Porno en ligne : la justice refuse d‘en bloquer l’accès aux mineurs
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PornHub, Tukif, YouPorn, XHamster, XVideos et autres sites de contenus à caractère pornographique sont, on le sait, en accès libre : n’importe quel adulte, mais surtout n’importe quel enfant, peut y accéder, voir des vidéos et ainsi aliéner durablement son imaginaire, sa sensibilité et son affectivité. La violence des images ne peut être sans incidence sur de jeunes âmes. Balancer à la figure d’adolescents des images de pratiques sexuelles violentes et dévoyées, alors même que leur personnalité, leur vision du monde et leurs rapports aux autres sont en construction, voici ce que les associations de protections de l’enfance e-Enfance et La Voix de l’enfant ont voulu dénoncer et stopper.
En assignant en justice, le 9 septembre dernier, les principaux fournisseurs d’accès à Internet comme, entre autres SFR, Orange, Bouygues ou Free qui rendent, de fait, les contenus pornographiques accessibles aux mineurs – la simple case à cocher pour déclarer une fausse majorité est ridiculement inefficace –, les associations de protection de l’enfance espéraient les forcer à bloquer ces sites. Il s’agissait « d’essayer d’agir sur les tuyaux pour fermer le robinet », expliquait Maître Laurent Bayon (20 Minutes).
Peine perdue.
Le 8 octobre dernier, le tribunal judiciaire de Paris a rejeté la demande des associations, même s’il reconnaît que ces sites relèvent d’« un trouble manifestement illicite ».
Pourquoi ne pas avoir directement saisi les sites en question ? « Les sociétés qui détiennent ces sites sont opaques et quasiment intouchables du fait de leur mode d'organisation, étant souvent installées dans des paradis fiscaux », explique Me Laurent Bayon, cité par Le Figaro.
Or, le 7 octobre, le décret d’application de la loi sur les violences conjugales du 30 juillet 2020 est paru au Journal officiel : il donne au CSA la possibilité « d’adopter des lignes directrices concernant la fiabilité des procédés techniques permettant de s’assurer que les utilisateurs souhaitant accéder à un contenu pornographique d’un service de communication au public en ligne sont majeurs ». Le CSA peut alors saisir la justice qui procède au blocage de l’accès au site si celui-ci n’a pas installé une mesure technique de blocage de l’accès à son site en fonction de l’âge du « visiteur ».
Simple coïncidence de calendrier ? Il semble que l’action en justice des associations ait accéléré la promulgation du décret. Mais que de temps perdu, d'enfants abîmés et de précautions administratives et judiciaires alors qu’il s’agit d’enfants…
Rappelons que, selon un sondage OpinionWay-20 Minutes réalisé en avril 2017, 31 % des 18-30 ans ont affirmé avoir regardé un film porno à l’âge de douze ans.
Signe des temps : à l’heure de l’omniprésence du numérique et de son corollaire, la virtualisation des rapports sociaux, notre société à bout de souffle n’en finit plus de récolter les fruits pourris de Mai 68. Des enfants abîmés, fracassés, et maintenant même dépossédés de leur identité « naturelle », voilà tout ce que la société de consommation offre à ses enfants.
Face à cela, le gouvernement a lancé, en février 2021, le site « Je protège mon enfant de la pornographie ». Parmi les outils à l’adresse des parents, on trouve une vidéo produite par France Télévisions et le réseau Canopé, « Comment parler de porno à ses enfants ? » On y écoute, notamment, les conseils de Serge Hefez, psychiatre : « Il y a une nécessité d’une éducation sexuelle quasiment dès la crèche et dès la maternelle qui soit adaptée à chaque âge de l’évolution de l’enfant. »
Incapables de battre leur coulpe sur ce gigantesque viol des consciences enfantines que constituent l’accès au porno et sa diffusion massive, les sachants d’aujourd’hui, mandatés par un État toujours plus intrusif dans la vie des familles, exigent la fin de l’innocence. Plutôt qu’une éducation à la pudeur, au respect et à la responsabilité, il faudrait aller toujours plus loin dans la violence des images et des paroles.
Et faire d’un drame social aux multiples conséquences un prétexte pour imposer aux parents une vision toujours plus réifiée, désincarnée et matérialiste de la nature humaine.
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