[POINT DE VUE] Sur LCI, quinze minutes de propagande pour le suicide des vieux

MISRACHI

Thomas Misrachi est un journaliste plutôt sympathique. Toujours sur les terrains les plus difficiles, il a également suivi plusieurs unités militaires prestigieuses dans leur quotidien, sans jamais se planquer derrière son statut. Il sort, ces jours-ci, un curieux roman, sur lequel Grasset s'est évidemment jeté pour le publier, et qui s'appelle Le Dernier Soir. LCI l’a invité pour en parler. Dans ce livre, il raconte une histoire très personnelle, mais dont la portée, vous allez le voir, n'est pas tout à fait anecdotique.

Thomas Misrachi est - était - l'ami d'une vieille dame qui avait vécu une vie apparemment bien remplie, pleine de charme physique et de progressisme politique. Au soir de sa vie, tétanisée par les attaques progressives de la vieillesse, désespérée de perdre peu à peu son pouvoir de séduction, cette dame demanda au journaliste d'être présent à ses côtés, car elle avait décidé de mettre fin à ses jours. Alors, comme on disait autrefois pour les agonies, le journaliste a assisté son amie.

Ce qu'il raconte est émouvant, et la tradition du suicide, par peur de la dégringolade de la vieillesse, remonte à la plus haute Antiquité. D'accord. Sénèque, Mishima ou Dominique Venner ont mis en scène leur mort volontaire, quoique pour des raisons politiques. Mais OK. Cependant, son livre, quoi qu'il s'en défende, n'est pas seulement un témoignage singulier sur la mort d'une femme qui ne voulait pas perdre la main sur son existence. Sur le plateau de LCI, l'une des journalistes, qui le tutoie parce qu'elle le connaît depuis 25 ans, lui rappelle que, depuis toujours, Thomas Misrachi dit qu'il se foutra en l'air à 75 ans. Lui-même, bien qu'il rappelle à de nombreuses reprises qu'il ne fait aucun prosélytisme, espère que la future loi sur la fin de vie permettra de faire évoluer les choses. Il milite pour l’Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD), tout comme cette dame, qu'il a nommée Sylvie mais qui s'appelle Jacqueline Jencquel et qui présidait l’ADMD. Et, pour tout dire, il considère la vieillesse comme une maladie dégénérative incurable. Le plateau est complaisant. Pas un seul argument contradictoire ne lui est opposé. Il déroule. Le calendrier de lancement de ce livre tombe quand même super bien.

Séparons bien les choses. Le seul critère de jugement d'un livre, en valeur absolue, n'est pas sa moralité mais son talent. Impossible, donc, de se faire une idée sur l'histoire singulière que raconte Thomas Misrachi sans en avoir lu une ligne. En revanche, on ne peut pas le laisser dire qu'à 75 ans, on n'a plus rien à accomplir. Une belle tribune de l'avocat Erwan Le Morhedec, dans Le Figaro, remet les choses à leur place : certains chefs-d'œuvre ont été réalisés par des vieux, et une société utilitariste est une société sans âme.

Les Belges euthanasient déjà les dépressifs ou les handicapés. Nous, nous commençons par les cas les plus limites, les plus attendrissants, comme toujours dans le cas des débats de société. Et nous finirons par l'euthanasie de confort, comme dans le film Soleil vert. On appellerait ça « la mort miséricordieuse ». En allemand : Gnadentod. Mais quel était-il, ce régime germanophone qui pratiquait la Gnadentod, où la vie des animaux domestiques valait plus que celle des indésirables, où on vouait un culte au bio et à la préservation de la nature, mais où on piquait sans vergogne les fous et les trisomiques ? Je suis sûr que vous avez deviné.

Pour une fois que le point Godwin est atteint à bon escient…

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Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

55 commentaires

  1. Je touche du bout du bras mes quatre vingts ans et j’ai peur de mourir mais il faut bien voir que pour eux qui nous gouvernent nous sommes de bouches inutile et l’élimination pour eux n’est pas une mauvaise chose, l’exemple des Ehpad.

  2. J’ai 75 ans en pleine forme, 20 pompes tous les jours, des extensseurs, des altères etc… Je viens de terminer la rénovation d’un camion commencée il y a quatre ans, et tout ça dehors, hiver compris . Je fais partie d’une association dont je suis menbre très actif etc… Ce jeune clown de 52 ans changera plusieurs fois d’avis au fur et à mesure que l’âge fatidique se rapprochera. Avant de raconter des âneries, commence donc par réfléchir.

  3. En effet, nous avons compris ! Mais attendons de voir, lorsqu’il aura 75 ans ! Donc, dans cinq ans d’après ce monsieur, je devrais « dégager » de la Terre, étant devenue une inutile selon lui , la vieillesse étant un naufrage !

  4. À 52 ans, jouer les bravaches, c’est facile. Être vieux ne signifie pas être une épave, un poids mort. La nature, quand on ne la contrarie pas, est bien faite.

  5. J ajouterai ce dernier commentaire qui va peut-être vous heurter . J ai effectivement été stupéfaite de découvrir le taux élevé de dépression chez la personne âgée. J ai aussi été navrée de compter sur les doigts de quelques mains les visites des proches. Alors n y aurait il pas une relation de cause à effet ? Quand on veut se débarrasser d un chien on dit qu’il a la rage, n est-ce pas ?

  6. Je ne suis pas d accord. Je travaille dans les soins fin de vie et la loi Leonetti est parfaite. Nul besoin d en pondre une autre pour l euthanasie. Faut il rappeler à tous ceux qui prônent le suicide assisté de relire cette loi. Par expérience les patients atteints de maladies graves et ou invalidantes souhaitent essentiellement ne pas souffrir et avoir la meilleure qualité de vie jusqu’au bout. La loi Leonetti y répond en tout point. Et quand je parle de qualité de vie j y inclue également l accompagnement psychologique, émotionnel. Ce que font ces milliers de soignants au quotidien dans l indifférence ou ignorance du public et surtout de ceux qui militent sans savoir de quoi ils parlent . La grande majorité des soignants est contre l euthanasie. Posez vous donc la question : pourquoi ?

  7. Choisir sa mort est un choix personnel . Mais ce qu’insinue certains et qu’un autre a même (alors qu’il est vieux maintenant et nous coute un bras ) c’est qu’il faudrait piquer les vieux qui soi disant coutent cher. Ces vieux ont mérité leur retraite , ce n’est pas une aide sociale ils ont côtisé pour . Et puis combien de ces « vieux  » sont impliqués dans le bénévolat , assurent la garde des petits , font vivre de nombreux commerces et j’en passe . De plus Macron ose faire appel à eux pour assurer la sécurité des jeux quelle ironie . Alors à tous les Misrachi je dirais juste : du respect envers nos ainés parce que c’est grâce à eux qu’il peuvent pavoiser aujourdhui .

  8. Cette volonté, des partisans de ceux qui proclament qu’ils « se finiront » à tel âge, de vouloir une loi pour que les autres finissent comme eux, est sidérante. Il faut toujours se mêler de la vie des autres. Comme s’ils se voyaient en modèles. Mishima, qui se suicide publiquement parce son Japon moderne n’est plus pour lui: faudrait-il qu’on se suicide tous, parce que « c’est noble »? Qu’ils fassent ce qu’ils veulent et nous fichent la paix.

  9. Un couple néerlandais vient de faire ce geste , lui est ancien premier ministre et elle sa femme sans qui il ne pourrait vivre et vice versa .La maladie semble avoir eu raison .pour avoir subi un exemple identique avec un très proche , un frère , il y a quelque années et je pense à leur proches car je n’en suis pas encore remis .Le temps n’y fait rien .On ne pense le contraire (que c’est bien)que tant que l’on n’y a pas été confronté .

  10. Cher B.V. Quel mépris dans votre ton, je ne vous reconnais pas…C’est vrai n’est pas Sénèque qui veut mais comment enlever sa dernière volonté au malade souffrant de la maladie de Charcot, au cancéreux qui sait comment il sera et ce qu’il va souffrir. Les soins palliatifs ne peuvent accueillir 1/10 des personnes qui en auraient besoin.Pour certains la souffrance physique ou morale est rédemptrice, ils savent qu’il y a autre chose après, que « ça vaut le coup », envions leur cette force. Et mettons tout en oeuvre pour aider les autres. Personne n’oblige quiconque à se suicider. L’aide mourir tranquillement et dignement sans avoir besoin d’avaler de l’eau de javel doit être une dernière volonté respectée. Bien à vous

    • Commençons par mettre des soins palliatifs de qualité à la disposition de tous et après on verra…
      D’autre part pourquoi le droit de mourir dignement devrait impliquer l’obligation de tuer pour un SOIGNANT ?

  11. Criminel !
    Encore un robot de l’Antéchrist.
    Inciter à l’euthanasie de nos parents, de nos grands-parents, de nos aînés est un marqueur franc d’un coeur de pierre et d’un terrible aveuglement !
    C’est un acte d’anti-amour par excellence. Et de terrible ingratitude.

  12. Je vais avoir 74 ans dans quelques jours, et j’ai bien l’intention d’aller bien au-delà de 75 ans, même si la vie n’est pas toujours facile. J’ai connu le passage dans l’au-delà (PMI) il y a vingt ans et sa phase de bien-être incommensurable, mais n’étant pas sorti du tunnel, je préfère encore souffrir quelques années sur terre

  13. Deux commentaires. D’une part L’auteur, quand il aura 75 ans, se ravisera. C’est évident. C’est idiot de dire se fixer ainsi une limite. D’autre part, effectivement, au début l’euthanasie sera pour les cas les plus émouvants. Puis la sécu et les mutuelles la privilégieront par intérêt financier et après, les soins de fin de vie ne seront plus pris en charge…ainsi les pauvres et les modestes seront priés de se faire euthanasier car il ne pourront pas subvenir au coût « de la vie ». C’est beau l’occident : entre l’avortement constitutionnalisé, l’euthanasie pour tous, l’éradication des gazaouis et le sacrifice des ukrainiens…il n’a plus rien à proposer, à part la mort.

  14. Il a 52 balais. On verra d’abord s’il y arrive ( il y a tant d’occasions de mourir, ( accident, drogue etc ), et alors son choix. Mais trop claironner est généralement se faire mousser.

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