[Point de vue] Ukraine : à l’Ouest, rien de nouveau
4 minutes de lecture
C'est un cimetière perdu au milieu des champs, à quelques pas d'un village du nord de la France. L'hiver, la brume étreint les dalles froides sur lesquelles un nom et une croix ont été gravés. Sur certaines, il n'y a aucun nom, juste une mention laconique : « Un soldat de la Grande Guerre. » Plusieurs centaines de jeunes hommes sont tombés ici, à la fin du mois de juillet 1918. En quelques jours.
Depuis, le temps a emporté avec lui le fracas des armes, le cri des hommes qui s’élançaient, la peur au ventre, vers l’ennemi et les hurlements des blessés couchés dans la boue. Un silence immense règne désormais sur cette plaine de Picardie. Ce fut une bataille parmi des centaines d’autres. Des morts parmi des millions d’autres.
Les survivants de cette Première Guerre mondiale s’étaient alors juré qu’elle serait la « der des der » car, à chaque génération, les hommes se promettent de retenir les leçons des tragédies qui les broient.
Le 11 novembre dernier, Élisabeth Borne s’est rendue en Picardie afin de présider la célébration de l'armistice qui avait mis un terme à ce terrible conflit, sur le lieu de sa signature, dans la clairière de Rethondes, en forêt de Compiègne. Elle n’était pas venue célébrer la paix mais justifier la guerre. « Les mémoires de la Première Guerre mondiale et celles de l'entre-deux-guerres sont plus actuelles que jamais », proclamait le Premier ministre. Dans son viseur, ce jour-là, la Russie, bien entendu, mais aussi les « prétendus patriotes ». Ceux qui « confondent l'amour de la France et le rejet de l'autre », ceux qui font du repli sur soi leur idéal et qui « sont prêts à brader nos valeurs pour une paix factice ».
Pas de paix, donc, mais la guerre. Une guerre juste qui doit aboutir au triomphe du bien sur le mal. Une guerre qui ne se discute pas et qu’on laisse à d’autres le soin de faire. Comme Ursula von der Leyen, et comme la plupart des dirigeants européens, Élisabeth Borne parle le langage de l’idéologie. Un langage sans nuances. Un langage en noir et blanc qui méconnaît les zones grises, celles où pourtant se cachent les chemins de la diplomatie.
Que se serait-il passé en 1962, alors que débutait la crise de Cuba qui menaçait de plonger le monde dans l’apocalypse nucléaire, si Kennedy avait écarté l’option diplomatique ? Serions-nous encore là pour en discuter ? L’idéologie de la guerre froide était pourtant, elle aussi, sans nuances. Cependant, contrairement à Élisabeth Borne, Kennedy avait fait la guerre. En 1943, dans une lettre à sa petite amie de l’époque, il écrivait : « C’est facile de parler de la guerre, de parler de victoire sur les Japs, même si cela prend des années et un million de vies, mais tous ceux qui parlent comme ça devraient sérieusement réfléchir à ce qu’ils disent. On a tellement l’habitude, maintenant, de parler de milliards de dollars et de millions de soldats, que des milliers de victimes semblent une goutte dans l’océan. »
Kennedy, devenu président, avait été très marqué par la lecture de The Guns of August, de Barbara W.a Tuchman. L’ouvrage, paru en 1962, décrivait les étapes qui avaient conduit à la Première Guerre mondiale. Il se distinguait des habituels récits manichéens en soulignant les erreurs d’analyse et les perceptions souvent faussées des principaux acteurs du drame qui allait conduire des millions d’hommes à la mort.
Lors de la crise de Cuba, Kennedy avait eu cette réflexion : « Je ne vais pas suivre un chemin qui permettra à quiconque d'écrire un livre comparable à cette époque. Les Missiles d'Octobre. Si quelqu'un est là pour écrire après cela, il comprendra que nous avons fait tous les efforts pour trouver la paix et tous les efforts pour donner à notre adversaire une marge de manœuvre. » Kennedy se méfiait des militaires et des faucons qui le poussaient à attaquer. Il comprenait faire face non pas à un problème militaire mais à un problème politique. Et c’est en se situant à ce niveau qu’il était parvenu à sortir de l’impasse qui allait précipiter le monde vers ce qu’il appelait l’« échec final ».
Pour mettre un terme à la crise et éviter qu’elle ne dégénère en une guerre totale, Kennedy avait accepté de retirer les missiles américains positionnés en Turquie contre le retrait des missiles soviétiques de Cuba. Soixante ans plus tard, le monde se trouve à nouveau au bord de l’abîme. À l’image d’Élisabeth Borne, les dirigeants européens enchaînent les déclarations martiales et ne semblent pas douter un seul instant d’une victoire prochaine sur la Russie. A l’Ouest, rien de nouveau.
Thématiques :
Guerre en UkrainePour ne rien rater
Les plus lus du jour
LES PLUS LUS DU JOUR
Un vert manteau de mosquées
37 commentaires
Il est scandaleux de confier le sort d’un conflit international à des gens qui n’ont même jamais été soldats ni n’ont fait aucun service militaire (Borne, VanderLeyen, Macron,..). C’est comme ceux qui décident de comment éléver les gosses alors qu’ils n’en ont pas eu ou ne les ont pas élevé eux-même (Rousseau en a été le 1er avec l’Emile)
oui
Comme nous en a averti Trump, tout ce que touche Macron devient de la m*rde. Ils ne respecte rien. ils saccagent tout
La gauche va t’en guerre comme toujours. Il y a ceux qui décident les guerres et ceux qui les font … ce ne sont jamais les mêmes ! C’est une constante de la gauche française que d’envoyer les soldats français dans des conflits au nom des bons principes tout en critiquant ceux qu’ils appellent les patriotes ! L’incompétence et l’incohérence au pouvoir …
Une guerre n’est jamais juste, mais toujours stupide…L’Ukraine en est un exemple entre autres. Que faisons nous dans cette galère ? L’UE a pris des sanctions contre la Russie ;pourquoi, on n’en sait rien… Ce que l’on sait par contre, c’est que nous en sommes les principales victimes ;les Russes, eux ils s’adaptent.
On attend quoi, des bombes ou des missiles sur Paris ?
Lamentable discours de donneurs de leçons patentés.
Il y a le patriotisme de micro,ici c’est le cas et le patriotisme de cœur ceux qui sont souvent rejetés par ces castes d’érudits sortis des grandes écoles. Plus ça va plus c’est ridicule et pathétique.
Ce 11 novembre 2022, les soldats de la grande guerre sont morts une deuxième fois sous les propos infâmes de celle qui de part son rôle était censée leur rendre hommage et saluer leur mémoire. Au lieu de cela nous avons eu droit à un déballage ignoble d’une politiquarde venu étaler sa haine du peuple Français. Quelle aille au diable !
Dans ce conflit Ukaine/Russie la neutralité des français, je dis bien du peuple français ne devrait-elle pas s’imposer ? Nos dirigeants tentent de cacher leur impéritie primaire, leur incapacité à négocier préventivement afin d’éviter ce conflit, en souhaitant nous entrainer dans leurs déviances avec la complicité de beaucoup de nos médias. Si la Russie sera peut-être affaiblie par les sanctions, l’Europe le sera beaucoup plus car elle a supporter les suppléments de l’immigration massive, sa désindustrialisation son réarmement et son approvisionnement en énergies. Ce conflit pouvait être évité mais les Européens se sont laissés guider par les Etats-Unis à qui profite le « crime ». Endommagement de la Russie certes mais aussi et surtout, renforcement du déclin de l’Europe notamment de la France de plus en plus sous tutelle . En bons souverains, ils ont plié. Même le conflit ouvert, les massacres pouvaient être évités. Il suffisait de déclarer Ukraine pays ouvert. Les négociations pouvaient ensuite aboutir au retrait des troupes Russes de certains territoires. Car en final, c’est ce vers quoi ils se dirigeront mais à la suite de milliers de morts et de destructions massives.
A chaque guerre on a toujours les mêmes incapables et bien sur on se prend une rouste.
Au début, pas à la fin, sauf l’Indochine où les américains étaient à le manœuvre pour détruire l’empire colonial français.
Cette guerre sonne le glas de l’Europe. C’est la fin d’une Europe de l’Ouest qui aurait pu profiter des matières premières de la Russie, c’est la fin d’une Russie enfin arrimée à l’Europe pour profiter de son savoir faire et de ses technologies, et d’une Europe de l’Est qui aurait été le coeur de cette nouvelle entité. L’Amerique est vraiment l’empire du mal, du fric mal acquis, des coups fourrés pour se débarrasser de ses amis comme de ses ennemis.
« les « prétendus patriotes ». Ceux qui « confondent l’amour de la France et le rejet de l’autre », ceux qui font du repli sur soi leur idéal et qui « sont prêts à brader nos valeurs pour une paix factice ». » Madame Borne mesure t elle l’incohérence de ces propos? En Ukraine les patriotes se battent pour défendre leurs frontières et rejettent les Russes. Quand aux Russes, ils veulent protéger leurs frères qui sont en Ukraine et qui ont subi des exactions de la part du Régime Ukrainien mis en place par l’Occident. La France et l’Allemagne n’ont pas fait appliquer les accords de Minsk et c’est là leur principale faute.
Oui, et nous n’avons rien à faire dans cette guerre qui ne nous concerne pas.
Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises guerres ;elles sont toutes stupides.
Était il indispensable d’installer des bases de l’Otan en Ukraine ;non… Et si nous nous engagions dans cette voie, pouvions nous craindre une réaction de la Russie ;oui.
Vous avez dis l’essentiel. Je partage.
« La France et l’Allemagne n’ont pas fait appliquer les accords de Minsk et c’est là leur principale faute. »
Vous avez tout à fait raison!
Les deux pays s’y étaient engagés.
Sans doute pour la frime?
Maintenant, la France s’était engagée, comme les autres pays, à ne plus fabriquer de mines anti personnelles et à détruire celles qui lui restaient.
Eh bien, on les retrouve dans les munitions offertes à l’Ukraine.
J’ai honte de mon pays.
Une chose est sure dans ce pays, on connait l’ennemi !
Mon grand-père était à l’époque trop jeune pour partir comme poilu… Mais il avait un frère et 5 (premiers) cousins…
Mon grand-père fut le dernier de sa famille à survivre WWI, les 5 autres n’eurent que la boue de Picardie pour linceul.
Décédé à 106 ans, ses souvenirs étaient toujours accompagnés de larmes.
Je crains que les souvenirs de Von Der Leyen, de Borne, Macron et compagnie ne soient que des larmes de crocodile versées sur leur propre sort.
Ces gens-là ne méritent pas notre respect.
+++
Entièrement de votre avis.
Ils risquent d’avoir très chaud, là où ils vont se retrouver lorsqu’ils ne seront plus de ce monde.
Pas de problème avec les pénuries de combustible. ;-)
Mon Dieu mais comment est-ce possible d’avoir au gouvernement de la France cette équipe de niais ? Faut-il donc que le français soit devenu aussi stupide? Je n’ai pas d’autre explication.
Encore une qui se prétend « descendante de l’esprit gaullien » ! … Qu’attendre de « ces petits costumés » grâce à nos impôts ? RIEN ! … Ils s’engraissent sans vergogne et viennent nous dirent de « mettre un pull » ou « éteindre la lumière d’une pièce que nous quittons » … Les CONS ça ose tout, c’est à « ça » qu’on les reconnaît …
Cette fonctionnaire a dépassé « les bornes » depuis bien longtemps et sera encore un peu plus à notre crochet depuis que ce « premier de cordée » l’a mise à Matignon ! …
Y en a marre de ces « coucous » qui viennent des mers mais aussi de « l’intérieur » … Stop ou encore ?
2 ministres, 2 secrétaires d’état… pas moins, un retard de 1h30 avant le début de la cérémonie, des enfants de 10 à 12 ans dans le froid glacial… Trois croix de la Légion d’honneur furent remises lors de cette cérémonie, pour quelles raisons ? Le bas-peuple aurait bien aimé le savoir mais n’en sait toujours rien. Quant aux accolades faisant partie du protocole de remise, on les attend encore de la part d’Elisabeth Borne, elle-même pourtant déjà décorée de la Légion d’honneur et du Mérite national… Quant au discours, décalé un jour de 11 novembre, Elisabeth Borne a tout simplement oubliée que dans les tranchées, la droite et la gauche étaient unies jusque dans la mort pour défendre une cause qui les dépassait… On aurait dit que les décideurs parisiens étaient de sortie chez les bouseux qu’ils méprisent…
La ponctualité n’est pas leur fort ! Cela montre bien leur manque de respect et leur mépris !
Quant aux commentaires, nous nous rejoignons tous ! Mais que faire pour changer cette situation ! Une destitution, un renversement de l’Etat par l’armée, une révolution ?
Forcément, la politesse est l’apanage des rois.
Eux ne sont que des valets des USA!
Il eut fallu quitter les lieux après 30 minutes d’attente et les laisser entre eux !
++++