[POINT DE VUE] Pourquoi la Hongrie accentue encore son soutien aux familles

À partir de deux enfants, les mères seront exemptées à vie de l'impôt sur le revenu, annonce Viktor Orbán.
@European People's Party/Wikimedia Commons
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Les bonnes résolutions de l’An nouveau varient d’un pays à l’autre. En Hongrie, elles sont déclinées à l’occasion d’un discours prononcé le 22 février. Un moment fort de la vie politique hongroise que Viktor Orbán a voulu offensive pour 2025, qualifiée d'« année de la percée ».

Pour ce discours annuel, le Premier ministre hongrois a mis en perspective le basculement mondial qu’entraîne la victoire de Donald Trump : une révolution qui fait de la Hongrie - mouton noir de l’Occident - le partenaire européen privilégié de la Maison-Blanche. Ce retour de fortune relâche un peu la pression écrasante qui pesait sur Budapest, placé sous les feux croisés de Bruxelles et de Washington. Il se traduit par une plus grande marge de manœuvre. L’heure n’est donc pas à l’autosatisfaction mais à l’action décuplée.

La volonté politique face au déclin

Or, la Hongrie partage le principal danger pour sa survie avec les autres pays d’Europe : le déclin démographique. Tous les États membres de l’Union européenne sont passés au-dessous du seuil de renouvellement de la population (2,1 enfants par femme) depuis plusieurs décennies, souvent depuis plus d’un demi-siècle. Le Fidesz est revenu au pouvoir en 2010 à un moment critique, la natalité ayant constamment baissé depuis 1980 pour plonger à 1,2 enfant par femme. Les nationaux-conservateurs placent la famille au cœur de leurs politiques publiques, et ces efforts ont porté le taux de natalité à 1,6 enfant par femme en 2020. Une tendance encourageante qui s’est enrayée et qui stagne ,depuis 2021, à 1,5 enfant par femme, loin du seuil de renouvellement. Ce surcroît d’enfants nés depuis le décollage relatif de 2010 se traduit néanmoins par 250.000 naissances supplémentaires par rapport à l’hypothèse déjouée d’une stagnation au taux de 2010, ces quinze dernières années. Un afflux de sang neuf très significatif pour un pays de 9,6 millions d’habitants.

 

Ce résultat en demi-teinte explique les mesures phares annoncées par Viktor Orbán, le 22 février. Avant tout, « une exonération totale de l'impôt sur le revenu à vie pour les mères de deux ou trois enfants », une initiative qualifiée de « sensation mondiale, sans précédent dans le monde ». Cette mesure est assortie d’autres efforts : réduction d’impôt et de cotisation par tranche dès le premier enfant ou encore exonération totale de l'impôt sur le revenu pour les allocations de soins aux nourrissons et aux enfants. Ce soutien accru vient compléter les politiques d’accès au logement ainsi que l’encadrement des prix de l’énergie : autant d’éléments qui indiquent l’indéfectible engagement politique d'Orbán en faveur de la famille. Par rapport à 2010, le nombre d’avortements a été divisé par deux et le nombre de mariages a doublé, en Hongrie.

Mesure du politique et changement d’époque

Mais si tant de mesures ne corrigent qu’insuffisamment une dénatalité structurelle, c'est que l’action publique a des limites dans l’orientation de la vie nationale. C’est quand le politique fait preuve de volontarisme et lutte contre l’air du temps qu’on mesure la marge qui lui revient dans l’évolution d’une société. Considérons le temps passé par les citoyens sur les écrans et les contenus qu’ils y consomment, les loisirs et les modes, la production culturelle dominante à travers l’Occident, la puissance des relais marketing et publicitaires qui assurent au consumérisme sa force de persuasion, etc. Gardons en tête, pour faire bonne mesure, le processus de création monétaire et le poids du capital étranger : il en ressort que l’action publique est réduite à la portion congrue, que le pouvoir ressort principalement de l’influence diffuse d’un totalitarisme économique – que l’État accompagne ou réfrène à la marge.

Mais ce monde du fatalisme et de l’absurdité économiste, c’est le vieux monde. Il était dans sa pleine force dans les années 1970, comme l’illustre le film Network (1976). Il a connu son apogée avec le moment unipolaire américain post-guerre froide. Désormais, notre époque est celle du retour de l’Histoire, marqué par des individualités fortes, la territorialisation de la puissance sur les ruines d’un ordre international à bout de souffle, celle du retour du tragique, celui du sens et du goût de vivre.

La mise en œuvre de politiques publiques pro-familles en Hongrie indique le chemin que peut emprunter, aujourd’hui, un gouvernement européen. C’est une première étape. Il s’agit aussi de surmonter les illusions mortes que traînent les sociétés occidentales depuis les Trente Glorieuses et qui forment l’arrière-plan planétaire de l’hédonisme consumériste qui, partout, a causé l’effondrement démographique, surtout en Occident.

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Thibaud Gibelin
Essayiste, professeur invité au Mathias Corvinus Collegium

Vos commentaires

31 commentaires

  1. La Hongrie a tout compris et nous devrions en prendre exemple, mettre au monde des enfants dans une société non macronienne bien éduqués en bonne santé, non élevés aux réseaux sociaux type Tiktok reviens a faire un pays fort. Actuellement enlever un téléphone portable a son enfant c’est le voir courir chez l’assistante social et demain se retrouver devant le juges pour enfants condamner a perdre son enfants en famille d’accueil indemnisé pour lui donner le dernier smartphone sortie nécessaire a sa vie.

  2. Super ! Ca existe encore des président qui défendent leur pays et encouragent la natalité ! Ce n’est pas comme Hollande qui a profité des avantages accordées aux familles nombreuses et les a supprimé lorsque ses enfants étant devenus adultes, ces aides ne lui étaient plus destinées. Bon, il lui en reste encore pas mal des subventions et des aides, entre ses retraites pour ses différents mandats, son indemnité à la cour des compte (sans devoir justifier du moindre travail) et ses indemnités et privilèges de nouveaux députés, lui, ne sera jamais lésé !

  3. on aimerait avoir le même président en France , qui lui ne sert de paillasson à personne !

  4. La Hongrie, exemplaire dans beaucoup de domaines, mais qui, comme d’autres, s’en sort parce qu’elle est entrée dans l’union en 2004. Bien qu’il semblerait qu’elle ait perdu un milliard de subventions ces dernières années, elle reste l’un des principaux bénéficiaires nets du budget de l’Union européenne, avec 96 milliards d’euros perçus entre 2014 et 2020. Reçu de cette Europe où bien des choses ne tournent pas rond, où certaines pratiques seraient à revoir, mais qui a pourtant permis à certains ingrats de sortir du joug soviétique, de la ruine et de la précarité dans laquelle il les avait laissés. Cette Russie d’un Poutine qui, aujourd’hui, si nous n’y prenons garde, reviendrait bien prendre les bénéfices de nos investissements et pour lequel un certain V. Orban semble avoir beaucoup de retenue et d’administration.

    • Je ne suis pas si sûr que vous que le danger vienne de la Russie. Sans reprendre les termes de Vance, je dois bien me soumettre à l’évidence que le seul pays qui, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, à déclaré 52 conflits, c’est bien l’Amérique Démocrate.

      • D’accord avec vous pour l’hégémonie américaine et le niveau actuel de leurs représentants. Mes propos n’étaient pas de les défendre, loin de moi cette idée. Mais les premiers au vingtième siècle qui ont envahi leurs voisins qui n’étaient pas une menace sont les nazis le 1ᵉʳ septembre 1939, et les seconds, les Russes aujourd’hui en Ukraine, des Russes qui menacent d’atomiser ceux qui font barrage à leurs véhémences conquérantes et criminelles vers l’ouest. Ne pas vouloir reconnaître cela, ne pas vouloir s’en prémunir, ce serait re-signer les accords de Munich du 30 septembre 1938 avec la guerre que nous avons subie. Oh bien sûr, s’il suffisait de dire « je veux pas me battre », ce serait l’idéal, même dans la vie de tous les jours. Préparer ardemment une guerre, défendre un voisin, même lointain, est une question existentielle pour l’Occident.

  5. Eh oui il ne suffit pas de mesures favorisant les naissances. Il faudrait supprimer tablettes et téléphones portables qui transforment les jeunes en zombies coupés de toute relation humaine. Les rhumatologues dénoncent les problèmes de cervicales et l’arthrose du pouce, les othorhino mettent en garde contre les surdités précoces… Pour avoir des enfants il faut être deux, quoi qu’on dise, et … s’aimer ce beau verbe qui n’est plus utilisé que pour évoquer une partie de jambes en l’air. S’aimer, avoir un projet commun, construire une famille, s’engager dans la vie et prendre ses responsabilités. La Foi en Dieu donne une dimension spirituelle qui manque tant aujourd’hui.

  6. Parce que la Hongrie favorise la Famille et que par exemple, en France nos gouvernants depuis 49 ans favorisent l’immigration tout simplement !

  7. La Hongrie de Viktor Orban accentue son soutien aux familles pour les mêmes raisons que la Hongrie de 1956 a résisté aux chars soviétiques : Parce que son peuple reste courageux et digne devant toute épreuve, quelle que soit l’époque, quelle que soit l’épreuve..
    Et en France de Macron ? Ça va ?

  8. La faible natalité se retrouve dans tous les pays développés. Elle est gravissime dans certains (Corée du Sud, Hongrie, Italie. La Russie est un cas à part puisque elle cumule natalité faible est espérance de vie digne des pays sous-développés). La France est moins mauvaise élève (mais pas brillante non plus) grâce à sa politique pro-famille de longue date (parts supplémentaires pour les impôts, allocations diverses, long congé parental, relative abondance des modes de garde). Mais ce qu’on observe c’est que les mesures incitatives prises dans les pays à très faible natalité ne produisent en général que peu d’effets.

  9. Orban a tout compris. C’est sur cette base qu’aurait du être bâtie l’Europe : la protection et la prospéritédes peuple unis dans une civilisation. On s’est trompé lourdement en commençant par créer la Communauté Economique Européenne. Le fric avant les gens, voilà ou nous en sommes aujourd’hui.

  10. Monsieur Orban est bien évidemment seul , isolé face à d’autres dirigeants de pays européens alors qu’il a raison . Il faut au minimum 2 enfants pour seulement remplacer les parents , il en faut au moins 3 pour donner un enfant au pays .Malheureusement dés les années 1976 tout à été fait pour détruire les familles ,la dessus vous rajoutez la création de la TVA qui a provoqué la quasi obligation pour les femmes d’aller travailler , le chien courant derrière sa queue était confirmé : gagner plus pour faire face aux augmentations de prix , gagner encore parce qu’un salaire de plus au foyer c’est aussi plus d’impôts et ça continue . Difficile d’imaginer un coup de frein d’abord parce que les foyers , ménages ou couples sont assez volatiles et que de nombreuses femmes ne veulent plus s’emmer D et avec les gosses et en restant à la maison . Il faut aussi bien reconnaître qu’avoir plusieurs enfants est compliqué : logement , voiture , faible ou quasi inexistante diminution d’impôts sans oublier les sommes de TVA inouïes en raison du besoin de consommation minimum pour l’alimentation , les vêtements , les chaussures etc , etc . Enfin arriver au resto , dans n’importe quel commerce avec des enfants vous n’êtes que moqués alors que simultanément la naïveté des gosses est utilisée pour les publicités ( au passage de + en + débiles ) débilisantes , infantilisantes ,laveuses de cerveau ,idéologiquement orientées , bref , dramatiques , affligeantes . Gardons espoir , par elles mêmes les nouvelles générations sauront se retrousser les manches et sortir du cloaque dans lequel nos dirigeants de France et d’Europe nous propulsent . Bravo à la Hongrie , pourvu qu’elle puisse tenir

    • Cher Monsieur, je comprends votre penchant pour dénigrer la situation Française et encenser la politique Hongroise, mais la natalité y est inférieure à la nôtre alors que Orban est au pouvoir depuis déjà longtemps, beaucoup plus que les 9 mois nécessaires pour juger du résultat !

      • Le taux de natalité hongrois est remonté de 1,2 à la fin du règne socialiste en 2010 à 1,5 de nos jours. La vaccination contre la covid n’est certainement pas étrangère à la stagnation actuelle. En France, le taux est un plus élevé grâce aux populations immigrées. Le taux de natalité des Françaises de souche relève presque du secret défense.

      • Fatalement, puisque ce sont des français d’importation qui montent notre natalité et non ce qu’on appelle les français de souche!

  11. Orban investit dans ce qui fait la richesse des nations : le capital humain. Les dirigeants imbéciles et immoraux de l’UE préfèrent importer celui des pays du tiers monde. En France nous avons élu un homme sans descendance.

    • Heu… non. Selon vous les pays surpeuplés devraient être les plus riches. Il y a plus de 170 millions de personnes au Bangladesh. Sacré capital humain. D’après vous on doit donc y vivre au moins 2.5x mieux qu’en France ?. Désolé de vous contredire, mais ce qui fait la richesse d’une nation c’est le nombre de personnes intelligentes dans le pays. Combien d’universités, formant combien d’ingénieurs chaque année. Le reste c’est du blabla. Ces ingénieurs montent des boîtes, qui emploient du personnel, l’économie fonctionne bien. Tant que l’état ne saigne pas les entreprises dans des impôts délirants, et tant qu’il n’y a pas à la traîne des millions de chômeurs à qui on ne peut pas donner de travail, mais qu’il faut payer à ne rien faire.

      • Il faut un équilibre. Et ni le Bangladesh ni la france n’y sont, chacun étant dans une exagération extrême opposée.

  12. Pour atteindre un équilibre démographique, c’est à partir de trois enfants que les mesures prises par Viktor Orban devraient être prises, telle l’exemption d’impôt à vie. Si on s’arrête à 2 enfants, la démographie s’ecroulera d’elle même, car, il y a toujours des destins qui font que certaines femmes n’auront pas le nombre d’enfants qu’elles auraient souhaité. Regardez autour de vous, et faites vitre propre bilan. De plus, l’âge de plus en plus tardif pour avoir ses enfants contribue à un non renouvellement des générations. Et aujourd’hui, je viens de lire qu’un nouveau mal du siècle existe : les grands parents qui ne le deviennent jamais.
    Churchill disait à de Gaulle : il faudrait que les couples aient 4 enfants : 2 pour remplacer le père et la mère, un troisième pour la démographie, et ke quatrième pour le cas où le sort enlèverait l’un de leurs enfants. Très mathématique, certes. Mais ne dit on pas : il vaut mieux prévenir que guérir…..en espérant que les 4 enfants ne partirons pas avant leurs parents.

  13. Difficile à mettre en œuvre quand vos dirigeants souhaitent faire disparaître votre culture et vous remplacer par une autre.

    • D’autant que notre président n’a pas de successeur , est suffisamment nantis pour ne même pas s’intéresser à ce qui peut arriver , d’ailleurs il semble qu’il ait trouver mieux que les français , comme disait Ronsard , la France est marâtre pour les siens , mère pour les étrangers

      • « D’autant que notre président n’a pas de successeur » = dans ce cas précis, c’est une grande chance! On n’aura pas l’un de ses héritiers sur le trône de france! Ouf!

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