[Point de vue] Fin de vie : les évêques de France entrent dans la bataille culturelle
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L’annonce d’Emmanuel Macron, dimanche 10 mars 2024, de présenter, le 27 mai, un projet de loi à l’Assemblée nationale sur une « aide à mourir » a déchaîné les passions. Lors de la Conférence des évêques de France, les chefs de l’Église catholique dans notre pays ont appelé à « ne pas dévoyer la fraternité ».
Quelques semaines à peine après la constitutionnalisation de l’avortement, Emmanuel Macron a décidé de s’attaquer à l’un des plus grands tabous de notre société, voire de notre civilisation : l’euthanasie. En effet, un projet de loi a été transmis, lundi 18 mars, au Conseil d’État dans lequel on lit : « L’aide à mourir consiste en l’administration d’une substance létale, effectuée par la personne elle-même ou, lorsque celle-ci n’est pas en mesure physiquement d’y procéder, par un médecin, un infirmier ou une personne volontaire qu’elle désigne. » Les évêques étaient restés, dans l’ensemble, assez réservés lors du débat sur l’IVG. Cette fois, ils ont décidé, par le biais d’une déclaration officielle, d’exprimer leurs « profondes réserves ». Pour eux, « la demande de suicide assisté ou d’euthanasie est souvent l’expression d’un sentiment de solitude et d’abandon ». Ils considèrent ainsi que « c’est un impératif d’humanité et de fraternité que de soulager la souffrance et d’offrir à chacun la fin de vie la mieux accompagnée plutôt que de l’interrompre par un geste létal. Notre idéal démocratique, si fragile et si nécessaire, repose sur l’interdit fondateur de donner la mort. » Une chose peut étonner ici le lecteur : quel est le lien entre l’interdit de donner la mort et la démocratie ?
Idéal démocratique et idéal chrétien
Tout le problème de cette déclaration est ici résumé. Beaucoup d’évêques sont timorés. Étant de facto des hommes de pouvoir, ils sont, qu’ils le veuillent ou non, des acteurs du jeu politique. Or, la politique est rapport de force et ils ne sont pas dans une position favorable. Cela les oblige donc à adopter un ton conciliant vis-à-vis du pouvoir, quitte à substituer l'idéal démocratique à l'idéal chrétien. La République a tendance à l’oublier, mais notre pays est pétri de valeurs chrétiennes qu’elle a simplement laïcisées. Nous avons contacté Monseigneur Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon. Pour lui, les prélats sont divisés sur la marche à suivre. Si certains en resteront à cette déclaration, d’autres comme lui comptent appeler leurs diocésains à manifester. Il souhaite que ses confrères soient plus présents sur ce front qu’ils ne l’ont été sur celui de l’IVG. À ses yeux, il faut lutter contre l’idéologie libertaire effrénée qui mène, in fine, à la réification des êtres humains.
C’est que depuis Mai 68, le libertarianisme a le vent en poupe. À l’époque, on ne réclamait qu’une plus grande liberté sexuelle. On réclame, à présent, le droit à « mourir dans la dignité ». Dans un entretien en date du 12 mars accordé à Radio Lapurdi, Mgr AiIlet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, revenait justement sur cette notion. Il déclarait alors : « Ça a l’air de dire que quelqu’un qui est dans la souffrance, le handicap, n’est pas digne. » L’évolution du débat public sur le sujet est d’ailleurs nette : plus on parle d’euthanasie, moins les Français y sont favorables. Ils étaient, ainsi, 92 % à l’être, en juillet 2022, tandis qu’ils n’étaient plus que 59 %, en janvier 2024. On peut donc légitimement se demander où en sera l’opinion populaire, d’ici deux ans. D’autant que l’immense majorité des soignants y sont opposés et que, partout où elle a été légalisée, l’euthanasie n’est jamais restée une mesure d’exception bien longtemps.
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14 commentaires
Il est grand temps que l’église réagisse ….fin de vie …seul le ciel a des droits ..pour le grand départ ..sans doute que le soi disant président prend les conseils de la vieille bonne femme aux cheveux blancs qui nous bassine avec son désir de piqure …
Si « les évêques sont timorés », où allons-nous ? Ne reste-t-il plus de parole libre, élévatrice, pour condamner ouvertement et fermement une prise de position faiblarde ? En cette Semaine Sainte, une déclaration officielle de la Conférence des évêques de France serait la bienvenue.
Que le rapport de force ne les mette pas dans une position favorable n’a pas vraiment de sens. Leur fonction dépasse l’opinion actuelle d’autant que pour les Chrétiens elle leur est conférée depuis 2000 ans. Pour les autres, où en serait l’Inde si Ghandi avait raisonné de la sorte ?
Macron n’est qu’un sauvage sans foi, ni loi, ni conscience, il faut donc s’en débarrasser au plus vite avant que les dégâts, qu’il fait dans les corps, dans les âmes et dans les biens matériels comme spirituels, ne soient irréversibles et détruisent à jamais notre civilisation. Et il est indispensable, obligatoire même, que l’Eglise catholique mais aussi TOUTES les autres Eglises ou Religions élèvent ensemble un mur infranchissable contre cette intention mortelle et mortifère. Cet homme est un fou dangereux, dans tous ses actes, ses paroles et ses annonces, il faut à tout prix s’en défaire !
Si la religion Chrétienne a toujours séparé le spirituel du temporel, il n’en existe pas moins un concept civilisationnel qui est que l’homme se doit de protéger le faible. L’Eglise est donc en droit d’alerter des dangers qu’entraine cette dérive qu’est l’euthanasie car elle remet totalement en cause notre humanité. Chacun, croyant ou pas, se doit de s’opposer à cette dérive qui validera qu’un homme n’est qu’un objet comme un autre.
Petit rappel : les catholiques et l’Eglise sont muselés depuis 1789, date de la mise en place d’une république qui a juré de les combattre !
En quoi les évêques sont ils des hommes de pouvoir !! Ils n’ont en aucun cas à adopter un ton conciliant avec qui que ce soit, leur seul mission est l’Évangile, le Christ et donc l’idéal chrétien, c’est ça la liberté des enfants de Dieu.
Suivons monseigneur Rey si courageux ,si humain et si mal vu par le pape…justement
Oui : suivons la voie ( et la voix ) de la Vérité !
Si les évêques de France parlent ou s’intéressent à la fin de vie , pour quelles raisons n’en avons nous pas entendu un s’offusquer de la disparition de la croix sur le Dôme des invalides ou alors de façon tellement timide et discrète qui contribue malheureusement et si l’on ose ou peut dire à la fin de vie de la religion catholique pour la France . A part un peu trop de démagogie , de com en l’air , mais quasiment tous les gens d’église n’entretiennent pas , plus le sacré ,seul lien possible pour le maintien de la foi et sa pratique . Bref ,comme les politiques , élus de villes grandes ou petites ,gros bourg , le temps est perdu par la maladie de la réunionite qui permet à chaque participant de se gargariser , faire plaisir à l’organisateur sans qu’il ne ressorte quoi que ce soit , sinon parfois un peu de brillant évaporé dix minutes après . Notons que du côté des politiques ,ça coûte les yeux de la tête aux contribuables et au clergé l’appel aux dons , seul domaines d’actions concrètes .
En deux lignes, la guerre n’est pas perdue, voici pourquoi et comment: je dis bien, en deux lignes:
a) pour faire fonctionner une civilisation, il faut un logiciel laïc, d’essence divine: c’est la Règle de Saint Benoit, à la fois manuel de management et précis de procédure pénale, synthèse du droit romain, de la philosophie grecque et des deux testaments;
b) pour détruire une civilisation, il faut un logiciel laïc, d’essence satanique: c’est la Franc-Maçonnerie [je l’ai combattue 4 décennies].
Une fois que vous avez compris ceci, vous avez tout compris.
Bravo !
Sur les aspects juridique, médical et religieux du suicide assisté, je conseille la lecture de l’ouvrage sous forme de pièce de théâtre de Ferdinand von Schirach (« Gott ») dont la traduction existe en français ( « Dieu »). C’est vu sous l’angle allemand, assez peu éloigné des problèmes éthiqus ou autres de la France. Le DVD existe, mais ne reprend pas en totalité les argumentaires. Ça se lit très bien.
Merci pour l’info