Pour Christophe Castaner, « Notre-Dame n’est pas une cathédrale » ? Ça y ressemble pourtant vachement…

CASTANER

Promis, juré, ce n’est pas une faribole, une baliverne, un bobard, bref, une « fake news », comme l’on dit maintenant. J’ai écouté, réécouté, repassé au début, tendu l’oreille. Peut-être, après tout, avait-il dit, et cela m’avait échappé, « Notre-Dame de Paris n’est pas QU’une cathédrale » ?

Point du tout. Christophe Castaner, sur le parvis, hier, a bien déclaré : « Notre-Dame n’est pas une cathédrale... » » Ça, alors. Ça y ressemble pourtant vachement. Sur la Toile, aussitôt, les geeks farceurs ont évoqué la mémoire de ce gentil garçon qui avait fait le buzz, il y a quelques mois, en s’interrogeant, tel le penseur de Rodin, sur un plateau télé : « Qui vous dit que je suis un homme ? »

C’est vrai, qui nous dit que c’est une cathédrale, sinon huit siècles et demi d’Histoire de France ? Mais qu’est-ce donc, alors ? Une chapelle, un oratoire, un coin prière ? Une salle polyvalente des fêtes, un musée, un lieu de concert ? Un temple, une synagogue, une mosquée ? Une ferme, un château, une boutique ? Ou bien, depuis lundi soir, une tuile, un ennui et même un cauchemar, pour un ministre de l’Intérieur qui comptait souffler un peu, entre deux sessions de gilets jaunes, au soleil de Mayotte dont il a dû revenir précipitamment.

Conscient, sans doute, des insondables interrogations que cette affirmation baroque allait soulever, Christophe Castaner a poursuivi aussi sec : « C’est notre commun, c’est notre rassemblement, c’est notre force, c’est notre histoire. » Ce en quoi il n’a pas tort. Sauf qu’évidemment, c’est - aussi - tout cela à la fois, PARCE QUE c’est une cathédrale. Qui, en partant en fumée, a mis à nu ses fondations (chrétiennes) dont les caractéristiques sont les mêmes que les racines : en temps normal, elles sont cachées dans l’humus, à force de ne pas les voir, on finit même par oublier, voire douter, qu’elles existent quand, évidemment, sans elles, tout l’édifice ne serait que fétu de paille.

Bien sûr, que celui qui se croit assez fort pour ne jamais tenir un propos maladroit devant un micro tendu à brûle-pourpoint lui jette la première pierre.

Il n’empêche. Hier, dans son allocution, Emmanuel Macron n’a jamais parlé des « catholiques ». Il n’a pas évoqué la résonance particulière que pouvait avoir cet incendie pour eux durant la Semaine sainte, il n’a pas jugé bon de citer tous les trésors symboliques - comme la couronne d’épines - miraculeusement sauvés par les pompiers et un brave curé devenu curé brave.

L’homme qui disait - durant sa campagne électorale - qu’il n’y avait pas une culture française mais des cultures françaises devrait, pourtant, être reconnaissant à celle - jadis rayonnante de foi, d'espérance et de charité jusqu'à bâtir d'immenses cathédrales - qu’il a niée en la noyant parmi d’autres de lui avoir accordé cette parenthèse de grâce et de communion nationale suspendue au milieu d’un chaos général.

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

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