[Point de vue] « Ta gueule » : qu’est-ce qui a pris à Gérard Larcher ?
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Mercredi, Gérard Larcher, président du Sénat, était l'invité de RTL dans la matinale d'Yves Calvi. Il répondait aux questions d'Amandine Bégot, qui est toujours pertinente sans se croire obligée d'être odieuse, contrairement à beaucoup d'autres journalistes politiques. Avec sa trogne d'élu du terroir, sa panse d'une autre époque, sa tranquille goinfrerie sous les ors de la République, Larcher rassure ou dégoûte, selon l'idée que l'on se fait des fonctions électives.
La dernière question de l'entretien portait sur la sortie idiote de Jean-Luc Mélenchon à propos de Ruth Elkrief. « Lui diriez-vous "tais-toi" ? » interroge Amandine Bégot. « Je lui dirais "ferme ta gueule" », précise Gérard Larcher, qui clôt ainsi une séquence jusque-là plutôt conventionnelle.
Qu'est-ce qui lui a pris ? A-t-il voulu faire du Georgelin ? On sait que feu l'ancien chef du chantier de Notre-Dame avait eu les mêmes mots à l'égard de son architecte. Cette sortie était évidemment calculée, peut-être pour faire le buzz et passer à autre chose, peut-être pour « faire peuple », puisque ces gens pensent que le peuple jure et crache. Évidemment, on ne parle pas comme ça quand on est président du Sénat. On peut laisser fuiter des propos de corps de garde tenus en « off » : il y a du soudard chez tous les fauves politiques. Ça, d'accord. Mais dire « ferme ta gueule » à la radio, à une heure de grande écoute, même si Mélenchon le mérite bien, c'est se mettre au (ca)niveau des députés et sénateurs LFI.
On connaît bien cette anecdote romaine, que l'auteur de ces lignes est par avance désolé de raconter encore une fois : quand Cinéas alla négocier une trêve au Sénat de Rome pour le compte de Pyrrhus, il se fit virer comme un malpropre sous les invectives de Caton l'ancien, vieux mais pas usé ni fatigué. Son maître lui demanda à quoi ressemblait la ville. Cinéas répondit que Rome ressemblait à un gigantesque temple, et son Sénat à une « assemblée de rois ». L'émissaire du royaume d'Epire se raccrochait à ce qu'il connaissait pour décrire l'aura naturelle, la noblesse et la dignité des représentants du peuple. Rome n'était certes pas exempte d'excès ni d'obscénités, mais il y avait des endroits dans lesquels on se tenait.
Gérard Larcher n'est, finalement, pas seulement le notable de province, vétérinaire et chasseur, qu'il se plaît à surjouer depuis des années. Regardez mieux. On dirait un de ces équarrisseurs, que les jacqueries, les frondes, les révolutions finissent toujours, en France, par mettre sur un perchoir trop haut pour eux. Un gars rubicond et jovial, qui prend plaisir à abaisser sa charge, à se moucher dans les nappes blanches après avoir englouti du romanée-conti... et à glapir « ferme ta gueule » à la radio, tout content de son effet. On comprend mieux que ces gens-là se moquent des députés du RN en cravate et des gandins sartorialistes de Reconquête. Au fond, Larcher est un autre Dupond-Moretti : un cynique à trois mentons, repu et pourtant vorace, féroce parce que jaloux de ses privilèges.
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45 commentaires
C’est vrai que Gaston Monerville , président guyanais du Sénat, opposant à de Gaulle , c’était une autre branche ! Avec dignité, mesure et constance , il amena de Gaulle à la faute : cherchant à supprimer le Sénat par ressentiment , un référendum eut raison de lui.
Pas bien digne pour le 2eme personnage de l’Etat , mais la vulgarité a pris le pas sur la politique de notre pays, aussi rien d’étonnant à ce que ces répercussions se propagent dans le peuple.
Il était de mauvaise humeur. Le sanglier du petit-déjeuner ne l’avait pas totalement rassasié.
Dans un moment de sincérité sans retenue il c’est Larcher
Bonne conclusion.
Bien vu Arnaud Florac, franchement ce n’est pas une idée de génie qu’a eue Gérard Larcher mais en a-t-il eu une un jour ?
De la fausse droite jusqu’à la gauche la plus sale ce type de personnage semble s’inscrire dans un contexte de la décadence générale. C’est Rome vers sa fin. Imaginons un instant car Noël nous permet d’esperer ,imaginons un instant une grande lessive avec ces vieux symboles cramoisis de Melenchon à Larcher en passant par l’ensemble de ces notables engraisses par un peuple surtaxés.
Moi j’ai adoré la réponse de Larcher.
Justement parce qu’elle était totalement inattendue.
Et c’est justement parce qu’elle était inattendue, qu’elle a le mérite d’avoir été percutante.
J’en redemande – Bravo – Bis !
Que Mélenchon apprenne que l’on peut se mettre à son niveau, être grossier comme lui, mais le faire avec beaucoup plus d’élégance !
Merci pour ce bon moment Monsieur Larcher, du fond du cœur je retire le « encore » de mon commentaire lors de votre ré-ré-ré-réélection !
Merci encore !
Larcher a réussi son coup, la preuve, un éditorial de BV pour lui, c’est tout l’effet recherché et ça marche.
Monsieur Florac, la description que vous faites de ce personnage me comble. Comme beaucoup, je me demande si un jour, rouge et gonflé comme il est, il ne va pas éclater. Ça permettrait de libérer le perchoir qu’il squatte depuis trop longtemps.
Excellent article. Pour ma part il me dégoûte. Il se goinfre à nos frais depuis trop longtemps.
Un parasite XXL gavé de deniers publics, qui invective un autre parasite, L cette fois-ci, gavé de deniers publics. A part le tour de taille, je ne vois pas une grande différence entre les deux.
Bel article monsieur Florac, vous avez exprimé tout le dégout que vous inspire ce genre de personnage qui vit aisément dans les ors de cette république décadente. Merci à vous pour votre franchise.
Le « Ferme ta gueule » de Larcher ne me choque pas plus que « elle m’emmerde » d’un Brassens pourtant pratiquant intégriste d’un français ciselé…
A la différence que Gérard Larcher, n’est pas un chanteur populaire, mais le troisième personnage de l’état.
Un malotru , bien mal éduqué mais c’est dans leurs gênes à ces gens là . Aucune éducation .