Pour endiguer l’ensauvagement, les gommettes de Darmanin ?
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Il y a quelques jours, Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, se félicitait dans un tweet de la mise en place, dans un commissariat de province, d'un code couleur pour séparer les victimes d'agressions sexuelles et les autres personnes venant déposer plainte. Bien sûr, il est probable, à l'ère de la communication, que les membres du gouvernement ne gèrent pas eux-mêmes leurs comptes sur les réseaux sociaux. Toutefois, ils sont responsables de ce qui s'y publie. De plus, cette intervention inutile et gênante témoigne parfaitement de l'état d'esprit de nos dirigeants.
Notre pays est en proie à une insécurité galopante, rappelée chaque jour aux individus curieux par quelques lanceurs d'alerte. Notre police affronte une crise sans précédent, associant manque de moyens, de personnel et de soutiens, conduisant à l'échec de toute politique sécuritaire. Dans ce pays meurtri par des années d'incurie et de lâcheté face aux délinquants, le ministre chargé d'assurer l'ordre public choisit de promouvoir le développement de codes couleurs au lieu de saisir à bras-le-corps les réelles causes du mal sécuritaire.
Nouveauté au commissariat d’Orléans : une signalétique différente et deux files d’attente distantes : une avec un rond orange 🟠 pour les personnes victimes de viol, de violences conjugales ou intrafamiliales et une avec un rond bleu 🔵 pour les victimes d’une autre infraction.
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) July 23, 2021
Ces pauvres gommettes collées au sol sont d'abord une ignominie pour les victimes. En effet, elles mettent à l'écart des personnes déjà blessées au plus profond d'elles-mêmes. Ce n'est ni une manière décente de les accompagner dans leur souffrance, ni même une solution efficace pour améliorer leur prise en charge.
Les codes couleurs sont aussi un aveu. L'aveu d'un échec total du ministre de l'Intérieur en place dans sa lutte contre l'insécurité de manière générale, et contre l'explosion effrayante des agressions sexuelles. Si l'on en est soumis à devoir distinguer les victimes selon les infractions subies, s'il est nécessaire de multiplier les services et les structures pour lutter contre chaque problématique de paix publique, alors c'est que Beauvau a failli à sa mission. Cet échec est d'autant plus honteux que M. Darmanin a fait de la lutte contre les violences sexuelles sa priorité.
Le ministre de l'Intérieur se voyait en nouveau Sarkozy. C'est un bon imitateur, le caractère nerveux et fragile en moins. Il a parfaitement intégré la technique de son imposteur d'idole en communiquant beaucoup et en agissant peu. Nous payons les ministres pour œuvrer au bien commun, non pour tweeter des idioties. Darmanin n'est pas dans son rôle en promouvant le collage de gommettes. En se comportant de la sorte, il décrédibilise sa fonction, ridiculise les policiers, infantilise les gens et insulte les victimes de son incurie. Les gommettes ne changeront rien. Elles n'empêcheront ni les viols ni aucune autre infraction d'être commis.
Que Gérald Darmanin arrête de communiquer à tort et à travers, et qu'il agisse pour lutter efficacement contre les agressions sexuelles dont sont victimes nos femmes et nos filles.
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