[POINT DE VUE] Macron chez les aviateurs : du grand spectacle !

Le message sous-jacent derrière toute cette agitation, c’est que la France est prête et qu’elle ne rigole pas.
Capture d'écran X
Capture d'écran X

Il nous a refait le coup. Posture de chef de guerre, entouré de militaires en uniforme, avec ce timbre ridiculement grave de théâtreux de seconde zone - sa « voix de commandement », probablement. Emmanuel Macron était, le 18 mars, en visite officielle à la base aérienne de Luxeuil (Haute-Saône), un lieu pas très glamour mais qui fut longtemps stratégique, puisqu’il abrite une base aérienne que l’on annonçait, jusqu’ici, en phase de démembrement. Jusqu’ici, car le déplacement du chef de l’État avait pour but d’annoncer la remontée en puissance de la base qui deviendra, à l’horizon 2035, la quatrième base aérienne à vocation nucléaire (BAVN) de France, puisqu’elle devrait accueillir, à terme, deux escadrons d’avions Rafale équipés de bombes atomiques.

Cette action de réarmement, anticipée par Sébastien Lecornu (qui fait, décidément, un ministre des Armées plutôt convaincant) mais jusqu’ici pas encore validée officiellement, s’inscrit dans un contexte évidemment plus large : foutre les chocottes à la Russie. Ne riez pas. C’est bien de cela qu’il s’agit. Les États-Unis (comme l'évoquait, ce 19 mars, le journal La Libre Belgique) pourraient laisser tomber le poste de commandant suprême des troupes de l’OTAN en Europe (SACEUR) pour le confier à un pays d’Europe. Seule la France paraît de taille à relever le gant, pour le moment. Évidemment, il y aura deux ou trois petits problèmes à régler, car l’armée américaine se retirera mécaniquement, puisqu’elle ne met pas ses soldats au service d’un général étranger (contrairement à nous) et que le volume des troupes de l’OTAN risque de ne plus être tout à fait le même après cette petite passation de témoin. Mais peu importe : le message sous-jacent derrière toute cette agitation, c’est que la France est prête et qu’elle ne rigole pas.

Sur la vidéo publiée par le Président sur son compte X, tous les codes du blockbuster sont là : drapeaux flottant au vent, avions devant les hangars, pilotes au garde-à-vous, et notre bon maître, debout sur une espèce de caisse à savon, comme Patton ou MacArthur, en train de haranguer ses troupes. On ne sait pas qui s’occupe de la com', à l’Élysée, mais il date un petit peu. Bon, et le contenu du message, alors ? D’abord, un petit rappel historique : « Nous savons dans notre histoire et dans notre géographie, en particulier ici, ce qu’être occupé signifie. » Effectivement, l'est de la France a payé le prix du sang pour être libre. Décidément, cet homme sait parler aux « territoires »… Et puis ce petit mot sur la formation des pilotes ukrainiens : « Nous continuerons de soutenir l’Ukraine. » Au moins, les choses sont claires. Que les États-Unis se retirent ou non, la France (mais au sein de l’UE, évidemment) continuera d’aider l’Ukraine - un pays qui se prépare à signer, sinon la paix, tout du moins une trêve, sous la houlette de Donald Trump.

Deux conclusions contradictoires peuvent être tirées de cette mise en scène, dont l’aspect grotesque, à l’aune du règne de Macron, est anecdotique. D’abord, c’est très bien que la France se réarme, notamment dans le domaine de la dissuasion (cette dissuasion que Macron, quand il bossait pour Attali, avait proposé de supprimer). Ensuite, c’est inquiétant qu’elle s’entête à faire une guerre dont même les Ukrainiens ne veulent plus. Renforcement régalien et idéalisme échevelé : toute la Macronie de long terme est dans cet écartèlement de l’en même temps. Dieu seul sait ou ça nous mènera.

 

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Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

106 commentaires

  1. c’est un clown triste entouré d’une équipe de saltimbanques à l’Elysée ! hélas, il ne nous fait plus rire depuis trop longtemps alors svp … rideau !!!! quel spectacle pitoyable sur cette image. et si les militaires pouvaient s’exprimer …. je vous laisse deviner la suite …

  2. Macron n’aurait-il pas encore une idée machiavélique derrière la tête : lancer une guerre impliquant la France en premier lieu, qui, si elle dure, lui permettrait à coup sûr de rester à la tête de l’état au-delà de 2027 ?

  3. Ca me rappelle un livre de mon adolescence sur les Aviateurs , « Le Grand Cirque  » de Pierre Closterman…magnifique de courage des aviateurs durant la guerre.;;Le livre date de 2iem trimestre 1948 Flamarion 800 Francs (anciens evidemment) . Merci « president guerre des boutons », de m’avoir fait remonter ces souvenirs a partir de vos élucubrations…

  4. Finalement on sait qu’il a la trouille. Il a fait revenir Dominique Voynet juste pour nous faire rappeler qu’il était dans le régiment des Verts anti nucléaires. Donc sa troupe de l’Élysée a imaginé un livret, non pas militaire, mais pour 3 jours de plus à vivre. Il ne se rend même pas compte qu’il est à peine au niveau d’un pitchoun de maternelle. Dans 2 ans, nous le nommerons Cuistre 1er le Débatteur.

  5. Ce Macron, il a un petit cote BHL. En plus avant d’arriver au niveau des Russes sur le plan militaire il lui faudra 1000 ans…il a plus de sous, il est détesté, seul Zelensky veut encore lui parler, d’ailleurs d’après Zelensky. Macron l’appele tous les jours. En 2027 Macron est libéré de tout engagements, il pourra se présenter en Ukraine et Zelensky PM.

    • Après 2027 Macron ambitionne de se présenter à la Présidence de l’Europe à la place de Van der Leyen.
      C’est la raison pour laquelle il joue les essuies babouches face à l’Algérie pour éviter toutes vagues.
      Que penser d’un candidat incapable de faire régner la paix dans son propre pays ?
      Il passe son temps à se faire remarquer et agiter ses petits poings fébriles de chef de guerre auto-proclamé.
      Son seul talent est la comédie, il sait prendre un ton grave, empreint de dignité pour… balancer des fadaises !

  6. « Seule la France paraît de taille à relever le gant, pour le moment. » C’est de l’humour noir? Si relève il y a, ce qui reste à démontrer, la France de Macron sera à sa place, à la plonge. Le chef européen de l’OTAN sera un pro de la guerre, donc allemand. Point barre.

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