[PORTRAIT] Kamala Harris : une candidate très à droite de la gauche française

©Lawrence Jackson-Wikimedia
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Finalement, ce ne sera pas « lui » mais plutôt « elle ». Dimanche 21 juillet, dans une longue lettre adressée au peuple, Joe Biden a annoncé son retrait définitif de la course à la présidentielle. Trop âgé et trop fatigué, l’homme a multiplié les propos incohérents et apparitions malhabiles.

Poussé vers la sortie par de nombreuses grandes figures du Parti démocrate, l’homme s’est résolu à apporter son soutien à Kamala Harris, sa vice-présidente, pour affronter un Donald Trump plus remonté que jamais après sa tentative d’assassinat. Kamala Harris, dernier espoir de la gauche américaine ? C’est bel et bien ce qui se profile. Décrite comme la meilleure candidate pour défier Donald Trump, la presque candidate n’arrive pourtant pas à le devancer mais resserre l’écart, malgré tout, avec 1,5 point de différence face au candidat républicain – contre 1,9 pour Biden.

Une enfance baignant dans l’activisme

Née à Oakland, en Californie, d’une mère d’origine indienne et d’un père jamaïcain, Kamala Harris évolue dans un monde privilégié qui prend le temps de se consacrer aux plus démunis. Tous deux étudiants en doctorat à l’université de Berkeley, ses parents se sont rencontrés lors des marches pour les droits civiques. Kamala Harris a passé une partie de sa vie à Montréal où sa mère, Shyamala Gopalan, chercheuse spécialisée dans le cancer du sein, avait été engagée à l’université McGill. Francophone, l’actuelle vice-présidente obtient son diplôme de fin d’études en 1981 puis fait son grand retour aux États-Unis, où elle poursuit de brillantes études de droit.

Kamala Harris n’a pas toujours vécu de la politique. Avant de prendre part à des élections pour le compte du Parti démocrate, elle était procureur de San Francisco de 2004 à 2011, puis devint procureur général de Californie de 2011 à 2017. Un passage qui n’est pas si anodin. Très souvent critiqué par l’aile gauche du Parti démocrate pour ses positions fermes sur la criminalité, le procureur Harris a mené une politique de « tough on crime » qui a conduit à des taux d’incarcération élevés, en particulier parmi les minorités latinos et afro-américaines.

Une candidate woke… pas si appréciée des woke

Après 2017, Kamala Harris poursuit une trajectoire ascendante sur la scène politique nationale, suscitant autant d'admiration que de critiques. En tant que sénatrice de Californie, elle se distingue par ses attaques partisanes lors des auditions de confirmation de personnalités conservatrices comme Brett Kavanaugh et Jeff Sessions, adoptant une posture agressive qui polarise davantage le débat politique. Kamala Harris co-sponsorise également des lois radicales telles que le Green New Deal et Medicare for All, critiquées pour leur coût exorbitant et leur irréalisme.

En 2019, elle lance une campagne présidentielle largement basée sur des propositions progressistes, mais doit se retirer faute de soutiens suffisants, révélant ainsi les limites de son potentiel électoral. Malgré cet échec, Joe Biden l'a choisie comme colistière, une décision largement perçue comme un geste pour apaiser l'aile gauche du Parti démocrate. Mais après quatre ans de mandat, Kamala Harris est dans une position délicate : elle doit naviguer entre son image de progressiste et ses antécédents plus conservateurs en matière de justice pénale. En 2021, c’est son refus appuyé de voir arriver des migrants venus d’Amérique du Sud aux États-Unis qui déroute une partie de l’électorat progressiste.

Naviguant entre une aile progressiste favorable à l'agenda très social, voire woke, et les aspirations majoritaire d’une Amérique en quête de retour à une grandeur passée, Kamala Harris avance sur une ligne de crête : trop conservatrice pour les progressistes fervents et trop progressiste pour les conservateurs traditionnels. En France, elle suscite les espoirs de la gauche qui la trouverait bien trop conservatrice si elle devait voter pour elle et lui confier le pays.

Julien Tellier
Julien Tellier
Journaliste stagiaire à BV

Vos commentaires

21 commentaires

  1. Peu importe ce que préfèrent les Français à la présidence US: ils ne comptent pas et n’y votent pas, et de la France, K Harris et D Trump se fichent éperdument. Ceci tient au fait que quelque soient leur bord politique, les candidats US sont toujours « 100% American »; c’est à dire qu’ils aiment leur pays. Ceci permet de montrer la grande différence avec la France, où Macronie et Gauche sont anti France, soit qu’ils la méprisent, soit qu’ils veulent la noyer et asservir dans une UE sans culture commune, soit en y admettant toute l’immigration du monde.

  2. J’attends leur premier débat avec impatience. Ils connaissent tous les 2 très bien le système judiciaire américain. Elle comme procureur et lui comme accusé.

  3. Ce n’est pas une candidate hyper-solide. Mais au moins, comparativement à son désormais concurrent, elle n’est pas connue, à ce stade, comme collectionnant les poursuites judiciaires…

  4. C’est une opportuniste comme Macron qui a la même ligne que Biden nous avons les mêmes en France et ne veulent pas d’alternance et admettent jamais leurs errements tout comme en France et cela dure comme aujourd’hui avec ces élections législatives anticipées

  5. Finalement, ce qui est cocasse, c’est qu’elle va picorer ça et là des idéaux de Gauche et de Droite, ce qui peut fonctionner, en tous cas lors de sa (courte) campagne…. d’ailleurs, on verra le résultat sur la tronche de Donald TRUMP, qui ne sait cacher en public ses ressentiments!

  6. Harris, en supposant qu’elle remporte l’investiture, fera campagne sur la promesse de poursuivre la guerre par procuration de Biden en Ukraine, de poursuivre les escalades de Biden contre la Russie et la Chine, de poursuivre l’expansion de la machine de guerre américaine de Biden, de poursuivre la facilitation du capitalisme écocide de Biden et de poursuivre les politiques déshumanisantes d’exploitation mondiale et d’extraction impérialiste de Biden. Si elle entre à la Maison Blanche, le visage de l’opération changera, mais l’opération elle-même ne changera pas.

  7. Je pensais que Kamala Harris était une woke chevronné. Finalement on a affaire à une opportuniste qui n’a aucune conviction. C’est encore pire !

    • une opportuniste, sans conviction?… vous voulez dire: une politicienne! Rappelons cette citation de Voltaire:  » la politique est le moyen pour des hommes et femmes sans principes, de diriger des hommes et des femmes sans mémoire ».

      • Voltaire qui avait écrit l’épitaphe de son ami , mon ancêtre :  » il ne savait pas qu’être riche  » .

  8. «  très à droite de la gauche française «  …..même Wauquiez ne pourrait plus être catalogué de la sorte

  9. Une fille d’immigrés qui dans la réalité s’avère anti immigration, voilà qui est cocassement fumeux !

    • Immigré anti-immigration n’est pas étrange, c’est souvent un aspect humain. On a eu en Angleterre un Indien pas drôle pour les migrants, et en Belgique un secrétaire d’Etat d’origine arabe pas amusant non plus pour eux. Dans mon travail j’ai eu affaire à des Turcs et des Africains qui trouvaient qu’on en faisait trop pour les migrants et en plus on leur laisse tout faire etc…Voyez comment se comportent les gens qui s’installent dans un nouveau lotissement de terrains. Ils sont bien là, tranquilles, jusqu’au jour où ils apprennent qu’il y a un projet d’extension du lotissement. La réaction habituelle est « non à l’extension du lotissement » et pour la question des migrants, c’est idem, ceux qui sont ici et se sont assimilés, sont bien et tranquilles, ne veulent pas d’une vague qui pourrait leur nuire. Dans les quartiers d’immigrés, des anciens immigrés s’en vont ailleurs, dans un quartier indigène…

      • Oui, c’est exact, mais globalement, ces immigrés installés, continuent à voter à gauche ou à l’extrême ..!
        Avec les contradictions sociétales que cela représentent …

    • Sauf que sous Trump c’était maximum 400000 arrivées par an depuis biden sous la responsabilité de kamala c’est 2 millions..chapeau!

  10. Il a été curieux d’écouter l’ensemble des médias français essayer de la recadrer vers le centre démocrate. En fait elle est , selon les critères US, très à gauche. Elle fut choisie par Biden pour calmer son aile gauche. Pro palestinienne, au fait seulement des dossiers dont elle a l’habitude – cause des femmes, avortement, minorités (qui sont souvent des majorités noires en fait) ce qui la fait ressembler à H Clinton – mais réputée relativement ignare sur les autres sujets sur lesquels, lorsqu’elle en a été chargée, elle n’a pas brillé, de loin s’en faut. Ainsi du dossier de l’immigration, qui est un bon exemple de son incompétence. Nul doute que les Démocrates doivent cogiter ferme en ce moment, pour savoir s’ils doivent l’adouber.

  11. Ils doivent voter pour Trump , il mettra rapidement fin à la guerre en Ukraine et contrariera de nombreux élus au sein de l’UE .

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