[Point de vue] Quand Libé enquête sur Franck Ferrand…

franck ferrand

C'est curieux, chez les gens de gauche, ce besoin de faire des listes. C'est curieux, chez les gens tolérants, ce besoin de juger, et chez les défenseurs de la démocratie, cette rage d'exclure. Voyez Libé, par exemple. Les journalistes de ce quotidien indispensable à l'équilibre du journalisme voulaient faire un portrait de Franck Ferrand, commentateur du Tour de France et habitué des émissions historiques. Il n'a pas voulu, puis pas pu les rencontrer, ni à Paris, ni à Clermont-Ferrand - c'est d'ailleurs l'occasion pour l'illustre inconnu Quentin Girard, « correspondant sur le Tour », de caler un petit passage cuistre (mais assez bien tourné) sur le film Ma nuit chez Maud, qui se passe à Clermont, puisque évidemment, il n'y a que le lectorat de Libé qui regarde encore Rohmer. On est en famille.

Franck Ferrand n'est pas disponible ? C'est pas grave, on le jugera par contumace. Le journaliste commence tranquille : Ferrand aurait pu n'être qu'un Stéphane Bern ou un Lorànt Deutsch, c'est-à-dire « ces personnalités mondaines fascinées par les grands hommes qui racontent de belles histoires sur un pays royaliste et chrétien. Agaçant pour les historiens professionnels mais, malheureusement, commun. » (Ici, le journaliste de Libé et son lecteur soupirent en roulant des yeux : « Pfff… agaçant mais malheureusement commun ».) Ça aurait suffi à le faire condamner, bien sûr, mais attendez la suite : Franck Ferrand écrit dans Valeurs actuelles, passe sur CNews et s'entendrait bien avec Zemmour. De plus (mais y a-t-il besoin de pendre un homme que l'on vient d'éventrer ?), il n'aime pas les écolos, dirige un établissement scénographique à La Défense (qui ne respecte pas les canons du programme de l'Éducation nationale) et s'intéresse à des récits discordants (sur Alésia, par exemple), qui sont peut-être vrais, peut-être faux, et dont il ne cherche pas à convaincre les bonnes gens. Pour un euro de plus, ajoutons la suprême infamie : il est anti-passe et anti-vaccin, ce qui n'a pourtant pas provoqué sa mort au moment de la terrible pandémie.

Une remarque sur le fond, peut-être ? On y vient : jugé « pourtant habile, moitié conteur, moitié comédien » par le journaliste de Libé lui-même, Franck Ferrand est également défendu par son prédécesseur sur le Tour de France, l'ancien directeur du Monde Éric Fottorino (classé à gauche) : « Je sais les critiques qui lui sont faites et je n’ai pas envie de les endosser. C’est dur de rentrer dans cette danse-là, c’est un faux rythme, il faut calmer la voix et susciter l’intérêt. Il a un savoir profond et classique. Il est plus pointu que moi. » Et pour Christophe Hondelatte, le roi du fait divers, « c’est un formidable conteur à la Alain Decaux qui a une visée grand public. Ce n’est pas un historien mais un vulgarisateur, ce n’est pas la même chose […] Franck ne fait pas de l’Histoire, il raconte des histoires sur l’Histoire. C’est normal qu’il y ait des pertes. Les reproches que lui font les historiens, pour moi, ce n’est pas un problème. Des juges d’instruction peuvent très bien me reprocher de vulgariser les choses, c’est normal on ne fait pas le même métier. » Aïe ! Une fois passée la salve de ragots de concierge, le journal d'investigation peine à trouver des arguments. Ferrand est un vulgarisateur, il aime la France et il en parle d'une manière romancée. Ses prédécesseurs s'appellent Bainville ou Lavisse - horresco referens, bien sûr.

C'est alors que se révèle ce qui est peut-être le fond de l'article, sa véritable motivation : faire peur au patron de Franck Ferrand (« Ça ne vous dérange pas de faire travailler sur le service public quelqu'un qui bosse pour l'extrême droite ? ») et plus généralement à ceux qui remettraient en cause le magistère de Libé et de la gauche pensante. Car, loin d'être ce qu'ils pensent être (sympas, cultivés, indépendants), les journalistes de Libération sont les iconoclastes de poche, les bouffons du roi d'un monde parisien désormais refermé sur lui-même. En quelque sorte, les chiens de chasse d'un équipage bourgeois qui se croit chez lui dans les forêts de la France périphérique. De temps à autre, pour rire, leur maître les détache pour qu'ils aillent mordre un ou deux mollets de fascistes - mais les vieux chiens de chasse, pourtant créancés pour ne prendre que des « réacs », ont désormais l'odorat gâté ; et puis leur ventre traîne par terre, leur vue baisse et ils ont du mal à suivre une voie.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

44 commentaires

  1. Vous appelez cette personne qui a écrit cet article dans libé journal de gauche extrême un journaliste? Moi pas pas, il fait de la propagande pour la nupes .

  2. Sans l’argent du contribuable Libé n’existerait plus depuis belle-lurette. Même les gens de gauche se lassent qu’on leur serve toujours la mème soupe rance.

  3. Venant du torchon l’aberration subventionné par nos deniers et les milliardaires ou oligarques, je m’en moque.

  4. … « Libé quotidien indispensable à l’équilibre du journalisme… » ?
    Là je m’étrangle.
    Vraiment ?
    J’aurais pourtant cru que Libé était indispensable mais à l’équilibre de ses comptes subventionnés.
    Attention ne pas lire « contes », ça c’est réservé à une élite, qu’on ne trouve pas à Libé.

  5. Pourquoi vous evertuez-vous à appeler « journalistes » les gens qui écrivent dans Libération ? Ils ne survivent pas par leur lectorat mais uniquement parce que l’État les subventionne. S’il ne devaient vivre que de leur talent a longtemps que ces gens pointeraient au chômage. Aujourd’hui ils « enquêtent » sur Ferrand, en 1940 ils auraient enquêté sur leurs voisins juifs et écrit à la kommandantur… C’est effrayant ce besoin de baver chez les incompétents…

  6. Si nous avions à l’éducation des profs qui s’appellent Franck Ferrand, Stephane Bern, Marc Menant ou comme hélas Alain Decaux, André Castello par le passé, qui racontent l’histoire par la petite histoire, ou tout devient vivant, ou l’on est transportés, accrochés au récit, alors l’intérêt des élèves pour l’histoire serait tout autre !

    • tout à fait d’accord ! sans compter que leur expression verbale est clair, précise, et en bon français, ce qui ajouterait du vocabulaire à tout ces  » chérubins » nourrit à l’approximation aux contres sens, et à la pauvreté langagière !

  7. Mais qui lit encore « libé » qui ne survit que grâce aux subventions . N’appelez pas ces gens des journalistes ils ne sont que des minables pantins .

    • Ne m’appelez plus jamais LIBERATION la France elle m’a laissé tomber, je m’appelle désormais ALLIENATION mais je vais bientôt supprimer NATION pour m’appeler ALLIEN. NATION ça fait fasciste

    • La presse appartient en majorité à des milliardaires voir des millionnaires, si vous supprimez les subventions il n’y à plus de presse, ces gens ne voient que le pognon des autres pas le leur ! Et n’oublions pas le copinage avec les politiques !
      Mais sans tous ces torchons serions nous plus mal informés ?

    • Ah bon ! comme c’est curieux, personne n’a porté l’affaire en justice. Les mutualistes bretons se tiendraient-ils par la barbichette ?

  8. Les journalistes de libé qui donnent des leçons de neutralité, c’est un peu comme Harpagon qui donnerait des leçons de générosité.

  9. Quelle malfaisance cette infâme engeance journalistique de gauche …il n’aime pas les écolos …moi non plus !!

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