Pour des administrations efficaces

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Le Parisien du 6 août 2018 dénonce "l’insoutenable lenteur administrative après l’accident mortel", le 4 juin 2017, du mari d’une institutrice, mère de trois enfants : l’enquête conduite par l’administration traîne en longueur depuis un an, laissant la veuve dans l’ignorance de ce qui s’est vraiment passé, et en attente indéfinie des indemnités dont elle a le plus grand besoin.

Cette institutrice et ses enfants ne sont pas les seuls à pâtir de la lenteur d’une administration ou de la Justice. Songeons aux enfants victimes de mauvais traitements parentaux, allant parfois jusqu’à l’inceste, dont la lenteur des procédures, administratives puis judiciaires, prolonge le martyre. Sans oublier les dysfonctionnements, moins dramatiques, mais agaçants et parfois très gênants, qui font « poiroter » des dizaines de milliers de Français ou de visiteurs étrangers pour l’obtention d’un document officiel. La qualité très inégale des services publics incite à se demander si notre pays est convenablement gouverné et administré.

Le citoyen est aussi un client

Le citoyen est une sorte de client qui paie par ses impôts et cotisations les services qui lui sont rendus. Ainsi, les taxes qui représentent le plus gros de la dépense de l’automobiliste faisant son plein sont-elles une sorte de droit de péage forfaitaire pour toutes les voies carrossables mises à sa disposition. Les administrations ne nous fournissent pas des services gratuits ; nous les leur payons, soit de manière assez ciblée (taxes sur les produits pétroliers, cotisations sociales), soit de façon forfaitaire (TVA, impôt sur le revenu). Malheureusement, nous n’en avons pas toujours pour notre argent, parce que les administrations n’ont souvent pas l’efficacité sur laquelle le citoyen-client devrait pouvoir compter.

Comment rendre les administrations efficaces ?

Se plaindre d’avoir une administration courtelinesque est aisé ; proposer des réformes adéquates est une autre paire de manches. Mais un proverbe, fruit d’une longue observation, fournit une clé de ce problème : « Le poisson pourrit par la tête. » Nos administrations sont malades, principalement, parce qu’elles sont trop souvent dirigées – du ministre au chef de bureau – par des personnes qui n’ont pas les compétences requises.

Parmi les hommes politiques et hauts fonctionnaires, bon nombre se gargarisent de grands discours modernistes axés notamment sur les miracles de la numérisation, tarte à la crème des discours officiels. Surfer sur les thèmes à la mode peut servir à progresser dans sa carrière : c’est une des raisons pour lesquelles trop d’administrations produisent à grands frais des services de qualité médiocre. Il faudrait avoir le courage (et les moyens juridiques) de sanctionner, y compris par un licenciement, certaines erreurs et lenteurs dont les contribuables-clients n’ont pas à faire les frais. Là où le client est roi, ceux qui le servent mal ne sont pas à leur place, et la France ne disposera pas des administrations de grande qualité dont elle a le plus grand besoin tant que la réussite à un concours prestigieux, suivie par la constitution méthodique d’un gros carnet de relations utiles, comptera plus que la compétence dans la nomination à des postes où il faudrait de vrais chefs, compétents humainement et techniquement, et capables de réfléchir par eux-mêmes.

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