[Point de vue] Francophonie : Emmanuel Macron accumule les maladresses

Capture d'écran présidence de la République
Capture d'écran présidence de la République

Décidément, Emmanuel Macron multiplie les fautes diplomatiques. Le sommet de la francophonie qui vient de se dérouler en France devait être l'occasion particulière d'essayer de faire avancer le conflit entre le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC), en raison des accusations de soutien du Rwanda aux rebelles majoritairement tutsie du M23 a l'est de la RDC. Il n'en a rien été, bien au contraire. Pourtant, notre président avait déclaré qu'il voyait dans la Francophonie « un espace de médiation, de dialogue pour régler des différends politiques comme c'est le cas entre la République démocratique du Congo et le Rwanda ».

Le président congolais, Felix Tshisekedi, quitte précipitamment le sommet

Lors de son discours d’ouverture, Emmanuel Macron a omis de mentionner explicitement le conflit en RDC, préférant centrer ses propos sur d'autres crises internationales telles que l'Ukraine et Gaza, ce qui a entrainé le départ précipité du président Tshisekedi percevant comme une politique française de « deux poids deux mesures », alors que la France a pris position dans d'autres conflits, notamment entre l'Algérie et le Maroc. Elle reste, selon les Congolais, trop conciliante vis-à-vis du Rwanda.

Paul Kagame, le président autoritariste rwandais, a lui, bénéficié d’un accueil chaleureux. Placé aux côtés de Macron lors de la photographie officielle, il a aussi été mis à l’honneur lors du dîner d’État à l’Élysée. Le camp congolais ne pouvait voir dans cette relation qu'une volonté de la France de ménager le Rwanda.

En humiliant ainsi Felix Tshisekedi, Emmanuel Macron a réussi la prouesse de se fâcher avec le président du plus grand pays francophone au monde, ayant le plus de potentiel d'avenir en Afrique centrale ou nous avons encore une certaine influence historique. En 2050, la RDC sera le deuxième pays le plus peuplé d'Afrique, derrière le Nigeria, et le huitième au niveau mondial, avec une population estimée à 215 millions d'habitants. Notre président s'était déjà fait remarquer en ne condamnant pas l'intervention du Rwanda sur le sol congolais, lors de sa visite à Kinshasa en mars 2023, ce qui avait déjà fortement déçu Tshisekedi.

La prééminence du Rwanda est-elle justifiée ?

S'il convient de tisser des liens afin de rapprocher le Rwanda de la zone d'influence francophone et le voir regagner du poids sur le continent, en particulier dans la sous-région des grands lacs, où la France est concurrencée par les Etats-Unis et, de plus en plus, par la Russie, il n'était pas nécessaire de "braquer" le partenaire congolais d'une manière aussi maladroite.

Décidément, Emmanuel Macron n'a toujours rien compris à la mentalité africaine et notre diplomatie aura du mal à revenir dans le jeu, alors que la RDC reste aussi un acteur essentiel et incontournable dans la région des grands lacs, notamment par ses richesses minières. En 2022, le Gabon et le Togo ont rejoints le Commonwealth, accentuant ainsi le déclin de la sphère d'influence française en Afrique. Il ne faudrait pas pousser la RDC dans les bras de la Russie alors qu'un renforcement des relations est déjà en cours avec son voisin de la République du Congo (Brazzaville), ce qui détricoterait encore un peu plus notre influence en Afrique centrale.

Philippe Franceschi
Philippe Franceschi
Consultant en sécurité

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