[Point de vue] La République, la République… Et la France, dans tout ça ?

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La manifestation de dimanche dernier a réuni plus de 180.000 personnes dans toute la France, dont 105.000 à Paris. La police, qu'on a connue plus chicanière, est pour une fois assez généreuse sur les chiffres. « Une marée humaine », disent les médias mainstream, qui n'avaient pas eu le même empressement dithyrambique quand un million de personnes avaient défilé contre la dénaturation du mariage en 2013, il y a dix ans déjà. Peu importe : c'est très bien qu'un maximum de gens marchent contre l'antisémitisme, même si cette France-là est tout de même aussi uniformément blanche que la rédaction de Libé et même si cela soulève certaines questions.

Pourquoi la République ? Pourquoi pas la France ?

Chose curieuse, qui est tout sauf un détail : la banderole derrière laquelle, selon la très juste formule de Gabrielle Cluzel, « la SEITA défilait contre le cancer du poumon » en appelait à la République contre l'antisémitisme. Et là, on est obligé de s'arrêter deux secondes. Pourquoi la République ? Pourquoi pas la France ? Le régime issu des horreurs de la Révolution a-t-il à ce point phagocyté notre pays que deux mille ans d'Histoire dussent s'effacer devant deux cents et quelques années de tâtonnements politiques ? La Ve République est le treizième régime français depuis la destitution de Louis XVI. Un peu d'humilité, peut-être ?

Le journaliste Louis de Raguenel rappelait, sur Europe 1, que lorsqu'il était journaliste spécialiste des questions de défense, il avait échangé avec de nombreux militaires. Aucun n'était prêt à mourir pour la République, tous étaient prêts à mourir pour la France, a-t-il expliqué. La République, c'est un mot creux dans la bouche d'un politicien, c'est un élément de langage passé au micro-ondes à chaque prise de parole solennelle. C'est une grille de grouillot fanatique plaquée sur le monde réel, c'est l'administration à la place des gens et les départements à la place des provinces. Il n'y a vraiment pas de quoi être fier. Et au nom de quelles « valeurs de la République » mourrait-on, d'ailleurs ? Ces « valeurs qui nous rassemblent », comme dit le personnel politique, quelles sont-elles ?

Ce qu'ils aimaient, c'était la France, jusqu'à mourir pour elle

Par ailleurs, convoquer la République dans le cadre d'une manifestation contre l'antisémitisme, c'est gonflé. Les vrais résistants à la traque des Juifs, historiquement, n'ont pas été les braves républicains, socialistes notamment, matamores ridicules qui votèrent les pleins pouvoirs à Pétain. Les vrais résistants n'ont pas davantage été les démocrates tièdes, hauts fonctionnaires par exemple (les magistrats, tenez), comme cet immonde procureur Mornet, chasseur de déserteurs en 17, collabo en 40, qui prononça le réquisitoire contre Pétain en 45. Ils ne furent pas, non plus, de la « gauche de la gauche », car ce camp a toujours été celui des fous et des lâches : Doriot le fasciste, Thorez le planqué, L'Humanité titrait en 40 sur la fraternisation avec l'Allemand..

Les vrais résistants, ce sont des rebelles, qui n'aiment pas la République et ses dorures en toc, mais mourront pour la France : ce sont Honoré d'Estienne d'Orves, royaliste, fusillé à cause des communistes ; le colonel de La Rocque, antiparlementaire, mort en déportation ; Loustaunau-Lacau, anticommuniste et hostile à la démocratie, qui mit sur pied le réseau Alliance, le plus grand et le plus ancien réseau de résistance de France (dirigé par une femme, au passage) ; Penfentenyo, héros de Guidel, ministre sous Vichy, emprisonné par les nazis pour son patriotisme. On ne peut pas dire que tous ces héros avaient la République en très haute estime. Ce qu'ils aimaient, c'était la France, jusqu'à mourir ou souffrir pour elle. Aujourd'hui, d'ailleurs, combien de « républicains » osent nommer les raisons pour lesquelles la France bascule dans un antisémitisme généralisé ? Les vraies causes ? Yaël Braun-Pivet « n'en [sait] rien ». Demandez à un Français, pas à un « républicain ». Il saura, lui.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

35 commentaires

  1. A chacun de ses discours, un acteur actuel de la vie politique termine par ces mots :  » et surtout ( bis ) vive la France ». Il semble que la manif’ à Paris a compté plus de monde que ce qui est dit ( chiffre de la Préfecture ; les organisateurs n’ont pas surrenchéris ). Pour beaucoup de gens, il y a coalescence ( de mots ) entre république et France tel une métonymie. La preuve, selon le mot employé, les choses changent. République est le mode d’organisation d’un pays.

  2. « Les vrais résistants n’aiment pas la république et ses dorures » dites vous.
    Ce début de phrase est odieux ou maladroit et la fin de votre phrase est heureusement plus vraie.
    Il y a eu aussi des résistants qui n’aiment pas la royauté (et ses mêmes dorures). La République n’est pas plus dorée que la monarchie. L’amour ou non de la dorure, n’a rien avoir avec le caractère vrai ou faux de la résistance.
    Certains ont peut être résister davantage aux « allemands », d’autres davantage aux « nazis »( les premiers davantage pour la France, les second d’avantage pour la République si je comprends votre esprit). Il me semble qu’il a eu des résistantsqui aimaient la république autant, voir plus, que la France et que cela n’en fait pas pour autant de faux résistants. Les monarchistes n’ont pas le monopole de la Résistance ni de la France durant la guerre 39-45.

  3. Je trouve Mme Braun-Pivet pitoyable. Se réjouir du succès d’une manif quand on a tout fait pour empêcher la participation de ceux qui ne sont pas de votre bord, c’est écœurant.

  4. En effet ces ploucs ne parlent que de la république , c’est quoi la république ? mais dire La France ça leur écorche le museau. Vive La France!

  5. La république est une sorte de logiciel catastrophique qui malheureusement dirige la France. C’est le Windows 1.0 des régimes occidentaux.

  6. Ces fumeuses valeurs de la république personne ne les connait. Celles de la France oui, celle que nos anciens ont gagné sur les champs de bataille , l’honneur, la patrie, l’amour de notre terre ils l’ont défendu bec et ongles. La république peut être éphémère la France est éternelle.

  7. Quand l’on parle de République, par principe il faut systématiquement y accoler « française ». Personnellement, c’est ce que je fais, car boomer de 1951 je n’ai jamais rien connu d’autre.
    En revanche, l’histoire de ma famille paternelle m’a instruit sur les Rois et Empereurs qui ont « fait » la France, et ce qu’elle représente aujourd’hui (malgré tout) dans le monde.
    Le succès d’estime, car 180.000 ce n’est en effet pas un raz-de-marée, et celui de la France quelque peu représentée par des élus de la République, la très grande majorité des « marcheurs » étaient d’abord des français avant d’être des républicains

  8. Je suis royaliste, je suis toujours horrifié quand j’entends parler de la république et de ses valeurs dont j’ignore ce qu’elles représentent. Ils sont fiers de leurs république en oubliant de préciser que, nous en sommes à la cinquième, cinquième fiasco. Vive la France, vive le Roi.

    • Moi aussi, je suis royaliste. Il est vrai que j’ai été élevée avec la détestation de la révolution française et de la terreur de 1793 et suivantes.
      De plus, comme vous, j’ai du mal à comprendre comment et pourquoi « Ils sont fiers de leurs république en oubliant de préciser que, nous en sommes à la cinquième, cinquième fiasco »
      Et oui, « Vive la France, vive le Roi ».

  9. L utilisation du terme république pour désigner la France est fait sciemment. Ça dilue la notion d appartenance à un pays à sa culture à son histoire ça amoindrit jusqu’à l effacement de notre nation. Il faut noter avec quelle facilité les politiques actuels parlent de la république de ses valeurs et jamais ou presque de la France. Pour ma part je suis FRANÇAISE et j exécre ce système gestionnaire inique de mon pays qu est la république.

  10. Excellent article très percutant et plein de justesse ; il serait temps d ‘ appeler un chat un chat ; or , l ‘ appellation
    « France  » a pratiquement disparu de notre environnement médiatique ; certainement une consigne gouvernementale, une de plus …

  11. Les communistes de collabos du 17 juin 40 sont devenus « résistants » le 22 juin sur ordre de Staline lors de l’opération Barbarossa. De Gaulle s’en est servi car comme disait Churchill : « Si le diable décidait d’attaquer Hitler, je me débrouillerais pour avoir un petit mot gentil pour le diable ». La gauche a la collaboration dans le sang, aujourd’hui c’est avec les islamistes.

  12. Les valeurs républicaines, des valeurs qui rassemblent ? Au contraire, ces valeurs, dans la France actuelle, nous divisent. Nous sommes arrivés au bout d’un processus enclenché il y a plusieurs décennies, qui aboutit de fait à une partition de la population. Le « vivre ensemble » s’est effondré comme un décor de théâtre en carton pâte, il ne reste derrière qu’un mur fissuré, décrépit et couvert de tags à la gloire de la « diversité ». La triste comédie est terminée, désormais, place à la tragédie, celle de la France, détestée par certains, accusée de tous les maux par d’autres, ignorée ou méprisée par beaucoup, mais encore soutenue il est vrai par quelques résistants qui y croient encore. Mais après tout ce n’est pas la première fois que cela se produit dans le cours de notre longue et terrible histoire.

  13. Excellente mise au point monsieur Florac. Oui, la République est un mot creux qui ne veut d’autant rien dire qu’en France, la chose du peuple comme l’appelait les Romains est confisquée par un pouvoir qui n’en fait aucun cas.

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