[Point de vue] L’urgence du bien commun (1/2)

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Dans le contexte politique actuel en France, la notion chrétienne de bien commun peut apporter une contribution spécifique à la réflexion sur les défis auxquels est confrontée la société. La tradition chrétienne met l'accent sur des valeurs qui peuvent être mobilisées pour redonner du sens à cette notion. En tant que principe fondamental de la doctrine sociale de l'Église catholique, le bien commun représente l'ensemble des conditions sociales qui permettent aux individus de s'épanouir pleinement, en harmonie avec leur environnement et leur communauté.

Il est, par ailleurs, important de rappeler que le bien commun a souvent été confondu avec l'intérêt général. Pourtant, ces deux termes ont des significations bien distinctes. Alors que l'intérêt général représente les intérêts communs de la société dans son ensemble, le bien commun implique une prise en compte des besoins et des aspirations de chaque individu au sein de la communauté. Dans le domaine politique, le bien commun est donc essentiel pour garantir une société juste et équitable. En effet, il permet de ne pas sacrifier les intérêts des plus faibles ou des minorités au profit d'une vision purement utilitariste de l'intérêt général.

L'urgence est donc le retour du bien commun dans la vie politique française. En effet, dans un contexte marqué par la montée du wokisme, l'individualisme et la polarisation de la société, le bien commun peut constituer un élément clé pour répondre aux défis actuels et construire une société plus juste et plus solidaire.

La tradition chrétienne du bien commun

Le bien commun trouve ses racines dans la tradition théologique chrétienne, qui a influencé la pensée politique et sociale de l'Occident pendant des siècles. Saint Thomas d'Aquin, l'un des penseurs les plus importants de cette tradition, a développé une théorie qui repose sur l'idée que l'homme est un être social et que sa nature le pousse à vivre en communauté avec les autres. Selon lui, le bien commun représente l'ensemble des conditions sociales qui permettent aux individus de réaliser leur vocation naturelle, c'est-à-dire de vivre en harmonie avec leur environnement et leur communauté. Ainsi, la notion de bien commun est indissociable de la tradition chrétienne, qui en a élaboré les principes fondamentaux et qui continue à la développer dans le contexte actuel.

Partant de la théorie de saint Thomas d’Aquin, les principes fondamentaux du bien commun résident donc dans la dignité de la personne humaine, la solidarité, la subsidiarité, la justice sociale et le bien-être collectif. La dignité, qui est au cœur de la doctrine sociale de l'Église catholique, implique le respect de chaque individu quelles que soient ses origines, sa culture ou sa condition sociale. La solidarité, quant à elle, implique l'engagement de chaque membre de la société envers les autres, en vue du bien commun. La subsidiarité, qui est un principe de gouvernance, implique que les décisions doivent être prises au niveau le plus proche possible des personnes concernées, afin de favoriser leur participation active à la vie de la communauté. La justice sociale, enfin, implique la reconnaissance des droits et des devoirs de chacun, ainsi que la recherche d'un équilibre entre les différentes dimensions de la vie sociale, économique et politique. La notion de bien commun repose donc sur des principes éthiques et moraux.

La crise du bien commun en France

Au fil des décennies, la notion chrétienne de bien commun a perdu de son sens, dans la vie politique française. La montée de l'individualisme et du libéralisme économique à outrance a mis l'accent sur les droits individuels au détriment du bien-être collectif, tandis que la laïcisation de la société a contribué à la marginalisation de la pensée chrétienne dans le débat public. La politique française s'est ainsi éloignée des principes éthiques et moraux qui sous-tendent la notion de bien commun et a privilégié une approche technocratique de la gouvernance, centrée sur l'efficacité et l'utilité à court terme. En conséquence, la société française connaît des crises profondes, comme la montée des inégalités sociales et une volonté de déconstruire l’identité. Face à ces défis, le bien commun peut constituer une alternative pertinente en replaçant la dignité de la personne humaine et la solidarité au cœur du débat public.

À suivre...

Pierre-Louis Delauney
Pierre-Louis Delauney
Président de Mission Bien Commun (laboratoire d'idées pour une vision et une pratique chrétienne de la politique)

Vos commentaires

10 commentaires

  1. @Ejalladeau
    Il n’y pas de paix sociale possible sans justice. Cette justice est un éléments essentiel du bien commun et n’a rien à voir avec la satisfaction de revendications individualistes. En fait, le bien commun ne s’oppose pas à l’intérêt général mais voit et va plus loin.

    • Le mieux ne s’oppose pas au bien, non plus.
      Mais il faut garder à l’ esprit que le mieux est l’ennemi du bien. Préservons l’intérêt général ( le bien ) avant tout , plutôt que de commencer par chercher à faire mieux. il y a urgence.

  2. Un retour au bon sens bien nécessaire, face au wokisme et à l’amoralité de la société, avant tout d’une ignorance crasse, face à la spiritualité et à l’espérance chrétienne.

  3. J’ai hâte de lire la seconde partie. Un article complet, même plus long à lire aurait été, pour moi plus intéressant.

  4. Il en va de même pour le Droit. Selon Christine KELLY, « le Droit est l’ensemble des conditions qui permettent à la liberté de chacun de s’accorder à la liberté de tous ».

  5. Sans avoir besoin d’introduire la religion dans la discussion , le bien commun c’est le travail qui est demandé aux élus de tout bord . Faire leur travail , une bonne gestion du pays . On en est loin. Qu’attend-on pour destituer Macron et changer de gouvernement dans sa totalité ?..

  6. Peut-être que la France se réveillera et comprendra que le Sacré tel qu’une musulmane Sonia Mabrouk en parle, devrait faire réfléchir notre population. Nous ne sommes pas à l’Inquisition, l’Eglise s’est peut-être trop dévoyée en voulant suivre des mœurs immorales. Qu’elle reviennent sur des fondamentaux humanistes, mais sans pour autant dériver vers l’immoralité. La famille est le socle de la Société, c’est elle qui avec l’enseignement consolident nos jeunes vers l’espérance dans notre Société.

  7. Vous dites que l’urgence est le retour du bien commun dans la politique.

    Je n’ ai pas ce sentiment. La gauche, avec sa vision avant tout égalitaire, voir communiste , ne cesse de dominer notre vie politique et notamment dans le partage du pays avec les migrants . Ce partage est en effet très chrétien (et on ne voit pas le même accueil de réfugiés en pays de culture musulmane par exemple).
    Mais l’ urgence actuelle me semble plutôt à la sauvegarde de l’ intérêt général quitte à mettre de côté un moment l’ égalitarisme.

  8. Le bien commun qui signifie la prise en compte des intérêts particuliers correspond à la somme des individualismes.
    L’intérêt général oblige les individus à effacer leurs désirs egoistes devant l’obligation commune, de faire des concessions pour avancer ensemble. La survie de nos sociétés est à ce prix.
    Sinon comment expliquer le développement des religions exigeantes alors que le notre, laxiste, s’efface lentement dans la jeunesse ?
    Le plus dur pour les générations à venir sera de gérer les frustrations.

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