[Point de vue] Frontex alarmant sur l’immigration et le risque terroriste

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On se croirait revenu en 2015, quand Frontex mettait en avant le risque terroriste issu de la vague migratoire de cette année-là… On connaît la suite. Le risque, aujourd’hui, est du même niveau, si l’on en croit son rapport 2024-2025 sur les risques immigration et terrorisme. Il est éloquent et devrait, normalement, infléchir la politique immigrationniste de l'UE - on peut toujours rêver. La zone des Balkans occidentaux et la situation tendue aux frontières extérieures terrestres orientales de l’UE sont citées, mais l'accent est mis sur la zone sahélienne et l’Afrique de l’Ouest.

La Russie se livre à une guerre hybride

Après avoir indiqué que l’accalmie en matière de franchissement irrégulier aux frontières européennes n’est que temporaire, le rapport affirme que l’implantation au Sahel de la Russie est de nature à élargir son potentiel de nuisance. Elle pourrait être en mesure de créer et éventuellement de diriger des flux migratoires dont les effets pourraient se faire sentir pendant des années. Frontex redoute que les terroristes ne se mêlent aux migrants dans le contexte non seulement de la guerre entre Israël et le Hamas polarisant les sociétés européennes, mais aussi de l’instabilité actuelle dans la bande sahélienne.

Les migrants d’Afrique subsaharienne constateront que les itinéraires traditionnels vers le nord via le Niger ont été relancés (grâce à la disparition du dispositif anti-immigration occidental dans la région d’Agadez). Il est probable que le Niger, qui s’est rapproché de la Russie et qui a actuellement une attitude anti-occidentale, va retrouver son rôle clé de pays de transit vers la route de la Méditerranée centrale.

L’épicentre du terrorisme s’est déplacé du Moyen-Orient vers la région du Sahel central en Afrique subsaharienne

Selon l’indice mondial du terrorisme, la menace terroriste croissante émanant du Sahel signifie que les entrées non détectées de personnes liées au terrorisme aux frontières extérieures resteront une préoccupation majeure pour la sécurité intérieure de l’Union. Par ailleurs, la  route de la Méditerranée centrale subira les répercussions de plusieurs déplacements massifs dans la région subsaharienne

La route de l’Afrique de l’Ouest pourrait devenir la principale porte d’entrée

L’augmentation des mouvements migratoires, notamment depuis le Sahel vers la côte ouest-africaine, en partie due aux refoulements pratiqués par l’Algérie, la Tunisie et la Libye, ainsi que les frais relativement faibles facturés par les passeurs sur cette route, pourraient encore accroître le nombre de migrants sur la route de l’Afrique de l’Ouest.

Frontex ne fait qu’ouvrir son parapluie de protection, sans proposer un changement radical de politique. Il serait temps, pour notre diplomatie et nos députés européens, de proposer un contre-pacte migratoire de sécurisation de la frontière sud de l’Union européenne, maritime et terrestre. On est bien capable d’envoyer une flotte européenne dans la mer Rouge afin de lutter contre les terroristes houtis du Yémen, alors pourquoi ne pas le faire en Méditerranée afin de refouler les bateaux de migrants vers les pays de départ ? D’autre part, l’entrée de la Roumanie et de la Bulgarie dans l’espace Schengen va aggraver le risque migratoire provenant de la frontière extérieure orientale, et singulièrement de la mer Noire et du Khorasan.

Philippe Franceschi
Philippe Franceschi
Consultant en sécurité

Vos commentaires

49 commentaires

  1. Quand on parle des protéger les frontières du sud de l’Europe, on a tendance à oublier les îles et archipels: Sicile, Sardaigne, Baléares, Madère, les Canaries… Et les flux de migrants ne cessent d’augmenter vers ces destinations plus difficiles à protéger. L’Europe « prend l’eau » de toutes parts.

  2. « Refouler les bateaux de migrants vers les pays de départ ? » Que de belles paroles ! Mais c’est précisément ce qu’a fait Fabrice Leggieri, ancien directeur de Frontex, et c’est ce qui a occasionné sa démission forcée. Qui va oser le faire ? Sûrement pas l’UE de l’Allemande Ursula Van der Leyen, puisque c’est justement elle qui ouvre les frontières européennes aux migrants. La seule solution consisterait à cadenasser nos frontières nationales. Il ne faut pas compter sur Michel Barnier, ex-commissaire européen pour oser le faire.

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