[Point de vue] Radio France : Interview de S. Veil, sur des paroles d’Orwell !

© Wikimedia Commons / Zairon
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Sibyle Veil est la patronne de Radio France. C’est la petite-fille par alliance de Simone Veil et la camarade de promotion d’Emmanuel Macron à l’ENA. Elle est sortie dans les premières de sa promotion et a rejoint le Conseil d’État, cet organe connu pour son impartialité juridique. Parmi les grands chantiers de sa présidence, il y a « Égalité 360° », destiné à « diversifier les profils ». Un sans-faute. En somme, elle a tous les brevets de respectabilité nécessaires à l’exercice d’une fonction publique en vue. Certes, sa gestion de la radio publique a été un peu contestée, y compris en interne : n’a-t-elle pas viré Guillaume Meurice, alors que son sketch antisémite était forcément drôle, puisqu’il était pro-palestinien ? Peu importe : Sibyle Veil va son chemin, en parfait accord avec les totems et les tabous du temps présent.

La présidente de Radio France vient d’accorder une interview à nos confrères du Figaro. Il est important de la lire, pour voir comment sont employés les impôts des Français. Sibyle Veil y livre sans détour sa vision de ce que doivent apporter les radios publiques à la France, et peut-être même au monde. Parmi ses grands projets pour cette rentrée audiovisuelle, on trouve d’abord ceci : « Nous proposons donc une "Radio France thérapie" avec nos radios qui sont là pour faire du bien, elles sont des thérapies contre tout ce qui met à mal le vivre ensemble : désinformation, polarisation, repli sur soi... Ce qui nous rassemble, c'est ce qui nous fait du bien. On peut être une solution face à la Cocotte Minute sociale et renforcer les défenses immunitaires de la société face aux crises. » Traduisons-la.

Radio « thérapie »

Faire du bien contre tout ce qui met à mal le vivre ensemble : un peu vieux, un peu vague, mais toujours de bon goût. La désinformation ? C’est quand on n’est pas d’accord avec Radio France ni avec le gouvernement. Car la désinformation existe bel et bien, mais on ne sache pas que Radio France se soit, par exemple, acharnée à essayer de démonter les mensonges pro-Biden de Meta (que vient de reconnaître Mark Zuckerberg, son président, devant une commission parlementaire américaine). La polarisation ? On appelait cela, naguère, le débat d’idées. C’était même une spécificité française. Les temps ont apparemment changé. Le repli sur soi ? On parle probablement de l’extrême droite, car le repli sur soi des banlieues islamisées n’a jamais été l’axe de travail principal des radios publiques. Bref, « ce qui nous rassemble, c’est ce qui nous fait du bien ». Une « thérapie » qui ressemble tout de même beaucoup à une sédation terminale, au goutte-à-goutte. L’expression « Radio France thérapie » n’est pas très heureuse car elle renvoie à la destruction des métastases par radiothérapie, mais elle a le mérite d’être claire. Quand le jargon médical s’invite dans le débat politique, on n’est jamais très loin des goulags.

Pour donner des gages aux croquants, il y aura des antennes locales mises en avant, comme « Ici », en liaison avec France 3. Pour apaiser les méchants complotistes, les auditeurs pourront poser des questions sur les choix éditoriaux de France Info. Que celui qui s’entendra répondre « Vous avez raison, nous sommes allés trop vite en reprenant les éléments de langage de l’AFP » nous écrive… Sur l’essentiel, on ne bouge pas : on remplace Yaël Goosz par Patrick Cohen (la gauche par la gauche), on garde Charline Vanhoenacker sur France Inter (on va bien rigoler)… et, évidemment, on ne remet pas en cause la décision de l’Arcom, qui a retiré sa fréquence à la chaîne C8. « Remettre en cause les institutions d’un pays détruit la confiance. »

On ne remettra donc rien en cause, et surtout pas la ligne éditoriale de Radio France, forcément indépendante. Circulez, y a rien à voir. Encore une fois, comme dans 1984, le ministère de la Vérité a peaufiné le programme de son télécran. Un beau discours signé Orwell. Belle rentrée sur ces radios qui nous font du bien !

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

16 commentaires

  1. Vous devriez ne plus du tout écouter les chaines et les stations, de Radios France ! Pourquoi ? Parce que si Radio France n’a plus d’auditeur ni même de spectateurs ! Elles feront des scores dérisoires au niveau de l’Odimat ! Et qui dis plus de spectateur dis plus d’argent et donc plus un sous à Radio France ! N’écoutez plus Radio France, ce que je fait depuis 10 ans ! Hervé de Néoules !

  2. J’ai lu et relu 1984 depuis 50 ans et bien je m’aperçoit que orwell était un optimiste par rapport à ce qu’il ce passe

  3. Radio France : un ramassis de calomniateurs et de menteurs. Patrick Cohen sera dans son élément, lui qui savait tout de Crépol avant même que l’enquête ait été ouverte !

  4. Oui, bon; mais je ne me sens toujours pas obligée d’écouter cette radio, que j’appréciais pourtant énormément, il y a…très, très longtemps.

  5. Je me souviens d’une chanson de la résistance :
    Radio-Paris ment, Radio-Paris ment, Radio-Paris est Allemand…

  6. « Les Français parlent aux Français »… Allumez votre radio et éteignez vos cerveaux. C’est pour votre bien, on s’occupe de TOUT. Une blague circule : « Le fait que les méduses aient survécu à 650 millions d’années sans cerveau, donne de l’espoir à beaucoup de personnes »…

  7. Tous ces gens qui pensent publiquement telle chose, et pensent l’exact inverse en privé sont fatiguants. Sybille Veil pense différemment selon qu’il y ait des micros ou pas. On appellerait ça la bipolarité. Quand vous regardiez Pascal Praud sur Téléfoot en 2002, auriez vous imaginé qu’il puisse être l’animateur s’il est dans L’heure des pros ? Pareil pour Jean-Claude Dassier quand il dirigeait l’information de TF1 puis l’OM, aurait-on cru qu’il pensait ce qu’il dit aujourd’hui ? On peut faire la même avec Éric Revel, Jean-François Achilli, Laurence Ferrari, Jean-Marc Morandini, Cyril Hanouna, Julien Pasquier et tant d’autres. C’est là le mérite de l’existence de CNEWS, c’est que certaines personnalités médiatiques ont voulu sortir de l’étreinte de la pensée dans lequel on les soumet, faisant leur coming-out populaire ou burn-out élitaire. Il y a encore du travail pour libérer ces gens là de leur prison, pour qu’ils puissent penser publiquement librement la même chose qu’en privé.

    • Mais est-ce vraiment une erreur de jugement ? Les récents votes des français ne le confirment-ils pas ?

  8. L’art de la communication, c’est d’utiliser un mot ou une expression clé, sans trop savoir ce que cela veut dire, mais qui est devenu populaire.
    Avec  » défense immunitaire » , elle espère taper juste en prenant les gens pour des imbéciles !

    • En attendant, elle n’aura pas l’audience des 11. millions qui ont voté RN, et pour les banlieues et le vivre-ensemble, après avoir viré Meurice pour antisémitisme, elle devrait se méfier car avec l’histoire et le nom de sa grand-mère par alliance,tout ça pourrait un jour de retourner contre elle

  9. Dans ma jeunesse j’écoutais France inter, avec ses feuilletons radiophoniques désopilants ou parfois glamour, j’ai cessé vers l’âge de 18 ans pour ecoûter Europe 1. Depuis je n’ai plus jamais ouvert cette radio gauchistes dirigée par la gauche caviar.

  10. Si je comprends bien ce charabia, France Inter nous propose une rééducation en douceur, certes moins violente que celle proposée par les goulags soviétiques ou les laogaï chinois mais poursuivant plus insidieusement le même but : remettre dans le droit chemin idéologique les gens « qui ne sont rien », fument des clopes, roulent au diesel et votent RN. Une thérapie bien plus sûre pour se remettre le cerveau à l’endroit : le jeûne complet de tout le se(r)vice public, Radio France et France TV.

  11. Radio France un groupe de radio sans intérêt, l’entre soi de bobos gauchos.
    Le vivre ensemble est une fumisterie de gauchiste

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