[Point de vue] TotalEnergies, critiqué en France, fait un premier pas vers la délocalisation

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Devenu la tête de Turc de l’extrême gauche, des écologistes et de nombreuses ONG environnementalistes, le PDG de TotalEnergies Patrick Pouyanné en a assez de l’enfer « climato-gauchiste » français. Et Dieu sait si on le comprend. Qualifié tantôt de criminel de guerre par La France insoumise pour ses activités en Russie, accusé de semer des « bombes carbone » par les ONG les plus extrêmes (Oxfam, les Amis de la Terre, Bon Pote et Les Soulèvements de la Terre), pointé du doigt pour sa rémunération, vilipendé pour les (super) profits de son groupe ou encore mis au pilori par le maire de Paris en tant que sponsor des Jeux olympiques, « Papou » a décidé d’aller voir ailleurs. Ses cent mille salariés subissant quotidiennement des insultes venues de toutes parts seront, comme à leur habitude, derrière leur patron.

Notre plus beau fleuron industriel envoyé outre-Atlantique

Principalement coté à Paris mais aussi à Londres et à New York, TotalEnergies fera désormais de Wall Street sa principale maison. Il devrait disparaître du CAC 40 et intégrer le Dow Jones. Cette décision est d’autant plus justifiée que l’actionnariat principal de TotalEnergies (48 %) est les caisses de retraite américaines. Soucieuses de la rentabilité de leurs actifs et inquiètes de la tournure de la transition verte européenne, elles préfèrent voir la major française au sein d’un environnement plus positif. D’autant que la passion française pour le socialisme a depuis toujours proscrit les retraites par capitalisation dans l’Hexagone.

Si Bruno Le Maire n’a pas réussi à mettre à genoux l’économie russe, il aura renvoyé outre-Atlantique la seconde capitalisation du CAC 40 ! Quel camouflet, pour un gouvernement prétendant réindustrialiser le pays ! Après Alcatel, Alstom ou autres Technip, c’est le plus beau fleuron industriel français qui s’évade vers des horizons plus accueillants.

Ce n’est probablement pas un hasard si la décision officielle de Pouyanné intervient le lendemain de son audition au Sénat, point d’orgue d’une commission d’enquête sur TotalEnergies dont le rapport est attendu pour la mi-juin. Lors de ses deux heures d’interrogatoire, ne cachant pas son agacement « d'être perçu comme la source de tous les maux », le capitaine d’industrie a courageusement martelé que l’arrêt des investissements dans les hydrocarbures entraînerait « mécaniquement un déclin de l'offre et des prix du baril qui monteraient au ciel ». Avec, à la sortie, un litre d’essence à 4 ou 5 € et 10 millions de gilets jaunes dans la rue. Rappelons que dans un marché dont la demande est toujours en croissance, les champs pétroliers et gaziers existants perdent annuellement 4 à 6 % de leur production.

Conséquences : des délocalisations possibles

Pourtant, rien n’y fera. Gangrenée par sa métastase climato-gauchiste, les grands moralisateurs du PS, d’EELV ou autres LFI renchériront de haine, exhibant comme à leur habitude leur détestation des riches et de la réussite industrielle. En exigeant des banques européennes de ne plus investir dans les énergies fossiles et en ostracisant les petits porteurs qui s’y risqueraient, elles poussent de facto les compagnies pétrolières à se déplacer vers des horizons moins hostiles.

New York n’est probablement que la première étape d’une stratégie plus générale. Coté à Wall Street, TotalEnergies sera grandement tenté de déplacer son siège et ses salariés vers Houston pour y vivre en paix. Peu commentée dans des médias mais hautement symbolique, cette décision de la major pétrolière pourrait inspirer les autres têtes de Turc de l’extrême gauche que sont Bernard Arnault, Vincent Bolloré ou autres Carlos Tavares.

Ce départ ferait bien d’inspirer certains partis soi-disant de droite comme le Rassemblement national, qui continuent de défendre un logiciel économique absurde. Je pense, notamment, aux déclarations récentes du député Jean-Philippe Tanguy répétant en boucle, sur les ondes, qu’il fallait surtaxer les superprofits. M. Tanguy devrait apprendre qu’à l’ère du numérique, la délocalisation se fait en un clic.

Nota : ancien salarié de Total, Philippe Charlez n'a plus de lien avec l'entreprise pétrolière.

Picture of Philippe Charlez
Philippe Charlez
Ingénieur des Mines de l'École polytechnique de Mons (Belgique), docteur en physique de l'Institut de physique du globe de Paris, enseignant, membre du bureau politique de Identité-Libertés.

Vos commentaires

25 commentaires

  1. Et qui pourrait critiquer cette décision finalement ? Total Energie a encore l’honneur de quitter un pays qui ne l’aime pas. Pas comme certaines sangsues de France inter, qui vomissent, qui insultent à la France la traitant de racistes dégénérées et qui s’incrustent au pays des aides sociales plutôt que de prouver leurs convictions sincères et de s’envoler vers des cieux plus propices à leurs attentes.

  2. « D’autant que la passion française pour le socialisme a depuis toujours proscrit les retraites par capitalisation dans l’Hexagone. » Il est vrai que la tendance libéraliste clairement et ostensiblement prise depuis Sarkozy est une bénédiction pour notre économie et la qualité de nos services publics. Aucun système n’est parfait et tout n’est pas toujours mieux ailleurs.

  3. Il fallait s’y attendre, déjà il y a quelques années une filiale de total, avait mis tout à fait légalement son siège social en suisse. Nous sommes tellement bêtes, à moins que ce ne soit voulu, les milliards perdus par la France ne le sont pas pour tout le monde, donc nous préférons faire partir nos entreprises performantes et subventionner des entreprises étrangères, venant non pas s’installer en France pour créer des emplois comme l’a fait Toyota à Valenciennes, mais pour venir en tant que prédateurs, s’accaparer de ce qui reste de nos fleurons industriels. Dans ces opérations, les dessous de table sont fréquents et conséquents.

  4. Et qui va en pâtir , le peuple comme d’habitude . Ces gauchos qui s’enrichissent sur le dos du peuple , incapable de gagner leur vie en travaillant envie la fortune de certains , fortune qu’ils ont mérité eux , en bossant . Et dire qu’ils ont encore des électeurs , incroyable .

  5. Je suis un vieux papy, ayant longtemps été syndicaliste (pas à la CGT). J’ai longtemps pensé qu’un accord, intelligemment négocié valait mieux que toutes les « pancartes » brandies dans les « manifs ». Hélas, trois fois hélas, j’avais oublié la fameuse « lutte des classes ». Aussi, de délocalisations en fermetures de lieux de production, la lutte des classes, perdue par les pauvres les aura rendus de plus en plus pauvres.

    • Une autre façon de vendre nos fleurons…le harcèlement, la diffamation, la dénonciation (des autres bien entendu, jamais de mea culpa)..ont de beaux jours avec ce gouvernement

  6. Les grands groupes qui gagnent beaucoup devraient être vus comme une chance pour la France (prefererait-on des petits groupes déficitaires ???). Malheureusement ils sont vilipendés par la gauche bien sûr, par les écolos évidemment, mais aussi, plus grave, par une partie de la droite. Et cela a même pu s’entendre dans la bouche de MLP…

  7. Ce n’est pas grave, au Trocadéro nous aurons toujours nos MNA pour vendre des petites tours Eiffel made in china.

  8. A bon entendeur salut ! La France sans les entreprises du CAC40 c’est l’Espagne moins le courage des Espagnols. Et encore ! Ces entreprises du CAC40 sont détenues à 50% au moins par des intérêts étrangers. A qui la faute ? Pas de retraites par capitalisation, pas de fonds de pension, et fiscalité française, c’est à dire confiscatoire. Elles réalisent la majorité de leur CA et de leurs bénéfices à l’étranger. Si on veut les faire partir …. il suffit d’appuyer sur un bouton.

    • Tout à fait d’accord avec vous. Il est temps de redescendre sur terre et de se battre avec les mêmes armes que les autres

  9. ça sera bien mieux on reste entre chômeurs et assistés ! La France, enfin ce qu’il en reste est l’un des rares pays à chasser les riches et attirer les pauvres ! On voit le résultat !

  10. La CGT et M. Macron et ses récents prédécesseurs, quand on fera le bilan, cela mettra en évidence leurs actions sinon conjointes mais a minima parallèles pour désindustrialiser la France et même faire fuir nos entreprises quand elles ne sont pas carrément délocalisées dans leurs forces vives. Que l’État fasse son travail et mette en place des solutions pour que les français investissent dans leurs entreprises au lieu de rechercher sans cesse les moyens de les spolier.

  11. La France qui raisonne avec des œillères… tout en regardant son nombril… résultat = la descente (aux enfers?)

  12. Pour info : Carlos Tavares – groupe Stellantis – siège social Pays Bas donc il n’est plus en France ( Comme Air France – grouppe KLM )

    • Le siège du groupe PSA avenue de la grande armée, avait déjà été vendu il y a quelques années.

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