Pour bénéficier de l’état de grâce, nos politiques doivent-ils se taire ?
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Le débat démocratique, chez nous, s'étiole, s'étiole, au point de devenir ridicule.
Parce que le président de la République a dénoncé les enseignants grévistes qui avaient « pris en otage nos enfants », Olivier Faure, pour le PS, a immédiatement réagi, et la gauche avec lui, en reprochant à Emmanuel Macron d'avoir comparé les professeurs à des « terroristes » (Le Figaro).
Jusqu'où va se nicher l'esprit partisan, surtout quand ce qui a été un grand parti n'a plus que la peau et les os ? Il est alors condamné à faire flèche de tout bois et à feindre de croire que dans le propos du Président, il y aurait eu en effet une qualification offensante. C'est absurde et je suis persuadé qu'Olivier Faure ne l'ignore pas, mais la mécanique perverse d'une opposition qui ne sait plus à quel sujet se vouer conduit à cette aberration.
Elle me paraît d'autant plus critiquable que, pour une fois, le Président ne s'en est pas pris aux Français en général mais à une catégorie de grévistes qui, à cause de leur rejet de la réforme du baccalauréat projetée par le ministre Jean-Michel Blanquer, ont, avec une forme de sadisme syndical, ajouté au stress des lycéens passant ces épreuves. L'angoisse de ne pas réussir s'est accompagnée de l'angoisse de ne pas savoir s'ils avaient réussi ou comment ils pourraient réussir en rattrapage.
L'expression du Président est peut-être maladroite, mais prise au figuré, elle n'est pas loin de correspondre à la réalité de ces dysfonctionnements programmés. En tout cas, ces enseignants se sont servis des lycéens pour rendre leur cause certes encore plus insupportable mais plus visible, médiatiquement en pleine lumière. Les lycées, pour le moins, ont été instrumentalisés.
Pour ce qui se rapporte au ministre de l'Éducation nationale, il a été longtemps touché par un état de grâce. J'entends bien que celui-ci ne peut pas durer indéfiniment, sauf à promouvoir une forme d'immobilisme noble faisant de l'effet... Ce qui n'a pas été le cas de Jean-Michel Blanquer alors que, pourtant, il avait annoncé, lors de sa nomination, qu'il changerait peu de choses ; et il n'a cessé de tout changer...
Il y a là comme une légère contradiction : souvent questionné sur le point de savoir ce que j'aurais fait si j'avais été garde des Sceaux, je répondais que j'aurais aimé être un ministre de l'abstention. Je crois, en effet, qu'à ce poste on bouge trop, pour démontrer qu'on existe. Entre l'atonie et la frénésie, il y a un juste milieu.
Et le syndicalisme ? Le droit de grève ? Celui-ci est une conquête sociale et même si nous sommes dans un pays où il faut toujours donner l'impression qu'on a arraché à l'État ce que ce dernier vous aurait octroyé tôt ou tard, il serait abusif de mettre en cause cette épée de Damoclès qui menace et parfois convainc. Mais ne pourrait-on pas purger ces luttes de ce qui les rend intolérables : elles sont subies par des usagers pour lesquels on prétend combattre.
Par des lycéens pour lesquels on affirme lutter, mais qui sont les premières victimes.
À constater le degré de mauvaise foi de notre République, on a le droit de s'interroger : le Président doit-il encore ouvrir la bouche ?
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