[Point de vue] Transition énergétique : des programmes politiques impossibles

@JKremona/Wikimedia commons
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Déjà très peu développée durant la campagne pour les élections européennes, la thématique écologie-énergie-climat est la grande absente de la campagne législative. Nous avons essayé de décortiquer les quelques éléments de programme des trois principaux blocs.

L'irréaliste Pacte vert européen de la majorité présidentielle

La majorité présidentielle est ancrée sur le Pacte vert européen et son objectif de baisser les émissions de gaz à effet de serre 2030 de 55 % par rapport à 1990. Dans un récent rapport, l’Institut Sapiens avait fortement critiqué cet objectif « irréaliste, injuste, insoutenable et inutile » (Pacte des 4i) et conseillé de ramener l’objectif à 40 %. Pour la France, la majorité présidentielle reste fidèle au discours de Belfort anticipant, à l’horizon 2050, une consommation de 930 TWh. Selon l’Institut Sapiens, pour maintenir une croissance minimum associée à une réindustrialisation du pays, il faut viser au moins 1.200 TWh, dont 800 TWh d’électricité. Par ailleurs, les puissances solaires (nous anticipons 70 GW, contre 100 GW) et éoliennes marines (15 GW, contre 45 GW) sont largement surestimées. En conséquence, avec les 14 EPR [réacteur pressurisé européen, NDLR], Sapiens anticipe un déficit de 200 TWh, compensé par des centrales à gaz.

La majorité présidentielle annonce également une baisse du prix du MWh électrique de 15 %, début janvier. Cette fenêtre de baisse est rendue possible grâce à la chute des prix de gros, au redressement de la production électronucléaire et hydraulique et à une consommation assez faible.

L'incohérence du Nouveau Front populaire

Alors qu’il se veut à la pointe de la transition écologique, le programme du NFP est désespérément pauvre. « Renforcer les filières françaises et européennes de production d’énergies renouvelables » apparaît peu crédible, quand on sait que l’accroissement des taux d’intérêt et des matières premières plombe financièrement les projets. Par ailleurs, le sujet non consensuel du nucléaire (PS et PC pour, EELV et LFI contre) est complètement éludé. Pour le NFP, il est urgent d’attendre ! EDF, qui est en train de lancer un gigantesque plan de formation et de recrutement (au moins 100.000 ingénieurs et techniciens), appréciera. Ce blocage ferait perdre à la France une décennie supplémentaire.

Le NFP souhaite bloquer les prix des produits de première nécessité, notamment les carburants, le gaz et l’électricité. Dans un monde ouvert, ce blocage conduirait à des pénuries sur le marché officiel et à un marché noir fortement inflationniste. Le NFP propose également de gonfler l’ISF par une « contribution climatique ». Bien que les détails ne soient pas connus, son assiette estimée à 15 milliards d'euros laisse supposer des taux marginaux supérieurs à 3 % par an. Pour la présidentielle de 2022, LFI s’était inspirée du scénario NEGAWATT projetant une consommation finale de 600 TWh à l’horizon 2050, soit la moitié de l’évaluation de Sapiens. Il s’agit d’un scénario décroissantiste rendant impossible toute réindustrialisation même partielle du pays.

Les impasses du Rassemblement national

Si le schéma prospectif du RN est radicalement opposé à celui du NPF, il n'est pas plus cohérent. Sa prévision de consommation d’électricité (notamment dédiée à l’industrie) est largement surévaluée, tandis que les consommations dans le bâti sont significativement sous-évaluées.

Faire l’impasse sur le solaire et l'éolien est aussi critiquable que les objectifs démesurés du plan gouvernemental. Le RN souhaite, pourtant, suspendre les subventions consacrées à l’éolien et au solaire qui, sous perfusion publique, signifierait clairement la « mort clinique » de la filière. Dans la mesure où la meilleure électricité pour produire de l’hydrogène vert est le surplus d’électricité décentralisée, cette stratégie est antinomique de l’ambition du RN d’investir massivement dans la filière H2.

Son plan de relance de la génération électronucléaire baptisé « Plan Marie-Curie » et consistant en la construction de 20 EPR entre 2031 et 2040 est irréaliste par son ampleur et son délai de mise en œuvre.

Si le RN a adouci sa position vis-à-vis du marché européen de l'électricité, il veut négocier une dérogation d’urgence avec l’Union européenne pour rapprocher les prix de l’électricité de ceux de la production française. Compte tenu des délais, l’utilité d’une telle dérogation est discutable dans la mesure où une modification des règles allant dans ce sens entrera en vigueur le 1er janvier 2025.

Mesure phare d’urgence en faveur du pouvoir d’achat, la baisse de la TVA à 5,5 % sur le gaz, le fioul, les carburants et l’électricité coûtera, en rythme annuel, 18 milliards d’euros à l’État. L’Institut Sapiens n’approuve pas cette mesure coûteuse qui, en retour, n’apportera que peu de pouvoir d’achat supplémentaire. Ainsi, la baisse de la TVA sur le gaz réduirait de 120 euros par an la facture moyenne d’un consommateur. Il s’agit, par ailleurs, d’un signal négatif en termes de réchauffement climatique.

Philippe Charlez
Philippe Charlez
Chroniqueur à BV, ingénieur des Mines de l'École polytechnique de Mons (Belgique), docteur en physique de l'Institut de physique du globe de Paris, enseignant, expert énergies à l’institut Sapiens

Vos commentaires

21 commentaires

  1. En résumé, vous critiquez, vous ne proposez rien. Or, avez-vous déjà entendu parler de cette voiture à moteur électrique inventée à Argenton sur Creuse (Indre), non polluante (pas de lithium, rien que de l’aluminium), d’une autonomie de 2.500 kilomètres, rechargeable en 90 secondes, d’un prix de revient kilométrique de sept centimes d’€ ? Impossible de contacter les médias et les politiciens (déconnectés).

  2. « Faire l’impasse sur le solaire et l’éolien est aussi critiquable que les objectifs démesurés du plan gouvernemental. » Arguments? « Les générations futures se demanderont avec une stupéfaction amusée pourquoi, au début du 21e siècle, le monde développé s’est plongé dans une panique hystérique à propos d’une augmentation globale moyenne de température de quelques dixièmes de degré, et, sur la base d’exagérations grossières, de projections informatiques hautement incertaines, combinées en déductions improbables, il s’est trouvé en face d’un recul de l’âge industriel. »
    Richard Lindzen, climatologue au M.I.T. et à Harvard.

  3. La commission européenne et tous les eurolâtres macronistes notamment font preuve en matière d’écologie d’une stupidité inexplicable. La commission impose aux états européens des obligations en matière d’écologie d’un coût extravagant qui se révêleront évidemment totalement inefficaces vu le poids négligeable de l’Europe dans les émissions de gaz à effet de serre supposés responsables du réchauffement climatique, en vertu d’une sorte de religion en la matière qui ne repose sur aucune donnée scientifique réelle. On attend toujours que nous soient démontrés les effets de l’activité humaine sur les quatre glaciations (!!!) de l’ère quaternaire, l’optimum climatique du moyen âge et le petit âge glaciaire des 16 et 17ème siècles : certainement le résultat des activités de coupe de bois et de feux domestiques des Néanderthaliens, puis d’une industrie florissante au moyen âge suivie d’une disparition sous Louis XIII et Louis XIV, suivie d’une réapparition fulgurante sous Louis XV ! Le grand n’importe quoi.

  4. Le réchauffement climatique quelle fumisterie tous cela pour nous prendre de l’argents,quand aux éoliennes et panneaux photos voltaiques qui ne servent à rien à part détruire les paysages seul les central nucléaires sont indispensable pour nous.

  5. Vive le nucléaire, simplement en restant en France, il a fait combien de victimes rien que par rapport au charbon (grand amateurs pour les Allemands) de l’exploitation des mines jusqu’aux poumons des Français. les éoliennes ne sont pas retables de part leur constructions jusqu’au rendement, Reste les hydroliennes abandonnées car ne faisant pas parti d’un Lobby industriel comme les éoliennes et le solaire discret mais de production intermittent. Une centrale nucléaire peut fonctionner pensant 40 ans minimum les autres renouvelable sont bien plus limitées en temps. Chois ton camp.

  6. Rien de nouveau sous le soleil ! Il suffirait de transformer tous ces politicards girouettes qui changent d’avis tous les jours, qui s’acoquinent avec ceux qu’ils prétendaient haïr hier, en éolienne et on n’aurait plus aucun problème d’énergie en France. Ils seraient même bien plus efficaces que les éoliennes dont le fonctionnement est quand même tributaire du vent. Là, leur petit cerveau suffit pour faire tourbillonner dans tous les sens.

  7. La France ne représente rien concernant les émissions de Co2 à l’échelle mondiale et cette quête coute « un pognon de dingue » comme dit l’autre (Macron), de même pour tous les pays européens, sauf l’Allemagne et son charbon, qu’elle à gardé en fermant ses centrales nucléaires suite à une grosse magouille de politicien.

    • Lisez « l’Obscurantisme vert » de Yves Roucaut. Nous somme dans le début d’une nouvelle ère glaciaire. Fonte de la calotte glaciaire, montées des eaux, inondations etc…Notre planète suit son petit bonhomme de chemin et n’en n’a rien à faire des humains qui ne sont pas responsables du « changement climatique » Les plus gros producteurs de CO2 sont les volcans qui en libèrent de manière perpétuelle en plus des éruptions occasionnelles.

  8. On arrête avec le réchauffement , foutaise pour nous prendre du pognon et nous culmabiliser pour rien . La plus grosse erreur fût la fermeture de Fessenheim . Le nucléaire , énergie propre et peu chère est la meilleure solution . Les allemands ont perdu deux guerres mais ont bel et bien gagné la troisième contre la France : faire fermer Fessenheim pour remettre en route leurs centrales à charbon et les élus ont validé .

  9. Mais qu’on arrête un peu avec ce « réchauffement climatique ». Tout prouve au contraire que les températures baissent, ce qui est plus dramatique qu’un réchauffement. Lisez pour cela « Le climat par les chiffres » de Christian Gerondeau. Tout ce qu’il faut c’est de relancer la recherche et de ne pas hésiter de sortir des chemins que les idéologues tracent.

  10. Ras le bol de toutes les âneries qu’on nous sert sur la transition énergétique et l’énergie verte. La seule solution valable est la construction de centrales nucléaires produisant de l’énergie bon marché et propre.

    • Entièrement d’accord. Le réchauffement climatique est l’arme dont se sert le système pour nous apeurer et nous culpabiliser pour mieux nous faire obéir. Les hommes de tous temps améliorent les performances sans qu’il soit besoin de les abrutir avec des propagandes qui visent juste à nous contraindre.

  11. Votre dernière ligne me fait bondir : le réchauffement climatique est un fait mais même en étouffant tous les Français sous leurs oreillers vous ne freinerez rien, donc, stoppez cette tentative de culpabilisation des français les écolos allemands brûlent du charbon et peut-être de là lignite.

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