[POINT DE VUE] « Ultra-droite », nouvel épouvantail sémantique en marche

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Il y eut la droite, qui était le cauchemar de la gauche des temps anciens, aujourd’hui devenue bien-pensance ordinaire, et qui représentait l’exploiteur, le méchant, le raciste, le colonialiste, le catholique intégriste et tout ce qu’il y a de pire en ce monde.

Mais à force de gouvernements de droite qui faisaient la même chose que ceux de gauche, lesquels faisaient la même chose que ceux de droite, on finit par s’habituer. Le mot de droite perdit tout son sens, il n’était plus qu’un sucre d’orge politique pour enfant sage et, même (preuve suprême), il participerait au front républicain, dernier rempart de la démocratie.

À force de crier au loup...

Car alors vint l’extrême droite, qui était pire que l’ancienne droite devenue on ne savait trop quoi. Et tous les jours de toutes les semaines, à la moindre occasion et du matin au soir, on criait à la montée de l’extrême droite, qui était un peu la droite des origines, une sorte de gaullisme ressuscité, que lesdits gaullistes avaient abandonné. Et son évocation seule suffisait à faire trembler l’électeur. Comme on avait tremblé lorsque de Gaulle avait pris le pouvoir en 58 et qu’il avait répondu à un journaliste : « Pourquoi voulez-vous qu’à 68 ans, moi qui ai rétabli les libertés publiques, je commence une carrière de dictateur ? »

Mais le problème des mots, c’est qu’à force de les rabâcher à tout propos, ils perdent leur sens et toute leur force et leur saveur. C’est l’histoire de l’homme qui ne cesse de crier au loup et ce loup ne vient jamais. À la fin, plus personne ne le croit et on voit bien qu’il prend les gens pour des imbéciles, avec son loup.

Au-delà du réel

Alors, les gouvernements et les médias bien-pensants, qui n’arrivaient plus à faire peur avec l’extrême droite, inventèrent l’ultra-droite. L’ultra-droite, c’est encore pire que l’extrême droite et que les fascismes les plus imaginaires à l’usage du gogo français. L’ultra-droite, c’est indescriptible, c’est tellement horrible qu’on ne peut même pas dire ce que c’est. Au point que personne ne le sait vraiment. C’est au-delà du réel. C’est l’indicible dans l’épouvante, une sorte de « Dracula cha-cha-cha » qu’à peine on le prononce, un frisson glacial parcourt les plateaux de télévision, les cages à perroquets et les réunions parlementaires de LFI.

Et, face à la déroute de sa politique, si tant est qu’il y en ait une, et le coup du Kärcher™ ayant fait long feu, le gouvernement actuel, son Darmanin, sa Borne, ses Dupond, ses Moretti et ses perroquets médiatiques adoubés, qui ne savaient plus que dire, après l’assassinat d’un gamin de 16 ans à Crépol, et la multiplication des coups de couteau un peu partout, et jusque dans les lycées ou près de la tour Eiffel, ce gouvernement alluma le contre-feu de cette nouvelle épouvante : le danger de l’ultra-droite.

Et après ?

Que des émeutes issues d’une diversité dite Mattéo mettent à feu et à sang le pays pendant quinze jours, on essaie de comprendre et tous les politologues de France se penchent sur cette problématique. Mais qu’un groupe de Français en colère, face à toutes ces dérives et un état de face-à-face prédit par le socialiste Collomb, descende dans la rue, et l’on parle aussitôt d’ultra-droite et l’on dissout à tout va. L’ultra-droite est partout !

L’ultra-droite, c’est l’excuse du déni, la culture de l’autruche, c’est la tartufferie dans la sémantique. Mais lorsque ce mot, à force d’être répété, va se galvauder à son tour et ne sera plus qu’un synonyme de l’ancienne droite devenue gauche-bobo, quel mot le gouvernement et ses médias aux ordres vont ils trouver : la giga-droite, la droite Nosferatu, la super-droite, l’extra-droite, l’hyper-droite, l’outre-droite ou peut-être, même, la droite pour les nuls ?

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Jean-Pierre Pélaez
Auteur dramatique

Vos commentaires

21 commentaires

  1. Idem pour nos hôtes étrangers, jadis « clandestins », donc délinquants. Ils sont devenus «émigrés», puis «immigrants», puis « sans-papiers » (comme si on les leurs avait piqué), puis simplement « migrants ». Des gens qui bougent, quoi. Des sortes de « gens du voyage »… Enfin des «réfugiés demandeurs d’asile» venant de pays où pourtant tout va bien… Demain on les appellera « touristes ».

  2. Déjà, l’ultra droite n’a de sens que s’il y a une ultra gauche. Or, dans la sémantique des médias mainstream, l’extrême gauche est déjà difficile à nommer (difficile de se nommer soi-même). Ensuite, il me semble que l’ultra droite est née du fait qu’on nommait effectivement à peu près tout et n’importe quoi extrême droite. Du coup, quand on était face à la vraie extrême droite (celle qui est tentée par la violence), alors il fallait trouver un terme plus fort. La réalité c’est que ce qu’ils nomment ultra droite, c’est l’extrême droite, c’est à dire une droite de tendance monarchiste, réactionnaire, potentiellement violente et antiparlementaire (voire antisémite ?). Et ce qu’ils nomment extrême droite, n’est que la droite telle qu’était le RPR, le gaulisme… Sauf que ça ne leur convient pas car ça ne fait peur à personne.

  3. Il n’y a rien au-delà de « extrême », car il est à l’extrémité. – – – – – Ainsi, il y a la droite, puis l’ultra droite, puis l’extrême droite (c’est la même chose avec la gauche, évidemment). – – – – – Par exemple : E. Zemmour est de droite (il le revendique et admire Napoléon), E. Macron est d’ultra droite (il est élitiste, favorisant son aristocratie mondialiste richissime au détriment du peuple), l’Union d’Européenne est d’extrême droite (c’est une machine totalitaire, entièrement dédiée à être le bras armé des mondialistes pour exploiter tous les peuples en dominant les Etats qui sont, eux seuls, les protecteurs de la démocratie).

  4. A force de les rabâcher les mots à tout propos, ils perdent leur sens et toute leur force et leur saveur ? ? Pour les gens éveillés oui. Mais pour la masse au contraire le rabâchage est la base des endoctrinements communiste, fasciste, nazi, poutiniste, islamiste, mondialiste, bruxelliste

  5. « L’ultra-droite, c’est encore pire que l’extrême droite et que les fascismes les plus imaginaires à l’usage du gogo français ». En réalité, comment reprocher à ceux qui n’ont guère d’autres qualités que celle de savoir abuser des mots, de profiter de l’indigence intellectuelle de leurs contemporains ? En effet, ces « abuseurs » qui transpirent la médiocrité ne seraient rien s’il n’existait pas autant d’indécrottables gogos. Manipuler des foules n’ayant pour toute base de raisonnement que le pré-maché dont on imprègne leurs cervelles au quotidien n’est possible que parce que trop nombreux sont ceux qui trouvent aujourd’hui plus reposant de faire le perroquet plutôt que de réfléchir.

  6. Dans mon livre « Économie ou socialisme: il faut choisir », je donne, grâce au test Lewino et à l’interprétation que j’en fais, un éclairage que je pense définitif sur le vocabulaire politique.
    On comprend le différences entre Franco et Salazar, d’un côté, et Hitler et Mussolini, de l’autre.
    Plus proches de nous, on comprend en quoi Orban et Salvini différent de Hitler ou Mussolini.
    On comprend en quoi Trump et Bolsonaro different de Orban et Salvini.
    Seule la Droite est compétente pour gouverner, mais pas n’importe quelle droite.
    Mon livre est publié par un éditeur de droite, Godefroy de Bouillon,, et ce n’est pas un hasard!
    Bonne année 2024 (à la lumière de mon livre!)!

  7. Ils se répètent de mots nous survivons de leurs causes ! Ils se savent perdus ils paniquent et les mots n’y changeront rien mais ne nous y trompons pas ils seront prêts à tout pour garder leurs pouvoirs. « Bon appétit, Messieurs ! Ô ministres intègres ! Conseillers vertueux ! Voilà votre façon de servir, serviteurs qui pillez la maison. »
    Victor Hugo — Ruy Blas, III, 2, Ruy Blas

  8. Mon cadeau de Noël : alors que mes enfants ne comprennent pas mes opinions politiques et sociétales, mes petits-fils de 18 et 16 ans les partagent et les expriment clairement. Tout n’est peut-être pas perdu

    • Bien vu Migo, pour moi c’est presque pareil ! Je n’ai qu’une belle file qui erre (sur 8 enfants et beaux enfants) mais les petits enfants (11) ne veulent pas de ce monde.

  9. Ce sont les ultra lâches, qui traitent tout ce qui n’est pas « pastèque » d’ultra droite, mais à force d’utiliser ce mot il va se banaliser et il faudra trouver quelque chose de plus fort, peut-être « méga », comme leur connerie.

  10. Alors que l’ultra-gauche , elle, a déjà un bilan en heures de programmes info , vitrines cassées et magasins pillés , saccages de bâtiments et matériels publics , blessés et dégâts collatéraux dans les manifs et les forces de l’ordre ,qui n’en est pas un, prises pour cible ,blessées , pas que dans leur orgueil , en ITT souvent , pire quelquefois . La chienlit ordinaire, quoi ! Se faire prendre à revers par l’ultra-droite ? N’y pensez même pas !

  11. Ils peuvent crier au loup et l’appeler comme ils veulent les français y adhèrent de plu en plus et ils sentent le pouvoir leur échapper ce qui est une excellente nouvelle . Nous c’est bien l’extrême gauche qu’on ne supporte plus . Cette gauche qui a vendu ce pays , détruit ce pays , celle là on va la dégager .

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