[POINT DE VUE] Les chefs militaires français et britannique au chevet de Zelensky

La visite des chefs d’état-major français et britannique en Ukraine relance les interrogations sur notre rôle.
Capture d'écran X
Capture d'écran X

Le chef d’état-major des armées françaises, le général Thierry Burkhard, vient de publier, sur X, un compte rendu de sa visite au président ukrainien Zelensky. Il s’est rendu en Ukraine en compagnie de son homologue britannique, l’amiral Sir Tony Radakin, pour s’y entretenir de trois sujets, qu’il résume ainsi : « 1/ Maintien d'un soutien déterminé à l'armée ukrainienne lui permettant de poursuivre le combat. 2/ Définir une stratégie de long terme de reconstruction et de transformation du modèle d’armée ukrainien, première garantie de sécurité de ce pays. 3/ Échanger sur les options de réassurance développées par la France et le Royaume-Uni au sein d’une coalition internationale pour appuyer l’Ukraine dès la mise en œuvre du cessez-le-feu. » Trois axes reprennent les annonces faites par Emmanuel Macron, le 27 mars dernier, lors du sommet pour la paix organisé à Paris. C’est l’occasion de se demander, trois ans après le début de la guerre en Ukraine, non pas où en sont les Ukrainiens, mais où nous en sommes, nous, Français, sur cet échiquier mobile.

 

Beaucoup de Français ont commencé par croire, grâce à des ministres bavards et à des médias partiaux, que l’Ukraine allait gagner. D’abord, sa défense était foudroyante et son président courageux : ça, c’était objectivement vrai. Ensuite, les sanctions allaient mettre « l’économie russe à genoux » et la contre-offensive ukrainienne allait tout régler : ça, c’était objectivement faux. Et puis, petit à petit, on a fini par se mettre d’accord sur des demi-vérités. Pendant ce temps, on a vu et entendu des hystériques dans les deux camps.

La visite des chefs d’état-major français et britannique, qui ont rencontré leur homologue ukrainien, relance les interrogations sur notre rôle à nous, Européens, dans une guerre qui, à ce jour, ne menace pas un membre de l’OTAN et dont les Américains n’ont pas envie de s’occuper. Elle interroge aussi sur la légitimité de l’Union européenne, dont le Royaume-Uni ne fait plus partie mais qui détient la seule autre armée du continent (à part la nôtre) capable d’un engagement de cette envergure. Si l’on détaille les trois points soulevés par le général français, on s’aperçoit qu’il ne s’agit plus seulement de donner des canons CAESAr ni des munitions, mais de bâtir une stratégie de long terme. C’est beaucoup plus intelligent et ambitieux : au lieu de fournir des moyens et de risquer d’être cobelligérants, nous allons, si on comprend bien, attendre un cessez-le-feu négocié avant d’aider les Ukrainiens à reconstruire leur armée, puis, en tant que nation-cadre au sein d’une coalition internationale, nous assurer du respect de l’accord conclu, probablement dans une version rénovée des séniles Nations unies. Maintenant, rappelons tout de même que Poutine a exclu tout déploiement de militaires de l’OTAN en Ukraine.

On pourra toujours critiquer, d’un côté ou de l’autre, le soutien que les pays d’Europe accordent à l’Ukraine : trop ou pas assez. Il n’en demeure pas moins que la recomposition du monde, singulièrement depuis l’élection de Trump, rebat les cartes et offre à la France l’occasion de reprendre une place de choix, sans commune mesure avec sa déliquescence intérieure et diplomatique, sur la scène mondiale. Elle peut compter, pour cela, sur une armée dont les options semblent pragmatiques et sur une coopération franco-britannique renouvelée de l’Entente cordiale. Au fond, ce n’est pas une mauvaise nouvelle. Maintenant, reste à attendre le cessez-le-feu qui se décidera ailleurs...

 

 

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Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

112 commentaires

  1. Tant que ces «  spécialistes « de la chose militaire feront semblant de s’y connaître , nous continuerons à faire semblant de nous y intéresser …..Quelques chiffres parus dans la Presse étrangère , l’offensive des troupes russes dans les régions de kourks et Sudja ont coûté en quelques jours des milliers de soldats ukrainiens, morts ou blessés , et côté russe , ça doit peut-être être moindre , quoique … Bref , l’armée de terre Francaise c’est 80 000 hommes service et administratif compris, certains traduisent par 30 à 35000 combattants opérationnels
    Et malgré leur courage et bonne volonté pour beaucoup d’entre eux il leur manquera toujours ce que les Russes et ukrainiens ont acquis durant cette guerre depuis 2 ans , à savoir l’expérience , la résilience et la rusticité pour survivre dans les plaines , la boue et les conditions effroyables du terrain en Ukraine …Les grands chefs indien a 5 plumes des EM français sont parfaitement au courant mais comme ils se sont auto-affranchis de cette expérience future désagréable sur le terrain , ils n’ont aucune raison de faire baisser la tension et de raisonner en «  bons pères de famille «  Tant que l’arrière tient , le moral des combattant au front est sauvegardé

  2. Je suis inquiet : à partir de quand ou quoi Poutine pourrait considérer notre attitude comme
    une déclaration de guerre? Et tout cela pourquoi ? L’Ukraine est déjà vaincue.
    Nos pauvres politicards seront contents quand Paris, Berlin… et leurs habitants seront transformés en chaleur et lumière, ou quoi?

    • Je ne pense pas que ça aille jusque là, encore que cela reste possible.
      Par contre, leur but sera sans doute atteint et « ils » seront satisfaits lorsqu’ils auront réduit les restes de la France à la mendicité et qu’ils auront fait des Français des traine-savates taillables et corvéables à merci !
      Et cela, c’est bel et bien en cours.

    • Excellent cette lucidité vous honore !! les français ont oublié que dans les bataillons ss allemands et notamment dans celui d’Oradour qui en faisaient parti ?? et pourquoi les rues de Kiev restent au nom de leurs plus grands chefs nazis ? Vérifiez !! il faut dire qu’entre un pantin de théatre et un animateur de music hall le courant passe !!!

  3. Inutile de faire semblant Zelenski c’est fini, au lieu de parler guerre et de jeter notre argent par les fenêtres, d’accord pour ça Macron est un champion, il vaudrait mieux préparer une paix honorable et placer quelques pions pour profiter de quelques miettes pour la reconstruction de l’Ukraine qui nous a couté cher entre autre l’inflation, l’augmentation des matières premières, de l’énergie etc etc, belle réussite. Enfin Macron se donne de l’importance, c’est bien le seul d’ailleurs qui lui en donne en dépit de toute se gesticulation.

  4. Ces pantomimes ne sont pas raisonnables : sans effet sur le processus de paix. La poursuite du soutien à l’Ukraine coûtera cher et nous éloignera davantage encore de la Russie qui devrait être notre alliée comme le commandent l’histoire, la géographie et notre intérêt.

  5. La france possède l’équivalant de trois jours de matériels militaire pour faire la guerre …!
    D’une autre part, faisant malgré tout parti de l’OTAN…, nous n’avons AUCUNE …liberté de décider quoi que ce soit sans l’aval U.S.

  6. Votre conclusion, monsieur Florac, semble oublier le premier point: « Maintien d’un soutien déterminé à l’armée ukrainienne lui permettant de poursuivre le combat. », ce qui démontrerait plutôt que nous serions vu par la Fédération de Russie comme cobelligérants. En avons nous les moyens quand sort une étude sénatoriale pointant les difficultés de recrutement dans nos armées ne comblant même pas les défections. Un peu de sérieux obligerait primo à ne pas se déguiser en guerrier de salon et surtout à exposer au chef des Armées qu’il faut faire preuve de réalisme.

  7. « Maintien d’un soutien déterminé à l’armée ukrainienne lui permettant de poursuivre le combat » je n’appelle pas cela attendre le cessez le feu ! Quand est-ce que nos généraux et dirigeants arrêteront ils de jouer à la game boy ? En 2022 l’EU et les UE ont dissuadé Zelensky d’accepter le cessez le feu résultat : KO sur toute la longueur et la population ukrainienne réduite de moitié : exil, désertion, morts… Honte aux va t’en guerre !

  8. Inadmissible et incongru, le seul rôle dévolu par la loi au Chef d’état-major des Armées est de préparer les armées françaises à la défense du territoire national, de ses intérêts et des Français, pas d’aller dilapider nos dotations militaires et de faire un rond de jambe ridicule et inutile dans un pays qui nous est totalement étranger et dans lequel nous n’avons aucuns intérêts, de plus la France n’a pas à permettre aussi peu soit-il de continuer ce conflit qui fait tous les jours des milliers de morts. Une fois de plus, il s’agit en l’espèce d’une macronerie morbide et inconsciente qui fait honte au glorieux passé de notre nation.

  9. « Les chefs militaires français et britannique au chevet de Zelensky »
    Et ils n’ont pas honte de soutenir un type qui ne respecte pas les trêves.
    Pas plus les traités de Minsk que la trêve de 30 jours avec le non bombardement des places énergétiques, trêve que la Russie respecte bien sûr, Russie qui se fait avoir là encore comme elle l’a été avec les traités de Minsk!

    Lamentable!

    • Ces chers anglais , je me rappelle ce que mon père me racontait sur leur attitude lors de Naufrages de bâteaux français lors de la guerre de Norvège dans les années 40, ils se barraient sans récupérer les marins français !! la seule chose qu’ils savent faire c’est jouer en pays conquis en Nouvelle Aquitaine et profiter des avantages sociaux français, pour certains, aucun état d’âme !!!

  10. Une coalition internationale et Poutine qui ne veut pas de l’OTAN. Et bien il y a une solution, puisque Donald nous menace de quitter l’OTAN si nous ne nos armons pas plus que de coutume. Une nouvelle organisation, sans les USA mais avec le RU et son Canada et on ajoute aussi le Groenland du Danemark qui part vers les USA l’air de rien…Quant à la Turquie, pas d’idée, les médias sont muets en ce moment, vous l’aurez remarqué.Comme il n’y a plus d’OTAN son siège reste où il est avec un autre nom et le « SHAPE » que plus personne ne connait et ne sait où il se trouve, prend aussi un autre nom et reste près de Mons-en Hainaut, sans les Américains.

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