[Point de vue] Les diplômes ont-ils encore de la valeur ?
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Le diplôme est devenu un produit de consommation. Notre société moderne tend à vouloir diplômer le plus d’individus possible. Avec un taux de réussite supérieur à 91 % au baccalauréat, notre système scolaire encourage les jeunes à faire des études. L’économie française est axée sur le tertiaire et les titres scolaires semblent être les seuls passes pour accéder à un travail de bureau reconnu.
Dans beaucoup de familles, les grandes études pour les enfants sont devenues une fin en soi. Or, tous ne sont pas taillés pour la course intellectuelle. N’est-il pas paradoxal de poursuivre des études dès lors que l’on n’aime pas lire ? Auparavant, les diplômes conjuguaient valeurs morale et technique à leurs titulaires. Avec leur généralisation, il apparaît qu’intelligence, capacité de réflexion et niveau de diplômes sont démembrés.
Le parcours scolaire est un état d’esprit : travail, rigueur, méthode. De plus, faire des études nécessite de se cultiver. Or, une partie de la nouvelle génération de jeunes diplômés pèche par inculture et manque de bases ! C’est inquiétant pour le monde professionnel. Comment savoir si la personne que l’on recrute a le niveau requis si le diplôme qu’elle présente n’a aucune valeur réelle ?
Le grade perd son ADN. Il se vide de sa substance, n’est plus toujours un gage de capacité, de connaissance, de culture, de bonnes manières ni de relationnel social. C’est un papier cartonné, acheté dans une école. En conséquence, plus il y a de diplômés, moins les diplômes ont de valeur.
Le principal souci est le manque de sélection stricte pour l’obtention d’un diplôme. Les responsables en sont les écoles qui choisissent la facilité, refusent le redoublement des mauvais élèves ou recrutent sans critère de sélection. Un diplôme doit se mériter et ne peut pas être accessible simplement à la personne qui le paie. Exemple : Google propose des certifications gratuites en cliquant sur « suivant » ! Il n’y aucun contrôle et aucun examen ne sanctionne l'acquisition de connaissances.
On crée ainsi des machines à délivrer des diplômes à des gens qui n’en ont pas les capacités ou les compétences. Où sont passés les gardiens du temple qui jugeaient en leur âme et conscience si les épreuves qu’ils organisent ou corrigent méritent l’obtention de tel ou tel diplôme ? L’étudiant est désormais un consommateur qui paye pour l’obtention d’un grade et son école ne veut pas se voir afficher un mauvais avis sur Google par un élève client frustré ! Les responsables pédagogiques n’osent plus dire non. Certaines écoles proposent même jusqu’à trois rattrapages et demandent aux professeurs un taux de 100 % de réussite.
Des écoles de management accueillent en Master 2 des étudiants qui sortent d’un bac professionnel et qui ne savent pas écrire une ligne sans faute d’orthographe. Aujourd'hui, des écoles de commerce m'invitent à présider des jurys de grand oraux d’école de management. Constatations affligeantes : 90 % des étudiants sont incapables de rédiger correctement en français. Fautes d’orthographe, de grammaire, de syntaxe ponctuent des phrases incompréhensibles. Que s’est-il passé au collège ? Où sont les bases ?
Tout le monde n’a pas vocation à faire des études : être un intellectuel est aussi un état d’esprit. Si la lecture ou l’analyse ennuie, à quoi bon faire des études et rester assis sur une chaise scolaire ?
L’explication primitive à cette situation vient du fait que dès l’école primaire et le collège, la mixité sociale et l’intégration créent des défis compliqués pour l’Éducation nationale. Lorsque plus de la moitié de la classe ne parle pas bien le français, il est quasi impossible de valider les acquis demandés par les programmes.
Dès lors, dans le cadre de ce raisonnement, il faut admettre que ce sont les grandes écoles, sélectives à leur entrée, qui rassurent. Tout comme les universités, elles restent, finalement, les derniers garants de la délivrance de diplômes authentiques et valeureux, gage d'étudiants brillants et méritants. Moins de 5 % des écoles du supérieur sont aujourd’hui capables de délivrer un diplôme fondé sur la méritocratie et des examens stricts, exigeants et anonymes.
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30 commentaires
J’ai quitté la France après Mai-68. Mon fils, banquier, a fait ses études en Suisse, au Brésil et aux USA. Ma fille, médecin, a étudié en Suisse et aux USA. Tous les deux sont parfaits polyglottes; Français, Allemand, Anglais, Español, Portugais.
Il fut un temps ou le diplôme n’avait que peu de valeur: seule comptait l’efficacité !
Maintenant les postes sont tenus par des nuls bien diplômés…
On voit le résultat : pléthore d’administratifs, chômage, importations à gogo ! ! !
Je suis un vieux c** de 78 ans; Diplôme BEPC… 19 ans ouvrier, 20 ans employé de bureau, 23 ans technicien, 27 ans chef de fabrication, 30 ans directeur, 46 ans ingénieur conseil et, en parallèle enseignant en IUT, 49 ans idem mais maître de conférence associé…..
Maintenant ce parcours est IMPOSSIBLE ! ! !
Comme on me le réplique, nous faisons partie d’un autre âge, à quoi sert d’apprendre puisque ce sont les robots qui font le travail. Balayeur n’est plus un métier, seul celui de frimeur à la tête vide attire les foules. Content d’avoir l’âge que j’ai!
Quelques fois j’ai été surprise de constater que des jeunes avec des masters 2 avaient de fortes lacunes sur des sujets basiques qui leur manqueront tout le long de leur vie.
Non, les diplômes n’ont plus de valeur.
Le BAC est donné à tous par exemple.
De plus, lorsque l’on voit que certains diplômés du temps où les diplômes avaient de la valeur, car basés sur la preuve de vraies connaissances ne sont plus reconnus mais révoqués, emprisonnés, suspendus (on l’a vu lors de la pandémie de covidémence) , eh bien je me pose des questions!
Je suis en désaccord avec la fin du texte. Aucune école, aussi grande soit-elle, ne délivre aujourd’hui un diplôme digne de ce nom. En effet, pour qu’il y ait un sommet à une pyramide, il lui faut une base. Cette dernière faisant défaut…
Tout à fait d’accord.
Il suffit de mettre ces « diplômés » au travail pour le démontrer. Illusionniste baratineur le seul diplôme qui aujourd’hui, ait de la valeur.
Combien de jeunes diplômés ( entre 22 et 30 ans ) et qui se retrouve à presque 45 ou 50 ne trouvent pas de travail malgré des doctorats , des master , des BTS ?
Ils se sont retrouvés à être profs dans des collèges comme contractuels , pour les filles beaucoup se retrouvent auxiliaires de vie , vendeuses …. c’est à dire des diplômes pour des emplois mal payés qui ne leur permettent pas de vivre de façon normale ( à peine peuvent ils ( elles ) payer un petit loyer ) !!!
Ma fille qui est prof d’histoire géo se fait mal voir et réprimander d’une manière permanente par le « système » et les collègues pas très courageux, pour l’intégration, la non discrimination …..car elle donne des notes de 12 maximum et à son avis, notes qui sont déjà surévaluées alors que ces collègues descendent jamais en dessous de 14 !!!! De toute façon toutes les notes sont surévaluées par le « système » après…..Pour faire bien ….. On les meilleurs dans la médiocrité, cela est une chose sûre et certaine !!!!!
« Comment savoir si la personne que l’on recrute a le niveau requis… » Les stages, périodes d’essai et autres CDD sont autant de moyens de vérifier ce qu’il en est. Par ailleurs, partant d’un postulat de base que la probabilité de tomber sur un incapable ou incompétent est la plus élevée, les entreprises mettent en place beaucoup plus de suivis et de moyens de vérification qu’à l’époque où les diplômes avaient encore de la valeur. La sélection est toujours bien présente mais ce dont désormais les employeurs qui la font. La désastreuse conséquence de cette situation c’est que des tas de jeunes diplômés, mais sans valeur sur le marché du travail, ne comprennent pas pourquoi personne ne veut d’eux malgré leur niveau d’études.
Merci pour cet excellent constat .
Article qui mérite une mention spéciale avec félicitations du jury !! Tout es dit et ça fait peur aussi. A quand une remise à niveau de nos enfants et petits enfants !!!
Qui peut souhaiter une remise à niveau? Certainement pas les politiques, car aussi peu instruits, mais conscients qu’il vaut mieux diriger des cerveaux vides que pleins.
En 1954, j’étais l’unique mention très bien du baccalauréat scientifique au lycée Henri IV à Paris, avec une moyenne très légèrement supérieure à 16/20. Aujourd’hui, les mentions très bien se comptent par milliers et les moyennes dépassent 20/20. La France est sans doute devenue géniale. Lorsqu’on observe nos énarques, et surtout nos diplômés de Sciences politiques, on n’en a pourtant pas l’impression.
Avaient-ils tant de valeurs que ça auparavant ? Relire Pascal, Renan et Bloch…Ce qui comte c’est la valeur de l’homme et la qualité de ses résultat : ce n’est pas le diplôme qui fait l’homme , c’est l’homme qui fait le diplôme ! Des titulaires de diplômes prestigieux ( X, ENA etc) ont magnifiquement réussi des fiascos historiques…Pourquoi ? Bien sûr désormais il y a un autres problème : les écoles petites oui grandes ne donnent plus les bases : lire écrire, et surtout raisonner ( 1 prof de fac).
Les écoles delivraient un savoir dont les diplômes assuraient qu’il avait bel et bien été acquis. Ce que les diplômés faisaient ensuite de ce savoir dépendait de la personnalité de chacun. Culture et savoir ne suffisent pas à faire la valeur d’un individu mais ça fait défaut quand on remet des diplômes à des ignorants, aussi intelligents soient-ils.
Avoir des outils c’est bien, mais savoir s’en servir c’est ce qui fait un bon(ne) professionnel(le).
»Ce que les diplômés faisaient ensuite de ce savoir dépendait de la personnalité de chacun ». C’est bien ça le problème dénoncé par les plus grands intellectuels. Il faut aussi apprendre à raisonner ; savoir ne suffit pas et l’école, ni la Fac ne le font. ça donne des Gamelin, Joffre, Nivelle etc
Tout à fait vrai
exact : j’ai un oncle sorti major de polytechnique en 1948 qui a végété après reprise de l’entreprise de travaux publics de son père disparu dans les camps nazis, a fait faillite en construisant des lotissements de pavillons individuels, et finalement s’est contenté de cultiver son (grand: 1 hectare en bourgogne..) potager, drapé dans son écharpe à la Chateaubriant , et s’autoproclamant philosophe..
En ce qui concerne la médecine, je peux rassurer le lecteur, pour avoir enseigné pendant plus de 30 ans, je n’ai jamais mis une note non méritée, et dans les jury de concours, il n’y a jamais eu de laxisme dans les jury où je me suis trouvé ou que j’ai présidés, mais je reconnais qu’un diplome de Sorbonne lettre à ce jour ne vaut pas plus que le papier sur lequel il est imprimé.
Hélas, je puis vous dire que cela a bien changé.
Formatrice (formation continue) en milieu hospitalier et EHPAD , j’ai été sidérée de voir la baisse de niveau de connaissance du personnel, médecins compris (sans généraliser, bien sûr, heureusement qu’il y a de bons éléments, tous âges confondus)
les bons éléments se font de plus en plus rare malheureusement.
L’explication vient aussi du fait qu’après mai 68, au nom de l’égalité des chances, l’apprentissage et les travaux manuels ont été systématiquement dénigrés souvent par les enseignants eux-mêmes.
J’ai personnellement cessé de participer à des jurys d’écoles connues car, quand j’estimais qu’un élève n’avait pas le niveau, cela tournait au drame, voire aux sous entendus peu flatteurs.
Il fallait que toutes les places ouvertes au concours soient attribuées et j’estimais d’une part que le niveau des candidats était faible et d’autre part que l’effort financier n’était pas justifié. Bref l’école les volait.