Polémique des otages : Loiseau apporte sa petite graine au débat

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La polémique enfle, comme on dit, au sujet des deux touristes dont le sauvetage a coûté la vie à deux officiers mariniers. La droite et l’extrême droite sont accusées de faire de la récupération, notamment en critiquant l’accueil présidentiel à Villacoublay, donc, cela devient forcément de la mauvaise polémique.

Chacun examine à la loupe la cartographie de la région où les deux hommes ont été enlevés : zone rouge, pas zone rouge, zone orange, depuis quand ? Comme si l’on voulait trouver des excuses aux deux gugusses. Pourquoi ? L’un d’eux n’a-t-il pas reconnu qu’ils auraient dû « prendre davantage en considération les recommandations de l’État » ? Comme si, aussi, on voulait légitimer la décision présidentielle, puisque c’est lui et lui seul qui est responsable de cette intervention. Sur ce point, il n’y a pourtant pas à discuter : il fallait y aller. De la même façon que les gendarmes de haute montagne risquent leur vie en allant chercher des alpinistes imprudents.

Polémique sur l’accueil, aussi. On nous invente tout d’un coup une sorte de « tradition républicaine ». Des otages reviennent sur le sol de la mère patrie, le Président doit être à la descente de l’avion. Il y a l’habitude – notamment en période électorale – et il y a les circonstances. Sur ce point, on a le sentiment – mais on peut se tromper – que le Président a réalisé après coup l’erreur qu’était d'accueillir les deux otages. Deux héros on laissé leur vie pour sauver deux blaireaux : c’est ainsi que la chose est résumée, virulence des réseaux sociaux aidant. Le Président a vu son erreur, mais trop tard. D’où le service minimum, d’où la gueule des mauvais jours sur le tarmac, d’où l’absence d’embrassades.

La polémique enfle et Nathalie Loiseau, interrogée dimanche au « Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro », sur ce sujet, a voulu l’éteindre. Pas certain qu’elle y ait réussi, compte tenu de ses propos. « Le risque, si on le connaissait à l’avance, personne ne le prendrait », a-t-elle déclaré, dédouanant en quelque sorte les deux otages. Énormité de ces propos, à bien y réfléchir. C’est quoi, alors, ces skieurs qui franchissent les barrières sur lesquelles est placardé le risque d’avalanche et qui se lancent dans une course hors piste en toute connaissance de cause ? C’est quoi, ces baigneurs qui se contrefoutent que le drapeau soit orange sur la plage ? C’est quoi, ces automobilistes qui prennent le volant avec plusieurs grammes d’alcool dans le sang ? Et l’on pourrait multiplier les exemples de la vie courante. Il est vrai que Mme Loiseau, dans sa carrière toute tracée, ne semble pas avoir pris beaucoup de risques et que, si elle avait connu à l’avance ceux de cette campagne des européennes, elle n’aurait peut-être pas pris celui de s’y lancer !

Et l’ancien ministre des Affaires européennes de poursuivre : « Les deux otages ont dit leurs regrets, ont dit leur imprudence », ce qui, d’une certaine façon, contredit ce qu’elle venait de dire. L’imprudence n’est-elle pas le contraire de la prudence, c’est-à-dire l’attitude qui consiste à peser à l’avance ses actes ? Pour clore la polémique, Nathalie Loiseau conclut : « Ils vont vivre avec ça toute leur vie. Je crois que ça suffit. » Les deux officiers mariniers, eux, sont morts.

Au fait, Nathalie Loiseau évoque les regrets des deux otages. Regrets ou remords ? Des randonneurs décident de faire, demain, une course en montagne. Que dit la météo ? Mauvais temps. Que fait-on ? Version regrets : on n’y va pas. Le lendemain matin, tempête de ciel bleu au réveil. Dommage. Des regrets qui passeront avec le petit déjeuner. Version remords : mauvais temps ? Tant pis, on y va quand même, on verra bien. Et c’est le drame. Et des remords pour la vie.

Nathalie Loiseau aura-t-elle des regrets ou des remords de s'être lancée dans cette course des élections européennes ?

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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