[Point de vue] Les agressions de pharmaciens en hausse : vivement le virtuel !

PHARMACIE

Nouvelle du jour : après les flics, les pompiers, les profs, les maires, les curés, les infirmières…, c’est maintenant au tour des pharmaciens de subir la « décivilisation ».

Selon le dernier bilan du Conseil national de l'Ordre des patrons d’officines, 366 agressions de pharmaciens ont été recensées en 2022. Soit une moyenne d’une agression déclarée par jour, sachant que 44 % des atteintes aux bonnes mœurs pharmaceutiques ne sont pas déclarées du tout. Un peu comme les vols à l’arraché et autres agressions de rue… Il s’agit essentiellement d’agressions verbales, d’injures et insultes, de menaces parfois suivies de passages à l’acte avec violence physique. Une fois sur vingt, dit le rapport, le « client » est armé. La patronne de l’Ordre, Carine Wolf-Thal, dit à France Info : « Il faut afficher une très grande fermeté. La difficulté, c'est de mettre le curseur au bon endroit, c'est-à-dire sécuriser sans bunkériser un peu les officines. » L’un de ses confrères, interrogé lundi au journal de 13 h de France 2, estime pourtant, quant à lui, qu’il faudrait un sas ou quelque chose d’approchant, histoire que le client/patient ne soit pas au contact du pharmacien.

Ce faisant, on (re)découvre des données qui remontent au temps du Covid : les agressions avaient alors « explosé ». C’est curieux, mais je n’ai pas le souvenir qu’on nous ait rebattu les oreilles avec ça. Pourtant, rappelle l’Ordre, les agressions avaient grimpé de 93 % en 2020, soit 600 recensées contre les pharmaciens. De ce fait, certains se réjouissent aujourd’hui de la baisse… sauf qu’il s’agit, en réalité, d’une augmentation de 17 % par rapport aux chiffres de 2019.

Bref, si le Covid n’a pas tué les populations, il les a rendues complètement dingues. Ainsi, dit le rapport de l’Ordre, en 2022, en officine, « les violences verbales et physiques représentent 70 % des déclarations, dont près de 8 % sont encore en lien avec la crise sanitaire (port du masque, vaccination, tests antigéniques) ». L’année précédente, en 2021, « la part des agressions liées au Covid avait atteint 28 % ».

Ah bon, se dit le Français de base, et pourquoi ça ? Sont-ce les queues interminables devant les tentes, sur le trottoir, pour satisfaire à l’obligation de se faire curer le nez jusqu’au cerveau ? À moins que d’aucuns n’aient jalousé l’activité plus que florissante des officines quand les autres étaient cloîtrés entre quatre murs ? Est-ce l’explosion des laboratoires d’analyse qui en a résulté (regardez bien autour de vous, il y en a maintenant à tous les coins de rue) ?

Les violences sont « principalement liées à un refus de dispensation », nous dit-on, et pas seulement pour les ordonnances de Subutex™ ou de sirop à la codéine. Les gens râlent parce que nombre de médicaments classiques ne sont pas disponibles, et dans une société shootée aux pilules, c’est plus grave que de manquer de pain. Alors ? Alors, je vois bien une solution pour remédier à tout cela, et quelque chose me dit qu’on ne va pas tarder à y venir car les sas ne suffiront pas à contrer la décivilisation des masses oisives.

Nous allons nous éviter les uns les autres, tout simplement, pour n’avoir plus que des rapports virtuels. L’école ne se fera plus qu’à distance, par écran interposé ; les consultations médicales se feront dans des cabines gérées par des machines. Et plus besoin de pharmaciens car les prescriptions, passées par la machine, seront comme les courses du quotidien, livrées à la fenêtre par des drones. On regardera les engins bien droit dans l’hélice pour la reconnaissance faciale et notre compte sera automatiquement débité. On pourra alors refermer gentiment la fenêtre et suçoter nos tranquillisants tout en conversant avec ChatGPT…

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

10 commentaires

  1. Un sas ? mais il y a 20 ans que la pharmacie face à l’hôpital de Montfermeil 93 (en territoire islamiste et gitan comme chacun sait) en a un. Allez vérifier. Pas de vitrine en verre mais de solides barreaux de fer et une porte blindée. Un interphone pour entrer dans un espace vide avec un seul comptoir surveillé par 2 caméras. Une sonnette sur le comptoir pour signaler sa présence. Le pharmacien pousse une autre porte blindée, prend l’ordonnance et laisse les clients seuls, le temps de préparer la commande. pas plus de 2 clients à la fois. Il a toujours la queue. Précision : les employés sont asiatiques et se font des cou***es en or. Ici, nécessité fait loi.

  2. … « mettre les curseurs… », et pourquoi pas aider les pharmaciens, et pas seulement eux d’ailleurs, de systèmes de sécurité en contact direct avec la police ?

  3. On en arrive en France à compter les agressions par catégorie professionnelle : toutes les agressions ne devraient-elles pas être traitées comme le cas Trogneux avec un jugement dans les jours qui suivent l’agression et des peines planchers sévères ? Cela en dissuaderait peut-être certains et ralentirait la décivilisation qui gangrène notrepauvre France.

    • Loi sur les agressions : Article 2023 / loi Trogneux.
      Ç’aurait de la gueule et les délinquants feraient une drôle de trogne.
      Et vous avez raison, cette nouvelle loi stopperait net pas mal d’agressions, de viols, de coups de couteau « au niveau du cou ». Mais en haut lieu cela les embêterait bien cette justice pour tous, envers les quidams ordinaires comme avec les « riches ».

  4. Si l’on lit bien entre les lignes de votre article madame Delarue un  » avenir  » bien sombre attend notre jeunesse, n’en rajoutez pas s’il vous plait notre société est bien morose déjà.

  5. Je suis pharmacien en Seine-Saint-Denis et 366 agressions en 2022, c’est une grosse blague, cela doit plutôt représenter le chiffre d’une journée en France. Les agressions verbales sont devenues très courantes et banales en officine, et cela concerne toutes les professions de santé et plus généralement toutes les professions en relation directe avec le public (soignants, enseignants, police, pompiers, commerces, accueil, …) Je rappelle qu’il y a environ 22.000 officines en France. Les difficultés sont nombreuses, mais je dirais que les ruptures de médicaments se passent plutôt bien, les patients sont compréhensifs et savent qu’on fait le maximum pour trouver une solution. Les problèmes peuvent venir de populations à risque (toxicomanes), mais aussi du fait du manque de médecin et de la difficulté à obtenir une consultation. Le pharmacien est directement accessible et sans rendez-vous, c’est donc lui qui est confronté à tous les problèmes, bien avant les urgences hospitalières.

    • Pour vous répondre sur les chiffres, monsieur, sachez que dans mon village de 1200 âmes, la pharmacie n’a jamais subi la moindre agression. Ce qui fait tomber la moyenne nationale. Tout au moins jusqu’à ce que le gouvernement constate cette anomalie, et nous dote généreusement de migrants déplacés, ce qui changera la donne, pour notre petite pharmacie….

      • Il m’est arrivée (remplacement en officine, il y a fort longtemps) de faire face à des « agressions » comme on le dit maintenant.
        Coups de pieds dans la porte lorsque, à 2h du mat, de garde, je n’arrivais pas assez vite pour ouvrir le SAS (heureusement un SAS cela a deux portes!) , agressivités parce que je demandais s’il restait des produits sur une prescription, ou si je n’avais pas la boite de pilules anticonceptionnelle à 5h du matin, parce que madame avait oublié de renouveler son ordonnance…Parfois, lorsque j’avais peur, je demandais à mon époux de descendre avec moi! ET j’en passe.
        A l’époque, comme aujourd’hui, pour ce genre de « trucs », ni moi ni les autres faisaient remonter ou portaient plainte! Maintenant, je connais les enfants de mes amis qui travaillent en officine, une génération d’écart, donc avec mon expérience : ils me disent qu’ils vivent la même chose que j’ai vécu (momentanément, ce n’est pas mon métier d’origine) en pire. Et ils ne portent pas plainte!

  6. À quoi servent les pharmacies s’il n’y a plus de médicaments ? À quoi sert Macron s’il n’y a pas de réindustrialisation de la production chimique et pharmaceutique ?…
    Dans le genre ‘la bouse ou la vie ! », ce sera « L’ivermectine ou la vie ! », « Les préservatifs ou la vie ! », non, je rigole, Macron les a rendus gratuits…

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