ses interlocuteurs pour ne pas se limiter seulement aux gouvernements. À ce titre, on se souvient de son discours à la jeunesse africaine à Ouagadougou, en octobre 2017, ou du sommet Afrique-France à Montpellier, en octobre 2021, où le Président avait réuni la société civile franco-africaine. Mais cette double innovation est à marquer du sceau de l’échec.
Pour l’éditorialiste du Wakat Séra, site d’information burkinabé, la France s’est comme laissée surprendre par les ambitions de ses concurrents qui eux, moins regardants sur la bonne gouvernance, la démocratie et le respect des droits de l’homme – dont Paris se fait le chantre –, ont déroulé une coopération plus réaliste qui épouse la vision des dirigeants africains, adeptes des règnes ad vitam aeternam. Tandis que, le Mourya, au Niger, souligne que « ...perdre coup sur coup la Centrafrique où se sont engouffrés Russes et Rwandais, la RDC qui n’appartient en vérité à aucune puissance à part entière, le Gabon et le Rwanda qui ont rejoint le Commonwealth, tout cela fait pour la France beaucoup de dommages économiques, géopolitiques et géostratégiques à la fois ! »
En guise de riposte, le président de la République a incité, le 1er septembre, lors de la traditionnelle « Conférence des ambassadeurs », ces derniers à être « plus agressifs » et « plus mobilisés » dans la lutte d’influence et notamment sur les réseaux sociaux. « Notre pays est souvent attaqué », a-t-il souligné. Il a dénoncé les « narratifs russe, chinois ou turc », qui viennent expliquer, en Afrique, que « la France est un pays qui fait de la néocolonisation. Il faut installer notre narratif. »
Dans cette perspective, la France s’apprête à officialiser la mise en place d’un dispositif de lutte informationnelle en Afrique afin d’y contrer l’influence de Moscou. Outre la création d’une task force au Quai d’Orsay, une cellule dédiée au ministère des Armées sera mise sur pied. C’est ainsi que l’ancien ambassadeur de France au Ghana, Mme Anne-Sophie Ave, sera désignée « ambassadrice pour la diplomatie publique en Afrique ». Madame l’ambassadeur bénéficiera de prérogatives élargies : l’équipe devrait être composée d’une dizaine de personnes, contre moins de cinq aujourd’hui. Un préfet – ancien militaire – doit être détaché du ministère de l'Intérieur pour rejoindre cette task force et lui donner une touche « interministérielle ». Outre le ministère de l’Intérieur, celui des Armées sera associé au dispositif.
Or, dans ce contexte, il est bon de rappeler les propos de l'ancien chef d'état-major des armées (CEMA), le général d’armée François Lecointre qui déplorait, en 2020, un « manque de créativité » des diplomates face à des crises non existentielles. Ils « ont cru que tout pouvait se régler à coups de marteau », avait-il déclaré, comme le rappelle Le Figaro. Mais quand la compétition entre puissances est permanente et dans la zone grise, la répartition des rôles n’opère plus. « L’armée n’est pas en mesure de mener seule cette guerre immatérielle. En privé, les militaires dressent la liste des forces d’influence qui manqueraient à l’appel, diplomates ou acteurs du développement. Or, sans progrès ailleurs que sur le champ de bataille, les opérations militaires sont sans lendemain. Au Sahel, Barkhane l’a appris à ses dépens », lit-on dans cet article du Figaro publié le 1er septembre dernier.
Or, s'agissant des relations internationales, pas seulement dans les opérations militaires, le Quai d'Orsay exerce une tutelle totale sur les armées avec, souvent, une marque de mépris envers les généraux que certains ont du mal à cacher. La « sortie » de l'ancien CEMA était une mise au point rare à l’égard d’une diplomatie qui ne joue pas son rôle dans la stratégie globale. Ce n'est pas Emmanuel Macron qui est responsable du démantèlement du corps des diplomates, ce sont les diplomates eux-mêmes. Le général de Gaulle résumait ainsi la situation : « Les diplomates ne sont utiles que par beau temps. Dès qu'il pleut, ils se noient dans chaque goutte. » Les militaires, c'est l'exact contraire.
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Un vert manteau de mosquées
32 commentaires
Comme toujours Macron réagit après avoir fauté et bien entendu il s’agite trop tard et fera porter la responsabilité de ses échecs sur les autres. Lui, l’homme parfait que ne se trompe jamais finira t-il son deuxième mandat ? Tout porte à croire qu’il aura laissé la place dans peu de temps.
La france n’a rien trouvé d’autre que de participer activement au développement de la Tanzanie pour détourner de Mayotte l’invasion des comoriens (voir J.O de ces derniers jours). Une fois de plus on perdra sur les deux tableaux !
Par ailleurs, macron a un vrai problème de communication avec la Russie ! Est-il seulement à la hauteur ?
Mais la France comme les autres pays n’y est que pour ses intérêts, vous ne croyez tout de même pas que c’est pour apporter liberté et démocratie aux peuples Africains, nous soutenons les « marionnettes » qui nous servent bien, rien de plus.
« Notre pays est souvent attaqué », a-t-il souligné. Et le premier assaillant, c’est lui-même, à chaque visite à l’étranger.
Brillants résultats du couple d’incapables et de traîtres Macron – Le Drian. Par idéologie perverse et déphasee ces deux branquignoles ont en quelques années détruit tout ce qui faisait la force de la position française en Afrique.