[Point de vue] Laurence Haïm défendra l’Ukraine jusqu’au dernier de vos enfants

illustration jean ukraine

Parcours exemplaire que celui de Laurence Haïm, autodidacte de l'information : correspondante d'i>Télé aux États-Unis, elle a couvert le 11 septembre 2001, interviewé Obama à plusieurs reprises, présidé l'association de la presse étrangère de la Maison-Blanche. Elle a aussi soutenu Emmanuel Macron, "nouvel Obama", en 2017, puis est retournée au journalisme, ce qui lui a notamment valu de couvrir l'élection présidentielle de 2020.

Interrogée par LCI au sujet de la guerre en Ukraine, Laurence Haïm se demande à voix haute si nous n'aurions pas, nous Français, un peu tendance à nous payer de mots. Soutenir l'Ukraine, OK, dit en gros la journaliste, mais ce n'est pas grand-chose. Elle en arrive à la question cruciale : « Est-ce qu'on est prêt à mourir pour l'Ukraine, est-ce qu'on est prêt à envoyer nos enfants français pour aller se battre en Ukraine ? » Et la réponse tombe, implacable et triste : « Je pense que si vous faites un sondage dans la population française, on aura malheureusement une réponse où la majorité dira vouloir aider mais ne pas aller en guerre. »

Laurence Haïm, comme elle le confie au magazine Elle,, n'a pas d'enfants. C'est un choix qu'elle a fait. Elle vit séparée physiquement de son compagnon. Elle n'a pas été reporter de guerre. Je ne crois pas - mais je m'avance peut-être - qu'elle ait déjà craint pour sa vie. Cela ne l'empêche pas, malgré tout cela, de regretter que nos enfants - puisque, contrairement à Mme Haïm, j'en ai, des enfants, amis lecteurs, et vous aussi probablement - ne soient pas prêts à aller mourir pour l'Ukraine.

Peut-être Laurence Haïm a-t-elle passé trop de temps outre-Atlantique, dans ce pays du kitsch et du catch, où tout est en Technicolor™, même la géopolitique. Des gentils et des méchants, des morceaux de bravoure en carton-pâte et des dialogues téléphonés, des clichés stupides jusque dans les relations entre les gens... Ce n'est pas comme ça en Europe. En Europe, on sait qu'il n'y a pas de gentils dans ce conflit. La Russie est une dictature dirigée par des oligarques assoiffés d'argent ; l'Ukraine, un supermarché de la GPA, un régime corrompu, téléguidé par la CIA. En Europe, on a perdu des millions de papas et des millions de fils pour quelques kilomètres de terre.

Peut-être, également, est-il facile (et très légèrement méprisable) de souhaiter la mort des enfants des autres, pour une cause qui n'est pas liée aux intérêts vitaux de la France, quand on n'en a pas soi-même, et qu'un océan vous sépare du continent européen ? Allez savoir. Aujourd'hui, on n'est plus sûr de rien.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

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