[Point de vue] Une messe pour Charles Maurras
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Charles Maurras n’est pas dans ma bibliothèque, je ne l’ai pas lu et je n’ai aucune intention de le lire. Erreur ou pas, tant d’autres livres d’autres auteurs me semblent prioritaires ! Je n’ai donc pas d’opinion sur la qualité de sa prose et j’ignore si l’odeur de soufre qu’il véhicule dans l’Église catholique doit encore persister, 70 ans après son trépas. Je n’ai pas de problème avec le monarchisme et l’antimaçonnisme, mais tout antisémitisme, toute xénophobie me répugnent. Si ses écrits ont séjourné à l’Index, ils en sont ressortis en 1939. Dieu seul est infaillible pour sonder les cœurs et les reins, et peut déterminer si Charles Maurras avait assez de talent pour « entrer dans la joie de son maître » (Mt 25, 14-30).
Les fidèles peuvent faire dire des messes à des intentions particulières comme, par exemple, pour un défunt. Le prêtre et les fidèles présents joindront cette intention à celles plus générale de la célébration. Ce n’est pas un coût exorbitant, l’offrande conseillée par la Conférence des évêques de France étant de 18 €. Tout pécheur a besoin que l’on prie pour lui. Charles Maurras aussi, tout comme moi.
Une personne a demandé à la paroisse Saint-Roch de Paris de dire une messe, le 16 novembre dernier à l’intention de Charles Maurras, sans doute pour les 70 ans de sa mort. L’abbé Thierry Laurent, curé de la paroisse, a dit cette messe.
Le 10 décembre, une réprimande était adressée à l’abbé Thierry Laurent par Mgr Michel Gueguen, vicaire général. Le prélat acte d’un désaccord : il affirme que cette messe avait « un contenu politique déplacé et provoquant », ce que le curé conteste. Il relève, en outre, que cette messe aurait suscité l’étonnement, voire le scandale, chez des fidèles. Elle invoque comme source de droit l’obligation faite aux prêtre de « maintenir la paix et la concorde fondée sur la justice » (CIC 287 § 1), la responsabilité qui incombe au curé sur sa paroisse (CIC 519) et, pour la sanction du scandale par réprimande, le CIC 1339 § 2.
Ne pas approuver la célébration d'une messe (demandée par une parente) pour le rachat et le repos de l'âme d'un mort, ça doit être un nouveau concept... pastoral...
A moins que d'aucuns ne croient pas ou plus à la force du sacrifice propritiatoire de la messe... Allez savoir... pic.twitter.com/9dnY6byC5s— Guillaume Bernard (@GB_GBernard) January 2, 2023
Quelques réflexions en vrac
Si Charles Maurras a beaucoup péché, comme il est une créature aimée de Dieu, il convient que ses frères en humanité prient beaucoup et sincèrement pour lui.
Peut-être s’est-il dit pendant la prédication lors de cette messe quelque chose de scandaleux. Si c’est le cas, c’est pour ces propos scandaleux identifiés comme tels de façon explicite dans des attendus que l’abbé Thierry Laurent pourrait être sanctionné. Il me semble qu’infliger une sanction parce que le défunt aurait l’heur de déplaire à des fidèles ou à l’épiscopat, c’est instituer une discrimination au sein de l’Église. Encore une fois, la gouvernance de l’Église est piètre et pitoyable. Sa cohérence peut elle aussi être battue en brèche : deux mitres pour célébrer les obsèques de Valéry Giscard d’Estaing, n’est-ce pas faire beaucoup d’honneur au responsable de la dépénalisation de l’avortement ?
Le scandale de dire une messe pour Charles Maurras peut être mis en perspective avec quelques passages évangéliques : la rencontre de Jésus avec la samaritaine (Jn 4), celle avec la femme adultère (Jn 8) ou avec le bon larron crucifié avec Lui (Lc 23). Est-ce aux fidèles de la paroisse Saint-Roch de Paris ou à l’épiscopat parisien de dire quelles sont les brebis égarées à sauver et celles que l’on peut négliger (Mt 18) ?
Quant au scandale qui ferait se pâmer d’émotion les hypocrites qui ne sont pas dans l’Eglise mais tentent de lui dicter son magistère et sa conduite, il me semble opportun de les envoyer gentiment se faire rôtir le fessier, mais non sans leur rappeler que des catholiques prient pour eux et pour leur salut, ainsi que pour les nocifs qui nous imposent de vivre dans ce siècle où toute vie spirituelle est honnie.
L’abbé Thierry Laurent demandait à ses paroissiens de garder « toute mesure dans la réaction qu’ils pourraient en avoir ». Il y a trop longtemps que je ne suis plus ce paroissien très occasionnel des mercredis midi à Saint-Roch, mais j’espère avoir respecté son injonction, sans pour autant me taire ni vouloir offenser personne. Mehr Licht[1] !
[1] « Plus de lumière ! » (derniers mots prononcés par Johann Wolfgang von Goethe)
21 commentaires
On aimerait connaître la teneur du prêche du P. Laurent qui célébrait cette messe. Il est peu probable que les quelques personnes présentes probablement tous des maurrassiens convaincus l’aient transcrit ou enregistré. Alors comment le diocèse peut il parler de contenu « déplacé et provocant »
A moins qu’un espion du diocèse se soit déplacé dans le but unique de cafter et de semer la m… ?
Une messe en sa faveur aurait sûrement amusé Charles Maurras qui était plutôt un mécréant en matière de religion et dont plusieurs des livres avaient été mis à l’index par le Vatican.
En effet, un vrai paradoxe que le blâme infligé par la hiérarchie de ce curé. Etre plein de miséricorde, n’est-ce pas l’enseignement de l’Eglise ? On ne peut comprendre l’attitude de cet évêque. Sûrement que Benoît XVI, de son vivant, lui aurait rappeler ce concept théologique. Mais on le sait, tout se perd aujourd’hui dans la médiocrité de gens ignorants.
Mon père, très au courant en matière religieuse, disait qu’une messe pour les morts ne sert à rien, il faut la dire avant le trépas. Mais c’est je suppose une messe de souvenir, d’action de grâce. A fait, si on avait dit des messes pour Hitler du vivant de celui-ci, histoire qu’il devienne un peu sensé,est-ce que…?
Le clergé a de longues heures pour méditer sur la charité chrétienne. Pardonnez leurs, ils ne savent pas ce qu’ils font.
Pardonnez-leur, merci. Et tout à fait d’accord avec vous !
Comment l’Eglise peu à peu se suicide ..C’est encore un sujet de désolation !!!
Devant le vide sidéral dans nos églises la hiérarchie ecclésiale fait encore et toujours dans le politiquement correct. l’Église est affaires d’hommes la Foi est affaire de Dieu !!
L’Abbé a eu raison de célébrer cette Messe, beaucoup parlent de Maurras, peu l’ont lu, je résumerais la réaction de l’évaiché par cette phrase de Maurras: »toute action qui n’est pas pensée n’est que de l’agittation ».
agitation;
évêché;
pensée : rapide/expéditive, ou mûrie /lente ?
Sinon : oui, l’abbé a raison.
« l’évêché »…merci de bien vouloir corriger.
Cette Église continue patiemment de creuser sa tombe ! Comble de courage, le Vicaire-Général ne cite pas le nom de Charles Maurras ni n’explicite le « contenu politique » lié à cette messe. Les messes pour les victimes de la guerre du Vietnam, régulièrement évoquée dans les années 70′, n’avaient quant à elles aucun contenu politique…
tout autant que les intentions de prière pour les migrants-envahisseurs musulmans perdu en mer … entre le bateau des passeurs et celui des ONG.
De façon plus simple nous avons la confirmation d’une Église préférant se vautrer dans les déchets d’une société décadente plutôt qu’honorer un grand auteur français.
Une messe pour Johnny mais pas pour Maurras ? « »
» Seigneur, endormez-moi dans votre paix certaine
Entre les bras de l’Espérance et de l’Amour.
Ce vieux cœur de soldat n’a point connu la haine.
Et pour vos seuls vrais biens a battu sans retour. »
Charles Maurras, La Balance intérieure (1952, Prière de la fin)
Excellent !
Une messe pour Johnny mais pas pour Maurras ? « »
« » Seigneur, endormez-moi dans votre paix certaine
Entre les bras de l’Espérance et de l’Amour.
Ce vieux cœur de soldat n’a point connu la haine.
Et pour vos seuls vrais biens a battu sans retour. » »
Charles Maurras, La Balance intérieure (1952, Prière de la fin)
Vous avez raison : tout pêcheur a droit à des efforts pour sa rédemption .Et qui dit que Maurras était pècheur ? c’est celui qui dit qui y’est
Quand on voit le manque de courage et de discernement de la hiérarchie de l’Eglise sur les vrais scandales, il y a de quoi être écoeuré par cet aplatissement devant le politiquement correct. Un certain nombre d’évêques sont des mondains soucieux de plaire au monde. Hélas.
Mais il reste des curés intègres à soutenir.
+++
Oh oui, il reste des curés intègres non écoutés ; prions ardemment pour eux !