[Point de vue ] Relations franco-russes : un long fleuve tranquille ?
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Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, il est fréquent de voir déplorer, surtout sous la plume des indulgents vis-à-vis de M. Poutine, que l’aide de la France aux Ukrainiens porte des coups sévères à « l’amitié franco-russe », et plus largement à notre « alliance traditionnelle ». J’ai moi-même souhaité, dans le passé récent, que des relations paisibles s’établissent avec ce grand voisin. Mais depuis le 24 février 2022, le regard qu’on pouvait jeter sur Vladimir Poutine, son régime et donc la Russie a changé. De partenaire possible, il s’est mué, à son initiative, en adversaire probable.
Est-ce vraiment un coup de tonnerre dans le ciel bleu des longues relations franco-russes ? Pas vraiment, si on veut bien se donner la peine de jeter un regard en arrière. Sans remonter jusqu’à une époque où la distance et la situation politique du monde faisaient que l’intérêt français pour ces franges lointaines de l’Europe était faible, on peut noter, au long du temps, des confrontations armées avec la Russie ou de longues périodes d’hostilité franche, presque toujours marquées par des affrontements plus ou moins graves ; souvent par personnes interposée ; que ce soit sous les tsars, les Soviétiques ou le nouveau régime.
Depuis la Révolution, on peut relever : guerres napoléoniennes (1804-1815), guerre de Crimée (1853-1856). Un mieux en 1914, où nous avons été alliés ; mais cette alliance a éclaté en 1917 et le retrait russe de la guerre a libéré 80 divisions allemandes et autrichiennes qui se sont retrouvées en face de nous ou de nos alliés. Ce déséquilibre grave entre les forces en présence n’a pu être compensé que par l’arrivée progressive des Américains. Notons, aussi, qu’en 1918, le pouvoir russe n’a pas hésité à spolier des centaines de milliers de porteurs français d’emprunts russes. En 1918, une intervention militaire alliée, avec des troupes françaises, pour soutenir les « Blancs » contre les bolcheviks a échoué. De 1919 à 1921, nous avons entretenu une mission militaire à Varsovie pour appuyer les Polonais dans leur lutte contre l’envahisseur communiste russe. Dès les années 1920, pour contourner les restrictions du traité de Versailles, les Soviétiques ont offert aux Allemands, sur leur propre sol, des facilités d’entraînement, des centres de recherche pour concevoir et tester des chars, des armes chimiques et des avions, tandis que des instructeurs soviétiques ont été envoyés en Allemagne. En 1939, après la signature du pacte de non-agression germano-soviétique, ils ont envahi, conjointement avec l’Allemagne, la Pologne, alors notre allié. Molotov, ministre des Affaires étrangères de Staline, félicita Hitler lors de l’entrée des troupes allemandes dans Paris. Les Soviétiques ne devinrent nos alliés qu’en juin 1941, quand leurs alliés de la veille les attaquèrent. Puis, de 1945 à 1991, nous vécûmes la longue période de guerre froide marquée par la menace d’une grande force militaire en Europe, la manipulation du Parti communiste français, marionnette déstabilisatrice de Moscou chez nous et soutien permanent de la Russie à toutes les formes de rébellions dans nos colonies, nos protectorats et en Algérie. Depuis 1991, le volcan paraissait en sommeil et nous avons négligé les signes précurseurs réguliers[1] du réveil qui s’est produit le 24 février 2022.
Alors non, les relations franco-russes n’ont pas vraiment été un long fleuve tranquille dans toute la période contemporaine. Les meilleurs symboles des brèves périodes d’entente ont été le pont Alexandre-III et… l’entremets franco-russe, tous deux de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, quand la Russomania était à la mode. C’est à peu près tout. Il est beaucoup trop tôt pour faire confiance à un pays qui n’a jamais connu la démocratie dans toute son Histoire et dont la politique nous est généralement hostile depuis plus de 200 ans.
[1] La Russie n’a cessé d’être offensive, à bas bruit, en Tchétchénie, Géorgie, Moldavie et, plus directement, en Afrique sahélienne contre nous.
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63 commentaires
Vision très étroite de l’Histoire de la Russie limitée à la période soviétique. Les bolchéviques n’étaient pas nos amis, d’accord. (Ni ceux de leur propre peuple, d’ailleurs). Mais encore? Un autre général, du nom de Ch. de Gaulle, parlait de la « chère et puissante Russie » qu’il désignait comme « notre alliée naturelle ». Autre hauteur de vue…
« Russians are dying, the best money we’ve ever spent, » : «Les Russes meurent… Nous n’avons jamais aussi bien dépensé notre argent» Lindsey Graham , sénateur américain, lors de sa rencontre à Kiev avec le président ukrainien qui a répondu « thank you very much. » Voilà l’état d’esprit des démocrates américains qui gouvernent l’UE.
La première confrontation armée date de 1734 (guerre de succession de Pologne) et déjà les russes, dont les maréchaux à l’époque venaient d’Oldenbourg (Münnich) ou d’Irlande (Lacy) se sont révélés menteurs et faux comme ils n’ont jamais cessé de l’être. Après avoir massacré l’héroïque comte de Plélo et ses étiques brigades, ils ont promis de relâcher les prisonniers et notre ambassadeur (Monti), mais n’ont pas tenu leur parole qui n’a jamais rien valu tout au long de l’histoire. Tout au plus avons-nous eu le bonheur d’exfiltrer le roi de Pologne régulièrement élu (Stanislas Leszczynski) vers la Prusse, à Königsberg, rebaptisée par les russes Kaliningrad, en « l’honneur » d’un atroce criminel de guerre, responsable du massacre des officiers polonais à Katyn. Contrairement à Stalingrad et Leningrad, cette cité garde son nom et pourrait aussi bien s’appeler Hitlerville.
Depuis 300 ans (sauf une exception en 1827, à la bataille de Navarin), les russes nous combattent ou nous trahissent. Sadi Carnot et le général de Boisdeffre’ ont cru à l’alliance franco-russe; elle n’a jamais fonctionné, sauf quand NOUS sommes venus à leur secours (escadrille NN) .
Il faut arrêter de dire que la guerre de 14/18 a été gagnée grâce aux soldats Américains.
En Septembre 1918 sur les 211 divisions sous le commandement de Foch, 12 sont Américaines, entièrement équipées par la France.
En revanche lors des négociations des traités de paix Wilson a parfaitement réussi son coup et devient à moindre frais le protecteur du monde occidental.
Le fameux « Lafayette nous voici » est un magistral coup de pub.
Il faut arrêter de dire que la guerre de 14/18 a été gagnée grâce aux soldats Américains.
En Septembre 1918 sur les 211 divisions sous le commandement de Foch, 12 sont Américaines, entièrement équipées par la France.
En revanche lors des négociations des traités de paix Wilson a parfaitement réussi son coup et devient à moindre frais le protecteur du monde occidental.
Le fameux « Lafayette. Pus voici » est un magistral coup de pub.
Soyons sans illusion. Ce qui gouverne ce monde, ce sont les puissances de l’argent. Lorsque cette guerre sera terminée, elles reprendront la main et les relations commerciales entre l’Europe et la Russie se rétabliront. Faisons pour cela confiance aux Allemands, qui contrairement à nous, savent où se trouvent leurs intérêts.
Quand à l’Ukraine qui veut entrer dans l’UE, les pauvres ! Les a t-on prévenus de ce qui les attend ? Perte de souveraineté, obligation de se soumettre à des Lois, textes, règlements, normes, qu’ils n’auront pas choisis. Adoption de toutes les idéologies « décivilisatrices » (Pour adopter un terme à le mode) Promotion de l’idéologie de genre et des valeurs LGBT…J’en passe et des meilleures !
Vous parlez de l’Ukraine en disant » les pauvres »… mais ils sont déjà le pays le plus gangréné qui soit par des mafias, avec des dirigeants menteurs, cocaïnomane, va t en guerre etc…. oui les Ukrainiens sont à plaindre tant qu’ils ne s’affranchiront pas de cette » junte » corrompue qui les dirige –
Curieux article écrit avec un prisme déformant…
Nos fameux « pays occidentaux » en pleine décadence ne représentent qu’un quart de la planète et ce quart estime de son devoir de detruire la terre.
Aujourd’hui tous les regards acerbent ce tournent vers la Russie, hier c’était sur le moyen orient et demain ce sera sur la Chine. Le dénominateur de nos regards est qu’ils obéissent au regard de l’aigle américain…
Que de poncifs. Et de défaitisme suiviste
Excellent article
Oui excellent. Merci JPM
Cet article est bon mais incomplet. La France de Robespierre fut un modèle pour les soviets. La Rus (Russie + Ukraine) est un contrepoids face au nouveau St Empire Teutonique Bismarckien. La guerre actuelle est une guerre civile comme en a connue la France lorsque l’Aquitaine et la Bourgogne n’étaient pas rattachées à Paris. Enfin qui peut penser qu’interdire à la Russie l’accès libre à la Méditerranée, en faisant entrer l’Ukraine dans l’UE et l’Otan, était censé ? Rappeler que Staline fut l’allié d’Hitler … la ficelle est un peu grosse. Les deux croyaient anéantir l’autre, l’un pour récupérer les Slaves polonais, hérétiques de toujours puisque catholiques, l’autre pour incorporer l’Ukraine au Reich afin d’agrandir son espace vital avec des terres extrêmement riches pouvant nourrir les nouveaux aryens. Quant à la Poutinolâtrie elle n’est pas pire que la Macronilâtrie. Vivons nous en démocratie ? Non! Nous votons certes, mais les Russes aussi. Où vit-on le plus en sécurité en France ou en Russie? La France n’est-elle pas sous protectorat US ? Qui va tirer les bénéfices de cette guerre civile? Les USA car si les pays de l’est de l’UE donnent des F16 qu’ils ont payés à l’Ukraine il va bien falloir qu’ils les remplacent … par des Rafale ? ou par des avions US vous avez la réponse et la France donnera des subventions (un peu plus un peu moins on s’en moque)
Nous n’avons strictement aucun ami . En revanche nous avons eu des alliances pour servir nos intérêts . Les Polonais sous le Premier Empire et les Serbes récemment savent ce que sont les Traités dans ce sens. L’aide américaine à la fin de la guerre de 14 fût si tardive qu’on aurait pu s’en passer sans que l’Histoire militaire ait changé de cours . Ce fût le début de la main mise de l’Amérique sur l’ancien continent que la guerre suivante a sanctifiée alors que c’est le Russe qui -de loin- en a payé le prix. Poutine est issu de ce monde, mal partagé sans doute, et tant Macron que Merkel étaient garants des accords de Minsk entre les acteurs de la guerre civile entre Russes divers . Washington en a décidé autrement, comme en 1919 et durant la très longue guerre froide. Dans tous ces cas nous sommes de parfaites victimes .
Merci et bravo à vous de rappeler la réalité sur la Russie et l’URSS, comme je le fais sur Twitter régulièrement en me faisant injurier par les poutinolâtres de tout poil, ces patriotes pervertis qui ignorent ou feignent d’ignorer par idéologie ladite réalité et ne cessent de rappeler la grande Guerre Patriotique comme s’ils en avaient été eux-mêmes des acteurs tout en faisant l’impasse sur les crimes de masse commis par Staline et cherchant à nous faire croire en une alliance de toute éternité entre la France et la Russie. Pour sauver la France de l’islamisation, du grand remplacement (je suis à Reconquête! – pour Zemmour, non pour les pro-Poutine qui y pullulent) et du totalitarisme woke, les Français ont besoin d’eux-mêmes, sans avoir à recourir au néostalinien Poutine, empoisonneur d’opposants et paranoïaque au dernier degré.
Excellent bravo RAJA. Patience les poutinolâtres sont de mois en moins présents et convaincus . Même en Russie ! Les Français reviennent au bon sens : car ce qui est, est…
Reprocher le pacte germano soviétique malgré les 30millionsde morts russes est un peu mesquin.
Vous plaisantez, je pense.
Il n’y a eu que 29 millions de morts russes et c’est de leur faute; ils ont mal chosi leur allié. Sans l’aide disproportionnée des États-Unis, il y en aurait eu le double et nos alliés polonais, roumains, baltes, n’auraient pas gémi pendant 50 ans sous leur botte