[Point de vue] La République, la République… Et la France, dans tout ça ?

rafael-garcin-1dhPUsm6n2g-unsplash

La manifestation de dimanche dernier a réuni plus de 180.000 personnes dans toute la France, dont 105.000 à Paris. La police, qu'on a connue plus chicanière, est pour une fois assez généreuse sur les chiffres. « Une marée humaine », disent les médias mainstream, qui n'avaient pas eu le même empressement dithyrambique quand un million de personnes avaient défilé contre la dénaturation du mariage en 2013, il y a dix ans déjà. Peu importe : c'est très bien qu'un maximum de gens marchent contre l'antisémitisme, même si cette France-là est tout de même aussi uniformément blanche que la rédaction de Libé et même si cela soulève certaines questions.

Pourquoi la République ? Pourquoi pas la France ?

Chose curieuse, qui est tout sauf un détail : la banderole derrière laquelle, selon la très juste formule de Gabrielle Cluzel, « la SEITA défilait contre le cancer du poumon » en appelait à la République contre l'antisémitisme. Et là, on est obligé de s'arrêter deux secondes. Pourquoi la République ? Pourquoi pas la France ? Le régime issu des horreurs de la Révolution a-t-il à ce point phagocyté notre pays que deux mille ans d'Histoire dussent s'effacer devant deux cents et quelques années de tâtonnements politiques ? La Ve République est le treizième régime français depuis la destitution de Louis XVI. Un peu d'humilité, peut-être ?

Le journaliste Louis de Raguenel rappelait, sur Europe 1, que lorsqu'il était journaliste spécialiste des questions de défense, il avait échangé avec de nombreux militaires. Aucun n'était prêt à mourir pour la République, tous étaient prêts à mourir pour la France, a-t-il expliqué. La République, c'est un mot creux dans la bouche d'un politicien, c'est un élément de langage passé au micro-ondes à chaque prise de parole solennelle. C'est une grille de grouillot fanatique plaquée sur le monde réel, c'est l'administration à la place des gens et les départements à la place des provinces. Il n'y a vraiment pas de quoi être fier. Et au nom de quelles « valeurs de la République » mourrait-on, d'ailleurs ? Ces « valeurs qui nous rassemblent », comme dit le personnel politique, quelles sont-elles ?

Ce qu'ils aimaient, c'était la France, jusqu'à mourir pour elle

Par ailleurs, convoquer la République dans le cadre d'une manifestation contre l'antisémitisme, c'est gonflé. Les vrais résistants à la traque des Juifs, historiquement, n'ont pas été les braves républicains, socialistes notamment, matamores ridicules qui votèrent les pleins pouvoirs à Pétain. Les vrais résistants n'ont pas davantage été les démocrates tièdes, hauts fonctionnaires par exemple (les magistrats, tenez), comme cet immonde procureur Mornet, chasseur de déserteurs en 17, collabo en 40, qui prononça le réquisitoire contre Pétain en 45. Ils ne furent pas, non plus, de la « gauche de la gauche », car ce camp a toujours été celui des fous et des lâches : Doriot le fasciste, Thorez le planqué, L'Humanité titrait en 40 sur la fraternisation avec l'Allemand..

Les vrais résistants, ce sont des rebelles, qui n'aiment pas la République et ses dorures en toc, mais mourront pour la France : ce sont Honoré d'Estienne d'Orves, royaliste, fusillé à cause des communistes ; le colonel de La Rocque, antiparlementaire, mort en déportation ; Loustaunau-Lacau, anticommuniste et hostile à la démocratie, qui mit sur pied le réseau Alliance, le plus grand et le plus ancien réseau de résistance de France (dirigé par une femme, au passage) ; Penfentenyo, héros de Guidel, ministre sous Vichy, emprisonné par les nazis pour son patriotisme. On ne peut pas dire que tous ces héros avaient la République en très haute estime. Ce qu'ils aimaient, c'était la France, jusqu'à mourir ou souffrir pour elle. Aujourd'hui, d'ailleurs, combien de « républicains » osent nommer les raisons pour lesquelles la France bascule dans un antisémitisme généralisé ? Les vraies causes ? Yaël Braun-Pivet « n'en [sait] rien ». Demandez à un Français, pas à un « républicain ». Il saura, lui.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

35 commentaires

  1. Et avant l’emploi omniprésent du mot « république », il y a eu la mode de « l’hexagone » !
    Le mot France écorche la bouche de nos politiciens !

  2. Deja il faut préciser de quelle république on parle, la Corée du Nord , l’Algerie sont des républiques elles n’ont pas les mêmes valeurs. Ensuite parmi les republiques françaises qui se sont succedées désigner le bon numéro. Ceci fait, qui peut me dire ce que sont les valeurs de cette république?

  3. Les valeurs de la république : c’est le droit de l ‘hommisme , les valeurs LGBT et le libre échange avec concurrence non faussée !!

  4. Aujourd’hui ils sont TOUS incapable de dire le mot FRANCE, on dirait que le mot est devenu sulfureux dans leur bouche.
    Ils sont tous des traîtres sans exceptions vis-à-vis de de la France et du peuple français.

  5. Bon article, qui remet les idées en place. La dernière valeur de la République? Le projet d’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution…

  6. « La République, c’est un mot creux dans la bouche d’un politicien, c’est un élément de langage passé au micro-ondes à chaque prise de parole solennelle. » Cet abandon de la France au profit de la république n’est rien d’autre qu’un symptôme de l’influence des Loges sur notre personnel politique. La Franc-Maçonnerie, qui déteste la France mais honore la République, compte combien de ses membres parmi nos ministres et hauts fonctionnaires? Combien de sympathisants non déclarés?

  7. faites le test sur les députés et sénateurs, combien parleront de la France et combien parleront de la République ?
    je pense qu’à peine un quart des 925 élus ne parlera de la France.

  8. Res publica = bien commun. Le bien commun se gère, s’administre, se partage etc. selon un accord de base, généralement sur le mode démocratique mais pas toujours (certains rois de France parlaient du bien de la république).
    Le mot français république signifie simplement que le bien commun (« res ») est administré selon la constitution, laquelle est susceptible de changer et nous le savons ! C’est très bien.

    Or, le mot France va bien au-delà et ce qu’il désigne dépasse largement la notion de res publica. Les administrateurs, bons et mauvais, passent et la France demeure (du moins, je l’espère).

  9. Dans tous ses discours, Macron a remplacé le mot France par le mot République, il y a une raison à cela : c’est que Macron n’aime pas la France , et encore moins les français .

    • Il n’aime pas la France et encore moins les Français. Lui a t’on dit à quel point les Français le détestaient? Il faudrait faire un sondage à ce sujet…

    • La République ils n’ont que cela a la bouche et pour cause cette république qui les nourris grassement de la naissance à leur mort celle qui depuis le 4 aout 1789 date de l’abolition des privilèges s’il en est les maintient dans le faste et lés ors de cette organisation de cooptation politique avec les mêmes privilèges monarchiques près a toutes les traîtrises malfaisantes pour ce maintenir en place

  10. La république! Ils n’ont que ce mot là à la bouche… Ses valeurs étant démocratiques, soi disant, oubliant nombre de démocraties européennes qui sont des royautés constitutionnelles… Oubliant volontairement nos mille ans de régime royaliste, et nos deux régimes impériaux…
    Jusqu’en 1914, cette république était surnommée « la gueuse »… Qui s’en souvient ? Il devait bien y avoir une raison à cette expression, non?
    Ancien militaire, je confirme que l’on peu mourir « pour le succès des armes de la France « , mais certainement pas pour la république. Certains devraient s’en souvenir. C’est ce genre d’erreurs qui les sépare des Français, divise et communautarise, amène la fin d’un régime…

  11. Faut-il à nouveau rappeler que la France fût envahie à de nombreuses reprises depuis la Révolution, ce qu’elle n’avait plus connu depuis Jeanne d’Arc ? Les Républiques n’ont guère profité au Pays !

  12. Bravo, l’église remise au centre du village. Oui, les compatriotes raisonnent en « France » et non en République. Louis de Raguenel le rappelle fort justement. Le terrain s’exprime en opposition à ces ronds-de-cuir méprisants, sortes d’illuminés imbus de leur personne. Ne jamais oublier cette haute réflexion de Macron : « les populistes, ces lépreux » , réflexion que les médias acquis à sa cause se gardent bien de rappeler. Là aussi, une expression du cœur à enfouir sous la consigne « apaiser » !

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois