[PORTRAIT] Jimmy Carter, le président prix Nobel mais trop peu réaliste

Jimmy Carter
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Jimmy Carter, ancien président des États-Unis, s’est éteint ce dimanche 29 décembre à l’âge vénérable de 100 ans. Celui qui fut à la fois fermier, dirigeant d’une superpuissance et militant des droits de l'homme laisse derrière lui une empreinte controversée : figure admirée à l’étranger, son mandat reste pourtant marqué par des échecs retentissants sur le sol américain.

Le bilan mitigé d’un président idéaliste

Né en 1924 en Géorgie, dans le Sud profond, Jimmy Carter est arrivé à la Maison-Blanche en 1977, porté par la vague de désillusion post-Watergate. Offrant une image de moralité et d’honnêteté, il séduisit les électeurs lassés des scandales et d’une Amérique fracturée par la guerre du Vietnam. Pourtant, cet ancien fermier et ingénieur naval, adepte d’un style de vie modeste, s’est rapidement heurté aux limites du pouvoir exécutif.

Sur le plan intérieur, son mandat a été marqué par une stagflation galopante, conjuguant chômage élevé et inflation, et par la crise énergétique de 1979, qui a symbolisé l’impuissance de son administration face aux défis économiques. Ces difficultés ont durablement entaché son image, le rendant vulnérable face à un Ronald Reagan au discours optimiste et résolument tourné vers le renouveau.

Son rapport au pouvoir était atypique. Carter s’est distingué par son refus de jouer selon les règles établies de la politique à Washington, méprisant le clientélisme et les manœuvres partisanes. Mais cette posture d’outsider a isolé son administration du Congrès et des élites, compliquant la mise en œuvre de réformes structurelles. Visionnaire sur certains dossiers – notamment les énergies renouvelables et l’environnement –, il n’a pas su convaincre une opinion publique en quête de solutions immédiates à ses problèmes.

Un humaniste plus à l’aise hors du pouvoir

Sur la scène internationale, Jimmy Carter s’est démarqué par son rôle de médiateur lors des accords de Camp David, qui ont conduit à une paix fragile mais historique entre Israël et l’Égypte, en 1978. Ce succès, cependant, a été éclipsé par la crise des otages en Iran, qui a duré 444 jours et affaibli l’autorité de sa présidence. Ce drame, retransmis en boucle par les médias, a laissé l’image d’un président incapable de protéger les intérêts américains.

Ironiquement, c’est après son départ de la Maison-Blanche que Carter a véritablement trouvé sa vocation. Avec son engagement sur les droits de l'homme, la lutte contre les maladies tropicales et la construction de logements pour les plus démunis via Habitat for Humanity, il a remporté, en 2002, le prix Nobel de la paix. Cet héritage post-présidentiel, souvent célébré, a parfois occulté les insuffisances de son passage à la tête de la première puissance mondiale.

Une figure contrastée

Jimmy Carter était un homme de paradoxes : moralement rigoureux, membre actif de l'Église évangélique, il se dira personnellement opposé à l'avortement… mais il soutiendra la légalisation de l'IVG après l'arrêt Roe v. Wade.

En définitive, son mandat reste un objet de débat et il laisse derrière lui l’image d’un homme plus grand en tant qu’ancien président qu’en tant que président.

Vos commentaires

15 commentaires

  1. Beau portrait, mais qui néglige le plus important : Zbigniew Brzeziński. Conseiller à la sécurité nationale de Carter, cofondateur avec David Rockefeller de la commission Trilatérale, il fut à l’origine de la doctrine éponyme qui peut se résumer ainsi : ne jamais tolérer le moindre rapprochement entre Europe et Russie. Constamment mise en oeuvre, cette doctrine est actuellement à l’origine du soutien sans faille de l’Europe à l’Ukraine.

  2. Je considère Carter comme l’un des plus mauvais présidents des EU de tous les temps. Celà n’a été qu’une marionnette, imposée par ceux qui avaient abattu Nixon qui ne se laissait pas faire (les mêmes que ceux qui, 40ans plus tard ont abattu Fillon)

  3. Même si le temps du Jugement n’est plus aux reproches des hommes , impossible d’oublier l’abandon du Shah d’Iran ( faute partagée avec Giscard d’Estaing) dont ne cessons de vivre les désastreuses conséquences depuis 45 ans …

  4. L’avantage des USA est que le mandat de 4 ans permet la rotation des présidents compétents ou non. Au final ses œuvres de paix ont fait progresser le Moyen-Orient entre Égypte et Israël, ce qui était considerable lors de la crise pétrolière et la fin politique du chah iranien. Somme toute un grand homme international. Ne pouvons pas en dire autant actuellement sur la quasi stagnation ou début de récession française quoiqu’il en eut coûté… Où se trouve notre Carter et/ou Reagan(e) français(e) ?

  5. Prix Nobel de la Paix ! Ce machin, tout comme le Prix Nobel d’Economie n’est attribué qu’à des farceurs gauchisants ! Carter fut une calamité pour les Etats-Unis. Son mode de gouvernement fut la niaiserie. Allez demander aux femmes Iraniennes ce qu’elles pensent de lui ! Allez demander aux Israéliens ce qu’ils pensent de l’héritage que ce président leur a laissé ! Le régime des ayatollahs qui a pour fixette d’oblitérer Israël de la surface de la terre, c’est à Carter qu’on le devrait ! Il est d’ailleurs probable que Trump et Netanyahou soit obligé d’entreprendre une guerre contre l’Iran pour empêcher ces fous furieux d’avoir la bombe. Et en plus ils passeront pour les méchants !
    Quant à l’économie, il laissa une Amérique profondément affaiblie par son Keynésianisme qui avait déjà ravagé l’économie Britannique dans les années 60-70.
    Avec un tel bilan apocalyptique, il est parfaitement logique que tout ce que le Monde peut compter de Macron et de bien-pensants mainstream soit aujourd’hui en deuil.

    • Très exagéré : JC était sincère, honnête, et bienveillant. C’est suffisamment rare pour ne pas omettre de le mentionner. Vous en connaissez d’autres ? Il a porté les traités : sur le canal de Panama, les accords de Camp David, SALT II (limitation des armements stratégiques avec l’URSS) et a ’ouvert des relations diplomatiques avec la Chine. Il est injuste de lui attribuer l’échec calamiteux de l’armée US pour la libération des otages de l’ambassade américaine à Téhéran, ou de ne pas avoir réagi lors de l’intervention soviétique en Afghanistan. Il avait dit alors que les Russes allaient échouer. Quant au deuxième choc pétrolier que fallait-il faire, cher Ravi au lit ?

      • JC a donné le canal de Panama au gouvernement du Panama, qui est en train de le céder maintenant à la Chine communiste. C’est lui qui a abandonné le shah d’Iran et qui a permis l’arrivée au pouvoir à Téhéran de l’ayatollah Khomeini, et depuis là, la création de la République islamique d’Iran. C’est sous sa présidence que le personnel entier de l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran a été pris en otage et exhibé de manière grotesque dans les rues de la ville. Il a incarné l’humiliation des Etats-Unis sur la scène internationale et, à la fin de sa présidence, alors qu’il venait de dire que jamais l’Union Soviétique ne rentrerait en guerre contre l’Afghanistan, c’est lui qui a dû commenter l’entrée en guerre de l’Union Soviétique contre l’Afghanistan. Sous sa présidence, l’Union Soviétique s’est aussi emparée du Nicaragua et de plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, et cela a été la plus grande avancée soviétique sur la planète depuis les années 1945-1950.

      • Pour l’ouverture des relations avec la Chine, à notre tout de vous dire que c’est FAUX. Et que c’est la visite de NIXON en République Populaire de Chine en 1972 qui inaugure de nouvelles relations.

      • JC était sincère, honnête, et bienveillant. Si on est « méchant » on traduit par bisounours. Et face à des gens comme Khomeiny, c’est pas terrible.

      • JC ? Jésus Christ ? Jacques Chirac ? Merci de m’avoir rappelé que le 2ème choc pétrolier eut lieu sous sa présidence. Si ces nullos de démocrates n’avaient pas lancé la guerre du Vietnam, les Etats-Unis et les Occidentaux eurent été dans de bien meilleures disposition pour menacer les pétromonarchies et pour les faire reculer sur leur chantage pétrolier ! Donc là aussi un mauvais point de plus pour « JC » comme vous l’appelez ! ;)
        De plus, l’afflux de pétrodollars a permis à ces pays de menacer la paix mondiale en finançant les mouvements terroristes Palestiniens d’abord, puis Islamistes ensuite. Le Qatar, par exemple, est une parfaite illustration de cette politique de Taquiya. Ce pays, devenu richissime, a corrompu une partie de la classe politique de nombreux pays Occidentaux dont la France. Encore un « héritage » de JC !
        Comme le disait Blaise : « qui veut faire l’ange fait la bête »

    • Très bien vu. Carter, c’est la parfaite illustration du dicton ‘ »l’enfer est pavé de bonne intentions ». La morale à 2 balles est un désastre pour l’humanité. Que l’on se souvienne juste d’une chose : ce sont les « bons » démocrates qui allument la guerre du Viet Nam et le très méchant Nixon qui y met fin. Ces sont les bons Obama et Biden qui entretiennent la guerre d’Ukraine et ce sera le très méchant Trump qui y mettra fin.
      L’affaire iranienne est à l’évidence une des plus grosses bêtise de l’Amérique (et de Giscard) dont nous ne cessons de payer les conséquences au prix fort.

      • Après la Waterloo de Kaboul, le vieux Biden pourrait rejoindre le club des Nobel de Paix aussi peu pacifiques que les uns et les autres, Obama en tête .

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