[Point de vue] Pendant ce temps, à Normale Sup’, on milite pour la Palestine

ENS

Léopold Sédar Senghor est mort il y a 22 ans, jour pour jour, le 20 décembre 2001. C’était un grand poète, un homme politique plein de convictions, un ami de Pompidou. Ils avaient en partage l’amour de la langue française et de la grammaire. Leur échange, lors de la visite de Pompidou, était, de l’avis même des commentateurs, un exercice de style entre agrégés. Senghor, l’inventeur de la négritude, était le premier agrégé de grammaire français qui fût originaire d’Afrique. Pompidou, lui, était un normalien à la culture vertigineuse, qui cita Éluard (Comprenne qui voudra) de mémoire, en conférence de presse, ému aux larmes, au moment de l’affaire Russier. On n’imagine pas ça aujourd’hui.

Normale Sup' Paris (« la rue d’Ulm ») est restée, dans l’esprit de l’opinion publique, cette pépinière d’esprits brillants et même universels, avec ses cours aux Ernest, ses élèves « d’une intelligence presque inquiétante » (pour reprendre une formule de Julien Gracq, promo 1930 lui-même) et son côté à la fois élitiste et méritocratique. Ce n’est plus tout à fait le cas aujourd’hui. De même que Sciences Po est devenu un laboratoire woke, l’ENS s’est commise dans les combats les plus islamo-gauchistes. Internet regorge de témoignages d’élèves « normaux » pris dans l’intersectionnalité des luttes, l’activisme LGBT ou encore le militantisme LFI.

Sans grande surprise, donc, on apprend qu’une certaine Rima Hassan était invitée, le 19 décembre, dans les murs de l’ENS. Elle intervenait à la demande d’un collectif – un « comité », pardon - baptisé « ENS Ulm en lutte ». Tout un programme. Quelle est-elle, alors, cette lutte ? Découvrons-le en nous infligeant la vidéo de cette conférence, trouvable sur YouTube. On y verra que Mme Hassan s’exprime à la demande du « comité de soutien au peuple palestinien de l'École normale supérieure » et de « l'Association MigrENS » (attention, il y a un jeu de mots, je ne sais pas si vous l’avez). De manière à « construire des espaces d’échange » dans un contexte de « libération du discours raciste », on voit que les luttes convergent. Au passage, à l’ENS, on parle d’exilés et pas de migrants (vous l’entendrez sur la vidéo) et on choisit d’intituler cette conférence « la Nakba continue ». La Nakba, c’est la « catastrophe », le mot que les Palestiniens utilisent pour désigner la naissance d’Israël en 1948.

Un petit tour sur le compte Instagram de ces braves gens vous permettra de voir que les normaliens font des « ateliers pancartes » (ce que l’on appelle, quand les enfants sont mineurs, des loisirs créatifs) et des « veillées » au cours desquelles ils lisent les noms des enfants tués par Israël.

Soyons clair : les massacres commis par le Hamas ne justifient en rien les bombardements de civils par l’armée israélienne. En revanche, que des normaliens organisent des conférences politiques dans les murs de leur école, sachant de surcroît qu’ils vont exercer des responsabilités dans la fonction publique (souvent la haute), voire dans les médias ou le monde politique, c’est vraiment devenu insupportable. Le Syndicat de la magistrature fait la même chose. À Sciences Po, on arrache les photos du jeune Thomas, tué parce que Blanc. Quand on est de gauche, tout est permis.

Imaginons qu’un suprémaciste loubavitch intervienne dans les murs de Sciences Po, un porte-parole du Ku Klux Klan à l’ENA, un militant pour la peine de mort à l’ENM… On le ferait taire ou interdire, sans doute au nom de la liberté d’expression, d’ailleurs. On n’en est plus à une inversion des valeurs près. Rien n’arrête l’extrême gauche. Le fait qu’elle hurle au retour de l’extrême droite est simplement sa manière de se défendre, comme un vampire qui verrait soudain la lumière.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

25 commentaires

  1. Si chacun restait chez soi et arrêtait d’envahir ou de taper sur le voisin, on n’en serait pas là, partout dans le monde. Idem pour les religions. Chacun a le droit de croire ce qu’il veut et de pratiquer en toute discrétion en respectant la foi des autres. JOYEUX NOËL à T O U S…

  2. Je déteste la Palestine et les palestiniens depuis les attentats de Jeux Olympiques de Munich en 1972…tous ces petits c..s ne peuvent pas se souvenir !!

  3. L’atmosphère est réellement épouvantable. Il y a à gauche des gens qui étaient déjà hystériques et qui deviennent fous. Il est tout simplement impossible de discuter paisiblement et rationnellement de l’immigration avec ceux qui la soutiennent. Impossible d’évoquer l’islamisation du pays avec ce qu’elle draine et représentera pour nos petits-enfants. Impossible d’évoquer le chômage de ceux qui entrent illégalement, impossible d’évoquer le coût que cette immigration débridée représente dans le budget de la nation au préjudice d’abord des Français qui auraient besoin d’être soutenus. On ne voit plus comment échapper à une guerre civile, tellement les opinions se radicalisent. L’espoir qui subsiste, c’est que ses premières victimes soient les responsables de cette situation calamiteuse.

  4. Désaccord.
    Les massacres du Hamas justifient le bombardement des civils.
    Les Gazaouis soutiennent le Hamas (manuels scolaires, espionnage des ouvriers agricoles, faux renseignements etc.) infiniment plus que les Allemands ne soutenaient les nazis en 1945 et bien peu se sont scandalisés de voir les villes de Hambourg et de Dresde rasées, préludes à une parfaite entente entre les Saxons et les Anglosaxons. Mais les nazis n’étaient pas soutenus par une nébuleuse gauchiste mondialiste ni par des milliards de musulmans et de surcroit, ils cachaient leurs méfaits, alors que les suppôts du hamas les filment, et les brandissent avec fierté. Je ne voisd aucune raison de ne pas les bombarder.

    • Les Gazaouis subissent les conséquences des atrocités commises par ceux, issus de leurs rangs, qu’ils ont tolérés, soutenus, enfantés, hébergés, nourris, pour les quels ils ont travaillé à construire des tunnels et des cache d’armes, qui, nécessairement avec de larges complaisances, ont détourné les aides qui leur été destinées. Non, les Gazaouis ne savaient rien de tout cela. Bien sûr, Les Gazaouis n’ont cessé de dénoncer les agissements du Hamas, n’ont cessé de dénoncer l’oppression qu’ils subissaient, ne voyaient rien des missiles qui partaient tous les jours de chez eux pour aller frapper Israël. Assez d’hypocrisie. On a toujours les gouvernants que l’on mérite.

  5. Si en 1930 Julien Gracq jugeaient les élèves de cette célèbre institution « d’une intelligence presque inquiétante », on pourrait, aujourd’hui, facilement remplacer « intelligence » par « nullité ». Quand on sait que ces élèves se dirigent pour occuper les plus haut postes de nos administrations, cela à de quoi inquiéter, mais, dans le même temps, on est en droit de s’interroger des raisons ayant conduits nos élites de 1930 à glisser inexorablement vers ce désastre.

  6. « Soyons clair : les massacres commis par le Hamas ne justifient en rien les bombardements de civils par l’armée israélienne.  » Ouf, pour un peu, M Florac me décevait.

  7. Bizarre que, sur le plan juridique, ces brillants universitaires ne fassent pas la différence entre des assassinats, commis par le hamas, et des homicides involontaires (ou même des meurtres, c’est selon) commis par tsahal dans le cadre d’une riposte armée à un pogrom.
    Bizarre que, sur un plan scientifique, ces mêmes élites autoproclamées prennent pour argent comptant le nombre de victimes gazaouies, affirmé par le hamas. Lequel avait menti sur la frappe de l’hôpital !
    Bizarre que, sur le plan politique, toujours les mêmes soutiennent le hamas qui a fait allégeance à daech en 2015. En conséquence, ils soutiennent un ennemi qui nous avait déclaré formellement la guerre.

  8.  » les massacres commis par le Hamas ne justifient en rien les bombardements de civils par l’armée israélienne. ». Nuance: des civils palestiniens ont pris et/ou gardé en otage des civils israéliens, c’est prouvé par les témoignages de ceux qui ont été libérés.

    • C’est une raison pour démolir les maisons de Gaza au bulldozer avec parfois, des habitants encore dedans, de bombarder sans fin les civils? Alors que l’on sait maintenant, grâce aux chiffres donnés par les deux camps, que la vie d’un isra élien ( 1400 tués et encore, ils ont avoués avoir tués nombre des leurs!) vaut 12 palestiniens (15.523 personnes, dont 70% de femmes et d’enfants, ont été tuées à Gaza) et ce fin novembre, les chiffres ayant largement montés, on doit en être à une vie israélienne vaut 20 vies palestiniennes (et je dois être au dessous de la vérité). Cela n’est pas dans mes valeurs. Il est vrai que chacun a les siennes.

      • Vos valeurs en effet ne sont pas les miennes.
        Pourtant vous ne vous insurgez pas quand Israël a dû libérer 1200 terroristes pour récupérer UN soldat. Voilà la vraie équivalence..

      • Bien d’accord.
        Par ailleurs,il semblerait que les services secrets israéliens savaient que quelque chose se préparait.Pourquoi n’avoir pas mis l’armée en alerte ? Un prétexte pour attaquer après ???

  9. Les intellectuels ont souvent eu un rôle trouble vis à vis des idéologies menaçant notre pays, notre culture. Rappelons-nous les positions de certains vis à vis du communisme, du nazisme, et maintenant le wokisme.. C’est leur façon d’être à l’avant garde.

  10. Tant que l’état laisse faire pourquoi se priveraient ils .S’il faut blâmer et jugé quelqu’un pour tous les faits de ce type c’est bien l’état , Macron et son gouvernement qui autorise que de telles choses se fassent en toute impunité . Et Darmanin qui dissout des petites unités inoffensives attend quoi pour s’attaquer aux vrais dangers que représente cette gauche .

    • Tout à fait d’accord ! Les patrons de ces écoles n’ont-ils pas de n+1 ? Où sont-ils ? Ils ont piscine ?

  11. Je suis tellement heureux de voir que l’argent de mes impôts est très bien dépensé pour l’éducation de nos pauvres étudiants qui soit disant sont sans le sous et doivent manger aux resto du cœur ….sans parler de la HONTEUSE propagande islamo-gauchiste

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