[Point de vue] JDD : l’argent public pèse sur la liberté de la presse
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Le bras de fer entre Vincent Bolloré et les membres de la rédaction du Journal du dimanche s’éternise. L’absence de ce journal dans les kiosques en laissera indifférent plus d’un, dont je fais partie. Mais ce conflit peut inspirer quelques réflexions de bon sens.
Dans une entreprise, c’est le capital qui nomme les dirigeants, en général indirectement via un conseil d’administration. Que cela plaise ou non aux salariés, c’est ainsi depuis qu’existe le concept de société. L’expérience des soviets n’a rien d’enviable, nonobstant ce qu’en pensent quelques rescapés du Stalinocène en voie d’extinction. Les salariés qu’un dirigeant ne satisfait pas ou plus sont libres de coller leur démission et de partir vers un pré localisé là où l’herbe est plus verte. Et il n’y a pas de raison objective pour que, dans des entreprises de presse, ce soit différent.
Le sectarisme quasi univoque dont témoigne le microcosme politico-médiatique prompt à fustiger l’orientation du JDD souhaitée par son actionnaire est bien triste. Il fleure bon son Saint-Just et son mantra « pas de liberté pour les ennemis de la liberté ». Le quasi-monopole d’une bien-pensance se sent si fort qu’il prétend interdire toute concurrence ! C’est, littéralement, un abus de position dominante, avec d’éventuels recours à la puissance régalienne quand celle-ci devrait s’abstenir au nom d’une très hypothétique neutralité de l’État. N’oublions pas, en outre, que dans ce monde orwellien, les censeurs se proclament généreusement les défenseurs de la démocratie.
Il serait donc temps de poser un constat qui répugne à toutes ces belles âmes : la prestation de service consistant à diffuser une information (fiable ?) devrait être rémunérée par un acte de commerce. Sauf que quand les médias n’inspirent plus confiance, la diffusion payante diminue et les recette publicitaires chutent. Le traitement normal, dans une entreprise, serait de tenter d’augmenter les revenus en inspirant plus de confiance à plus de gens. Mais nous sommes en France, l’argent public se déverse très généreusement : subventions au numéro, TVA réduite, tarifs postaux préférentiels, déduction fiscale des journalistes. C’est pas cher, c’est l’État qui paie ! Faut-il voir dans cette dépendance financière des médias une explication à leur docilité à un discours public qui ressemble souvent à de la propagande ? Que nenni, quel affreux soupçon ! L’argent public français ne saurait en rien être corrupteur ! Pourtant, suivre l’argent permet d’identifier bien des allégeances.
Soyons clairs : il y a des médias qui parviennent tant bien que mal à faire financer leur fonctionnement par la diffusion payante, le don et la publicité commerciale sans user de toute la palette de ces expédients onéreux pour le contribuable. Il est même possible de lancer de nouveaux médias : TV Libertés, Boulevard Voltaire et Mediapart en sont des exemples. C’est aux médias eux-mêmes d’inventer un modèle d’affaire robuste.
Il se publie périodiquement des visuels qui cartographient qui détient quels médias en France. Et le constat est clair, quelques richissimes concentrent des intérêts dans des titres privés parmi les plus importants. Dans un monde libéral, il est choquant que ces oligarques ne jouent pas leur rôle d’actionnaire en renflouant leurs titres via leur patrimoine. Mais ce serait en toute logique à l’État de ne pas les laisser profiter du beurre, de l’argent du beurre, des fesses de la crémière et de l’exploitation de son fonds de commerce !
Le « Je te tiens, tu me tiens par la barbichette » entre média et politique a assez duré. Quand un homme politique au pouvoir se décidera-t-il à couper clair ces financements publics ? Quand des autorités de régulation lutteront-elles contre cette concurrence déloyale qui érige des barrières à l’entrée inéquitables ?
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27 commentaires
Si seul la presse recevait des subventions, mais regardons toutes ces « associations et autres machins » qui en reçoivent de partout. Régionale, départementale, intercommunale, communale etc. Pour les lister il faudrait y passer 15 jours et des milliers de pages seraient nécessaires.
J’ai toujours été choqué qu’on puisse subventionner la presse ! Il faut vraiment arrêter totalement mais personne n’osera sans doute. Un scandale qui nous coûte des centaines de millions.
M.Mitterand porte une lourde responsabilité dans ce schéma où l’argent du contribuable -quelle que soit son opinion- sert à stipendier la presse : Rares les publications qui ne sont pas arrosées de nos sous ; aucune à gauche . La Pravda n’est pas encore morte !
En Europe, lors du crépuscule du « pilonnage» vaccinal une certaine grande presse s’est rependue en excuses de ses positions publiées à l’égard de son lectorat. Exception : En France rien de cela n’a eu lieu.
Imaginons que l’Humanité subsiste sans argent public, ni chantage sur ce qui reste de nos grandes entreprises, ni de ses abonnements aussi captifs que fictifs… Ce journal représente l’archétype même le la presse écrite française qui peut largement se passer d’un quelconque lectorat.
Que Bolloré ne cède pas , ceux qui ne sont pas d’accord traversent la rue et se trouvent un emploi ailleurs . Quand aux aides de l’état aux autres journaux il serait temps d’y mettre fin , alors peut être ces journaliqtes feraient leur métier , celui d’informer les populations .
Il faut déjà reprendre le contrôle de Sciences-Po, là où journalistes et politiques copinent ensemble depuis l’adolescence.
7 mars 2021 édito du JDD sur Europe 1 de Hervé Gattegno ; »Il est inadmissible que les soignants ne jugent pas ultra-prioritaires d’être vaccinés ». Ces pseudo journalistes du JDD se sont fait un plaisir de mépriser les soignants suspendus car non vaccinés. J’espère une seule chose : que Bolloré ne cède jamais devant ces journalistes dignes de l’inquisition.
Combien de personnes lisaient encore le JDD ?
Apparemment diffusé à 136 000 exemplaires.
Si les journalistes du JDD ne sont pas contents du choix de Vincent Bolloré qu’ils aillent exercer leurs talents dans un autre torchon et Geoffroy Lejeune recrutera des collaborateurs compétents et non idéologues.
Mais, si ces « journalistes » sont si compétents pourquoi ne créent-ils pas leur propre journal plutôt que d’aller à la soupe à chaque fin de mois ? Qu’ils aient un vrai courage, celui de prendre des risques !
Ils ont cette possibilité et sont même payé pendant 6 mois, si je ne m’abuse.
Il serait grand temps de réduire puis supprimer les aides de l’État, généreuses à souhait et totalement incompatibles avec l’objectivité attendue de la presse.
Mais l’objectif de cette presse n’est pas de traiter l’information avec objectivité mais de servir de chambre d’écho au politique et différents dogmes à la mode !
Ces gens qui savent tout sur rien et rien surtout devraient disparaître et plutôt que de viser CNews et autres il serait temps de se pencher sur LCI, devenue la TV ukrainienne, où les « experts » de plateau redoublent d’âneries partisanes pour embobiner les rares auditeurs, l’impartialité médiatique n’est plus à l’ordre du jour !
Il est étonnant que pour une fois, exeption qui confirme la règle sans doute, l’Europe, la Commission, n’ait pas encore imposé des critères interdisant les subventions d’état aux médias, écrits, radios et télé ! Au pire un seul média dans chaque catégorie au service de l’état. Là on s’amuserait à regarder les courbes des journaux tels L’Huma, l’Obs, Libé et autres feuilles parfois même renflouées « par l’Etat et nos impôts » comme l’Huma ! Et que dire des chaînes 2, 3, 5 etc !
Les journaux recopient ou arrangent ce qu’ils achètent aux agences de presse, lesquelles ne s’écartent pas du rail de la « bonne pensée » ! Et voilà comment l’uniformité partout écrase l’information ! Quand aux subsides versés par l’état avec les fonds publics, c’est la honte du journalisme ! C’est pour cette presse le triste constat de la désaffection du public !
Si les journalistes du JDD (mais sont ce vraiment des journalistes ou des propagandistes ? ) ne sont pas satisfaits ils peuvent aller voir si la prairie d’à coté est plus verte, rien ne les empêche de démissionner et chercher un média plus conforme à leurs idées.
Je suis bien d’accord : des employés qui mettent en péril leur entreprise devraient être licenciés s’ils n’ont pas le courage de leurs convictions.
Tout à fait d’accord aussi ! Voir mon autre commentaire suggérant qu’ils créent leur propre média…
Ce que ces pisse-copie à l’abri au chaud dans leurs rédactions subventionnées ne perçoivent absolument pas, c’est que, bientôt, ils seront grand remplacés par ChatGpt.
Que des journalistes s’opposent à la pluralité des médias, à la liberté d’expression, à la diversité d’opinions, comme c’est le cas de la plupart des journalistes de JDD et de ceux qui les soutiennent a quelque chose de choquant. L’information n’est pas leur priorité, seules comptent pour eux leurs idées, la propagande qu’ils véhiculent et le combat contre les points de vue contraires.