[POINT DE VUE] Que sera le discours de politique générale de Michel Barnier ?

Capture d'écran
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À quelques jours du discours de politique générale que le Premier ministre prononcera le 1er octobre, il est permis d'imaginer ce qu'il devrait contenir comme grandes lignes, au vu de la situation politique de la France.

Le reliquat des parlementaires LR « canal historique » (aujourd'hui « LDR » pour la Droite républicaine) s'est enthousiasmé de la désignation d'un des siens comme Premier ministre. Pour les professionnels de la politique, peu importe de brader leur idéal gaulliste affiché pour un plat de lentilles : le maroquin rêvé. Un curieux espoir de cette mouvance de professionnels de la politique dont les rangs se sont bien dégarnis, phagocytés par le macronisme et érodés par le lepénisme. Certes, seul l'avenir dira si ce calcul leur sera faste, mais qu’on n'oublie ni leurs lamentations et imprécations quand, en 2017, une partie de leurs membres étaient devenus ministres de Macron, ni  leur refus de faire de Barnier leur candidat à l'élection présidentielle au profit (?) de Valérie Pécresse. Une telle constance dans l’amateurisme politique, de la part de politiciens professionnels, impressionne ! Avec Barnier à la primature, les mêmes ont l'illusion de redevenir un grand parti alors que, dans cet amalgame droite/gauche contre-nature, tout citoyen sensé voit désormais l'échec cuisant des politiciens face au réel terrifiant qui rattrape la France et les Français : paupérisation, immigration, chômage, faillites, délocalisations, services publics, santé, retraites, école, pression fiscale, dette, insécurité, perte d’identité...

Barnier ne serait-il donc pas un « traître » comme les autres, ceux de 2017 ? Ce libéral, mondialiste et bruxellois intégriste aurait-il découvert qu'il s'est trompé durant cinquante ans et s'apprêterait-il (tel Pénélope) à défaire ce qu'il a fait, puis à œuvrer pour que la France redevienne souveraine ? Difficile d’y croire. Même si on a toutes les raisons d'en douter, on se devra d'analyser malgré tout le discours de politique générale de ce Premier ministre tardif, nommé... deux mois après l'échec électoral d'Emmanuel Macron.

Le spectre nationiste

Notre spectromètre d'analyse de ce futur discours sera « nationiste ». Car depuis la Déclaration de 1789, la nation est tout à la fois l'origine de la souveraineté internationale de la France et le socle démocratique intangible de la République. Barnier va-t-il, cette fois-ci enfin, respecter la Déclaration des droits et la Constitution française dont il tient désormais ses pouvoirs et ses devoirs ? Une abjuration solennelle du fédéralisme et de l'ultralibéralisme, destructeurs des nations dans toutes leurs dimensions ? Que dira-t-il de précis, sur ces questions majeures, à la représentation nationale lors de son discours de politique générale ?

Voici ce que les Français attendent :

– Pour en finir avec l’immigration : un référendum, afin que la France inscrive dans sa Constitution qu'elle retire à Bruxelles, et reprend, sa totale souveraineté sur les règles migratoires.

– Pour rétablir la démocratie : deux référendums, le premier sur l'UE, et particulièrement pour abroger les dispositions illégitimes introduites par le traité antidémocratique de Lisbonne. Le second pour inclure dans la Constitution une véritables proportionnelle ainsi que le référendum  d’initiative citoyenne, sur tous les sujets, y compris pour modifier la Constitution ou abroger une loi (comme en Suisse et en d’autres pays).

– Pour retrouver la prospérité économique qui, seule, peut rétablir le plein-emploi et le pouvoir d’achat : un référendum pour limiter les effets dévastateurs sur notre économie de la mondialisation (traité de Marrakech sur l’OMC) afin de permettre notre réindustrialisation, de rééquilibrer notre balance commerciale, réduire notre dette, augmenter le PIB et, ainsi, abaisser les prélèvements obligatoires. Car la question n’est plus de réduire encore les dépenses de l’État ni d’alourdir  les prélèvements, mais d’augmenter l’assiette imposable par le retour à la prospérité : contenir la concurrence chinoise et alléger les charges.

Les calculs à court terme d'une droite perdue

Le microcosme de quelques dizaines de politologues parisiens ne pose pas ces questions vitales pour la survie de la France. Alors qu’il conviendrait de considérer la situation très dangereuse du pays, et les causes qui y ont conduit, ils écoutent les bruits de couloirs des palais, commentent les infimes détails et se passionnent pour le très court terme insignifiant. Telles les questions de savoir qui devait entrer au gouvernement, s’il sera rapidement censuré et tombera. Les Français ne pouvant revoter avant août-septembre 2025, cela ouvrirait une crise politique paroxystique, sans précédent, menant cette fois-ci au départ prématuré de Macron, car on ne voit pas qu'il puisse nommer un autre Premier ministre tout aussi minoritaire. Et ainsi de suite à chaque motion de censure. À cet égard, cependant, la présentation du budget, début octobre, sera un bon indicateur commun à la fois aux petits complots ourdis au sein de sérails politiques de plus en plus clos, à l’hypothétique onction de Bruxelles (et de la BCE), aux agences de notation, mais aussi face aux véritables forces politiques vives de la nation française qui bouillonnent.

La nation fut inventée à la fin du XVIIIe siècle par les ancêtres de la gauche. Mais dans les grandes épreuves qui auraient pu l’anéantir, elle fit l’union sacrée des droites et des gauches. Puis le marxisme et le gauchisme l’ont abandonnée et elle ne fut plus défendue que par les patriotes de, droite. La partie la plus arriviste et sans idéal de la droite semble désormais sur le point de céder à l’odeur des maroquins. C’est un petit calcul à très court terme qui la fera disparaître. Car, alors que le peuple est en demande de consensus national, il semble que les prétendus héritiers du gaullisme pactisent désormais avec l’anti-nation.

Or, la nation attend, avec de plus en plus d’impatience, qu’on lui restitue sa souveraineté politique, économique, sociale, migratoire, identitaire, militaire, juridique et judiciaire ; car c’est la nation, et elle seule, qui est le meilleur juge de ses intérêts et c’est à elle seule que les institutions confient cette tâche. Tout le reste est trahison. Rendez-vous est pris pour décoder le futur discours de Barnier au « spectromètre nation ».

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 29/09/2024 à 21:23.
Henri Temple
Henri Temple
Henri Temple est universitaire, juriste, théoricien de la Nation (auteur de :  Essai sur le concept de ‘’Nationisme’’, Sphairôs, 2024)

Vos commentaires

27 commentaires

  1. Le référendum d’initiative populaire, cela ne peut fonctionner correctement que pour un peuple instruit et cultivé, conscient des décisions bonnes ou mauvaises. Le peuple français est très loin de satisfaire à ces critères élémentaires et en a fourni la preuve lors des derniers scrutins. Alors pitié, pas de RIP pour ne pas encore ajouter un malheur de plus à ceux qui frappent déjà la France !

  2. Quel feu d’artifice Monsieur Temple !!
    Rendez vous effectivement la semaine prochaine avec votre ‘spectomètre Nation’.
    Bon week end.

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