[Point de vue] « Ta gueule » : qu’est-ce qui a pris à Gérard Larcher ?
3 minutes de lecture
Mercredi, Gérard Larcher, président du Sénat, était l'invité de RTL dans la matinale d'Yves Calvi. Il répondait aux questions d'Amandine Bégot, qui est toujours pertinente sans se croire obligée d'être odieuse, contrairement à beaucoup d'autres journalistes politiques. Avec sa trogne d'élu du terroir, sa panse d'une autre époque, sa tranquille goinfrerie sous les ors de la République, Larcher rassure ou dégoûte, selon l'idée que l'on se fait des fonctions électives.
La dernière question de l'entretien portait sur la sortie idiote de Jean-Luc Mélenchon à propos de Ruth Elkrief. « Lui diriez-vous "tais-toi" ? » interroge Amandine Bégot. « Je lui dirais "ferme ta gueule" », précise Gérard Larcher, qui clôt ainsi une séquence jusque-là plutôt conventionnelle.
Qu'est-ce qui lui a pris ? A-t-il voulu faire du Georgelin ? On sait que feu l'ancien chef du chantier de Notre-Dame avait eu les mêmes mots à l'égard de son architecte. Cette sortie était évidemment calculée, peut-être pour faire le buzz et passer à autre chose, peut-être pour « faire peuple », puisque ces gens pensent que le peuple jure et crache. Évidemment, on ne parle pas comme ça quand on est président du Sénat. On peut laisser fuiter des propos de corps de garde tenus en « off » : il y a du soudard chez tous les fauves politiques. Ça, d'accord. Mais dire « ferme ta gueule » à la radio, à une heure de grande écoute, même si Mélenchon le mérite bien, c'est se mettre au (ca)niveau des députés et sénateurs LFI.
On connaît bien cette anecdote romaine, que l'auteur de ces lignes est par avance désolé de raconter encore une fois : quand Cinéas alla négocier une trêve au Sénat de Rome pour le compte de Pyrrhus, il se fit virer comme un malpropre sous les invectives de Caton l'ancien, vieux mais pas usé ni fatigué. Son maître lui demanda à quoi ressemblait la ville. Cinéas répondit que Rome ressemblait à un gigantesque temple, et son Sénat à une « assemblée de rois ». L'émissaire du royaume d'Epire se raccrochait à ce qu'il connaissait pour décrire l'aura naturelle, la noblesse et la dignité des représentants du peuple. Rome n'était certes pas exempte d'excès ni d'obscénités, mais il y avait des endroits dans lesquels on se tenait.
Gérard Larcher n'est, finalement, pas seulement le notable de province, vétérinaire et chasseur, qu'il se plaît à surjouer depuis des années. Regardez mieux. On dirait un de ces équarrisseurs, que les jacqueries, les frondes, les révolutions finissent toujours, en France, par mettre sur un perchoir trop haut pour eux. Un gars rubicond et jovial, qui prend plaisir à abaisser sa charge, à se moucher dans les nappes blanches après avoir englouti du romanée-conti... et à glapir « ferme ta gueule » à la radio, tout content de son effet. On comprend mieux que ces gens-là se moquent des députés du RN en cravate et des gandins sartorialistes de Reconquête. Au fond, Larcher est un autre Dupond-Moretti : un cynique à trois mentons, repu et pourtant vorace, féroce parce que jaloux de ses privilèges.
Thématiques :
Gérard LarcherPour ne rien rater
Les plus lus du jour
LES PLUS LUS DU JOUR
Un vert manteau de mosquées
45 commentaires
« ferme ta gueule » à Mélenchon. Je ne vois pas où est le problème. On a beau être bien élevé en général, surtout avec des gens bien élevés, mais il y’a des circonstances où un langage fleuri est incompréhensible par certaines personnes. Et donc des circonstances où on est mieux compris avec des formules percutantes. Pour larcher, il n’y a pas de quoi en faire un plat, ni à fouetter un chat comme on dit. Donc assez avec cette polémique idiote. Et de là à perdre son temps à en faire tout un article, c’est qu’on à rien de mieux à faire. Il n’y a plus de priorité ?
Je trouve les propos de l’auteur particulièrement irrévérencieux, à l’endroit de Mr L’archer, rejoignant donc la même attitude que les faits qu’il reproche au notable de province, aimant la bonne bouffe le bon vin…
Le deuxième personnage de l’état fait pitié , il ne doit pas manger tous les jours à sa faim , il serait temps de s’en occuper .
Il a très bien fait et n’a malheureusement pas été assez loin dans ses propos.
Le job de président du Sénat est certainement le meilleur « fromage » de la bonne fée République. Aucune responsabilité réelle, un train de vie fastueux. Poher, par exemple, logeait, nourrissait et blanchissait toute sa famille, petits-enfants et leurs amis de coeur dans les appartements de fonction du Petit Luxembourg (je le sais de l’un des bénéficiaires, et pas de l’homme qui a vu l’homme qui a vu etc…). Je me suis laissé dire que Larcher faisait laver les blouses de sa dentiste d’épouse par le personnel du Sénat. La belle vie, et tout gratuit. Il ne faut pas s’étonner que les présidents du Sénat successifs s’accrochent à leur fauteuil jusqu’à la sénilité, et même au delà.
D’abord, la « sortie » de Mélenchon n’était pas simplement « idiote » sic _ Il parait que c’est quelqu’un de réfléchi, intelligent ; un tribun ! etc Non, sa « sortie » était bien plus élaborrée (…). Bon, on a compris, bien sûr , on n’est pas si sôts… De plus, ce Chef est un récidiviste. Et ce n’est pas parce la personne à qui ses outrances étaient adressées n’est pas sympathique à untel ou unetelle que l’on doit freiner ou restreindre notre objectivité et sérieux qui caractérise BV. Gardons le niveau ! M. Larcher, ne m’est pas la plus antipathique, personnellement. Sa sortie sur RTL lui a un peu été présentée sur un plateau ( reste 1seconde : « et vous lui dites quoi ? « … ). Disons que M. Larcher s’est mis au niveau, et encore ; il est resté largement affable par rapport à la vulgarité du Lambertiste Insoumis ( insoumis à quoi d’ailleurs ? puisque : » La République , c’est Moi ! » etc ). Non, c’est du Guignol tout ça. En grave, parce que la classe politique est largement discrédité ( elle l’était déjà ). Si encore, ça ne vient pas souiller tous ! les « politiques »…
Je ne lui donne pas tort et comme Mélenchon ne respecte rien ni personne, cela l’a probablement surpris que d’autres que lui utilisent les mêmes mots que les siens. Par contre, ce n’est pas digne de la place que Monsieur Larcher occupe.
La dignité on s’en fout. Maintenant c’est la vérité et l’efficacité. Les circonvolutions verbales nous fatiguent.
j’aime bien Monsieur Larcher durant le premier Mandat de Macronien il était un rempart suite aux dérives de ce gouvernement avec une assemblée nationale absolue. Le temps passe il est tant aux sages d’être sage car la vieillesse devient un naufrage car en cette période il faut avoir les nerfs solides et du sang froid face à une adversité qui se laisse aller aux invectives infantiles !!!