[POINT DE VUE] Nouvelle doctrine nucléaire russe : maintenant, on fait quoi ?
Vladimir Poutine a signé, le 19 novembre, une nouvelle circulaire à portée stratégique. Enfin, en France, on dit « circulaire », mais en Russie, le titre de ce genre de décret est toujours « oukaze ». Bref, la question n’est pas là. On apprend, dans ce document, que le président de la Fédération de Russie autorise désormais l’emploi d’armes nucléaires tactiques en cas d’attaque massive sur son territoire.
Évidemment, c’est une réponse très claire à l’autorisation, donnée par les Américains aux Ukrainiens, d’employer sur le sol russe les missiles à longue portée qu’ils leur ont fournis. Une sorte d’escalade qui, sous des dehors administratifs, ne laisse rien présager de bon pour la stabilité du monde.
Pendant ce temps, en Ukraine, la guerre continue. On ne sait pas encore pour combien de temps. Ce que l’on sait, c’est que Kiev peine à assurer la relève de ses combattants, tandis qu’un contingent de Nord-Coréens est venu épauler une armée russe qui a, elle aussi, subi des pertes très importantes. On sait aussi que Zelensky s’oriente de plus en plus ouvertement vers une solution négociée. Sur le terrain, en revanche, le brouillard de la guerre (expression rebattue depuis que Clausewitz l’a inventée) se double d’une chape de plomb sur les communications.
Dans ces circonstances pré-apocalyptiques, le silence de l’Europe est assourdissant. Sentant que l’heure vient où « les diplomates prendraient plutôt le pas sur les hommes d’action », comme on dit dans Les Tontons flingueurs, Olaf Scholz a tenté ses petits trucs dans son coin. Ursula von der Leyen, pressentant peut-être que, comme jadis chez Erdoğan, elle n’aura pas de place assise si elle se rend à Moscou, n’a pas pris d’initiative. Dans cette partie de baccara géopolitique, le sabot est définitivement passé.
La Chine appelle au calme
C’est donc la Chine qui tente de siffler la fin de la récréation et de ramener tout le monde à une saine concentration devant les enjeux. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois Lin Jian a déclaré, ce mercredi, au cours d’une conférence de presse, que « dans les circonstances actuelles, toutes les parties devraient rester calmes et faire preuve de retenue, en travaillant ensemble par le dialogue et la consultation pour apaiser les tensions ».
Derrière les filtres orientaux et diplomatiques d’une telle formulation, ce qui est en train de se passer est vertigineux. Oui, le sabot passe. L’Occident a perdu la baraka et ce sont désormais les BRICS qui distribuent les cartes. La Russie va sortir gagnante des négociations, la Chine va apparaître comme le médiateur crédible et naturel du conflit, tandis qu’il va falloir beaucoup de « QI supérieurs travaillant plus de 80 heures par semaine », selon la formule d’Elon Musk, pour que les États-Unis se relèvent du mandat de Biden. L’Europe, elle, rend plus crédible que jamais la boutade méprisante de Kissinger (« L’Europe, quel numéro de téléphone ? »).
Et la France, dans tout ça ? Aveuglée par son idéologie universaliste et son idéalisme hors-sol, gouvernée par des amateurs sans profondeur historique ni conscience de leur rôle, envahie chaque année par 500.000 Africains supplémentaires qu’elle n’a pas les moyens d’expulser, totalement décrédibilisée à l’étranger (voir le terrible aveu d’Alain Minc, pourtant proche de Macron, sur le plateau de Quotidien), la France ne va pas très bien.
Alors, maintenant, on fait quoi ? Eh bien, on attend. D’autres sont en train de décider pour nous du destin de l’Occident. Ensuite, Emmanuel Macron montera aux ordres.
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV
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44 commentaires
C’est peut-être une chance pour l’UE de prendre la pleine responsabilité sur sa défense. La colonne vertébrale existe, c’est l’OTAN. La France est un état doté, elle doit développer sa dissuasion pour faire profiter les autres États européens du parapluie nucléaire. En disposant des missiles dans les pays baltes, en Pologne, en Roumanie et en Bulgarie, Poutine aura à ses frontières son pire cauchemar et probablement le meilleur levier pour l’UE dans les négociations qui s’annoncent. Tout ce que VVP accuse à tord l’OTAN de fomenter depuis des années, c’est Moscou qui le précipite et l’UE qui le fait !
Et la France dans tout ça ? Malheureusement la réponse est très juste .Plus prosaïquement la France est fichue et l’Europe aussi.
On continue…
On a peut-être de la chance que ce soit Poutine aux manettes en Russie , peut-être tout autre dirigeant russe aurait déjà déclenché la riposte nucléaire
Dans tout ça Macron se comporte comme le petit Gibus dans La Guerre des Boutons. Il en est au même niveau.
Espérons que nos généraux aient du bon sens et refuseront de suivre Macron et Ursula…que ce bon sens prévale en Europe, et que si il y a tir, Poutine sache ajuster le tir
Les US ont Trump pour succéder à Biden. Poutine a transformé l’URSS en une Russie fière et productive. Et nous?…Le changement s’est aussi effectué, mais en sens inverse!…
Ils sont où nos « écologistes », nos « soulèvement de la Terre », et tous ceux qui nous somment de moins nous déplacer, de moins nous chauffer, de revenir aux temps mémoriaux des moulins à vent pour éviter à la Terre de disparaître? N’y a t’il pas aujourd’hui urgence de dénoncer cette surenchère qui pousse l’ennemi déclaré à devoir recourir à l’arme finale? Jésus revient, il y a urgence, ils sont devenus fous et nous subissons leur aveuglement dans l’horreur.
« Le destin de l’Occident ». Y’a encore des naïfs pour employer ce concept-baudruche ? L’Occident, c’est l’Otan. Notre continent, c’est l’Europe. « Mal nommer les choses… », etc.
L’Europe, c’est l’OTAN. Mais si Trump tient ses promesses et réduit sa contribution, plus d’Europe. C’est clair.
Absolument pas. La Suisse ne fait pas partie de l’Otan elle est cependant totalement européenne.
L’Occident n’est pas une baudruche. C’est une réalité qui recouvre des cultures occidentales communes, dont l’évolution est un peu différente.
1° L’Europe, à laquelle la Russie appartient. Les USA et le Canada
2° Toute l’Amérique centrale et du sud : amérindo-hispanique.
3° l’ensemble Australie-Tasmanie-Nouvelle Zélande
Cet ensemble n’est pas univoque, mais n’a pas grands points communs avec les Pays Islamiques, l’Inde, la Chine ou l’Asie, même pas avec le Japon ou la Corée du Sud. Même si des rapprochements politiques occasionnels sont possibles.
Le Brésil n’est pas hispanique. On y parle le portugais et il couvre plus de la moitié de l’amérique du sud…un peu de vérité dans vos propos,svp…
Il s’agit avant tout, pour les Démocrates Américains de savonner la planche avant l’arrivée officielle de Trump !
On pourrait se demander pourquoi le “panier de déplorables” devrait récupérer la patate chaude cuisinée par Biden !
Bref, bientôt cette maudite guerre sera classée du coté de « Qui participe à la reconstruction » ?
Exactement, nous allons vivre jusqu’à la prise de pouvoir effective de Trump une période extrêmement dangereuse. Tout sera fait aux USA et en Europe, pour tenter de rendre la guerre contre la Russie difficilement réversible
Quand on jette une pierre au dessus de sois, on doit s’attendre à ce qu’elle nous retombe sur la tête.
Espérons que Trump et Poutine réussissent à mettre fin à ce conflit fratricide.