Pour faire le buzz, mieux vaut être traîné par les pieds chez Marine Le Pen que chez Emmanuel Macron

Pour se consoler, il pourra se dire qu’il a sans doute été traîné à terre affectueusement. Et ça change tout, n’est-ce pas ?
Capture d'écran ©Twitter
Capture d'écran ©Twitter

La campagne est passée à la vitesse supérieure. Foin des arguties sur les annuités de retraite et les avantages du septennat, le « front républicain », renaissant de ses cendres comme un vieux tube des années 80 - Voyage, voyage, Ève lève-toi… et tutti quanti -, donne de la voix. Toutes les indignations sont bonnes à prendre, même médiocres, la grosse caisse médiatique se chargeant de faire monter la mayonnaise.

Ainsi, mercredi, l’exfiltration d’une femme brandissant une pancarte accusatrice montrant Marine Le Pen et Poutine réunis dans un même cœur lors de la conférence de presse de la candidate a-t-elle suscité une immense réprobation. Sur Twitter, Christophe Castaner a donné le la : « Chez Marine Le Pen, la vérité qui dérange, on la sort par les pieds. » La polémiquscule était partie. Le soir, on ne parlait plus que de cela sur les plateaux télé. Même le débat Darmanin-Bardella, sur BFM TV, s’y est attardé longuement. Un peu étrange, à tout le moins, pour une émission prétendant comparer les programmes des deux protagonistes.

Personne, en revanche, pour s’étonner qu’une élue de la République - conseillère municipale EELV, en l’occurrence, puisqu’il s’agissait de Pauline Rapilly-Ferniot - aille perturber, en usant de subterfuges dignes d’une militante de l’UNEF, la conférence de presse d’une candidate à l’élection présidentielle, réservée à des journalistes dûment accrédités. Selon l’entourage de Marine Le Pen, l’élue s’est installée dans la salle avant tout le monde, avant même l’arrivée de l’organisation. Elle a fait mine de parler aux techniciens avant de se fondre ensuite dans la salle, une fois celle-ci remplie (avec notamment 200 journalistes étrangers).

Sur son compte Twitter, Pauline Rapilly-Ferniot s’étend sur son exploit - elle a, pour ainsi dire, tâté des geôles de Poutine, n’est-ce pas ? -, évoquant, à la terrasse d’un café ensoleillé, son « mal de tête » sûrement dû à son « plaquage au sol » de la veille, et notifiant aux journalistes que son « téléphone [plantant], ils pouvaient lui écrire en message privé sur Twitter ». Ceux-ci ont répondu présents, la revue de presse est impressionnante : BFM TV, la matinale de RMC avec Apolline de Malherbe s’il vous plaît, et pas moins de trois articles sur le site de Libération - un tel événement, il fallait au moins ça - avec une introduction qui ne manque pas sel : « Le collectif Ibiza [dont fait partie Pauline Rapilly-Ferniot, NDLA] s’en prend d’habitude au gouvernement par ses actions coup de poing, mais, depuis le soir du premier tour, il a décidé de s’attaquer à Marine Le Pen. La réponse n’est pas exactement la même. »

Mais si. La réponse est partout exactement la même, les agents de sécurité, quel que soit le politique concerné, ayant été à même école. Depuis ce jeudi matin, une autre vidéo, prise celle-ci lors du passage d’Emmanuel Macron à Strasbourg, est devenue virale : pendant qu’Emmanuel Macron s’exprime devant la foule, deux homme exfiltrent un trublion… en le traînant à terre par les pieds. Et convenons que le pavé autour de la cathédrale, dans la vieille ville de Strasbourg, peut laisser plus de traces que le « marbre de luxe » qui « glisse plutôt bien » des salons Hoche, selon la description qu'en a fait ironiquement Pauline Rapilly-Ferniot elle-même au micro de BFM. Pourtant, ce Strasbourgeois réfractaire est resté anonyme, n’a pas été invité chez Apolline de Malherbe ni interviewé par BFM TV, n’a pas fait l’objet de trois papiers dans Libé et doit soigner seul ses bleus, s’il en a.

Christophe Castaner - en dépit des multiples sollicitation reçues sur Twitter l’invitant à commenter cette autre « vérité qui dérange » et que « l’on sort par les pieds » - n’a pas manifesté une once d'intérêt pour cet épisode. Que ce Strasbourgeois ne compte pas non plus sur un élan de solidarité de Pauline Rapilly-Ferniot, celle-ci, bien qu’ayant été la cheville ouvrière de l’Ibizagate de Blanquer, anime, depuis dimanche, des ateliers sur Twitter intitulés « Besoin d’aide pour se motiver à voter Macron ? »

Pour se consoler, il pourra se dire qu’il a sans doute été traîné à terre affectueusement. Et ça change tout, n’est-ce pas ?

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Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

39 commentaires

  1. Campagne de caniveau disait-on « avant » ; désormais c’est campagne d’égouts malodorants infiltrée de rats malades tels que ceux cités par l’auteur du billet. Le joueur de poker mafieux au verbe provocateur ferait bien de se censurer.
    A vomir.

  2. Il fallait bien s’attendre à ce que le moindre « pet de travers » ait la résonnance du franchissement du mur du çon et que les frappes du Castaner…. de boeuf soient exemplaires des exagérations méridionales d’un Raimu ou d’un Fernandel celles-ci de meilleure qualité!

  3. il me semble que la méthode soit un peu inadéquate, même pour cette hystérique, il aurait été préférable que les 2 vigiles la raccompagne plus correctement.

  4. Merci madame Cluzel de nous parler de l’incident de Strasbourg. Il y a eu aussi celui où la personne ayant oser poser la question sur Mackinsey a été sortie manu militari et ou je ne sais plus qui du gouvernement a dit qu’elle l’avait fait revenir après dans la salle. Il faudrait peut être tenir le compte de ces actions camp par camp. Mais est ce là l’important. Le traitement des gilets jaunes, des pro-vie, des anti-pass et la mise à pied des soignants sont réels et bien plus grave.

  5. Faire de la politique et du journalisme à ce niveau là, c’est vraiment tout petit. Minable.
    On pourrait déplorer que ces gens se rabaissent à ce point si on ne savait pas déjà que c’est là leur zone d’évolution habituelle voire, leur zone de confort.
    Faut-il qu’ils sentent la fin possible de leur petit entre-soi pour faire ainsi feu de tout bois si ce n’est de la moindre brindille.
    Mais il y a des électeurs qui sont prêts à tout gober. Et politiques et journaleux ne le savent que trop bien.

  6. mon choix est fait ,je voterai marine et je ne regarderai pas le débat dirigé par 2 gauchistes insupportables.salame et boulleau.
    Et je ne supporterai pas d’entendre encore ce type qui ruine la France.

    • Je crois que je regarderai, mais quelque soit le débat je voterai Marine qui n’était que mon deuxième choix, mais tout sauf Macron

  7. Accéder au pouvoir se mérite, il faut combattre et ne pas se plaindre. Ce sont les vaincus qui pleurnichent. Marine Lepen semble prêtre pour ce véritable combat contre Macron et tout ceux qu’il représente.

  8. Sur la capture d’écran proposée on voit même un bourgeois de Strassbourg détournant pudiquemenr le regard pour n’avoir pas vu la scène en cours. Bravo !

  9. Lorsqu’on est à gauche dans le camp de la bien pensance une situation minime prend tout de suite une ampleur qui n’a pas lieu d’être. Dans le camp du mal, à droite l’inverse semble normal. Pourtant il n’y a pas de normalité. Les gochos, bobos, donneurs de leçons patentés n’ont plus rien à prouver alors ils surfent sur les apparences aidées par les images et les commentaires dirigés des médias.

    • Ne pas oublier que c’est un policier chargé de la sécurité de MLP qui a plaqué au sol la trublione…

    • Et ces pauvres gauchistes qui vont boycotter MLP par abstention ou pire voter Macron, ne se rendent même pas compte qu’ils sont en train de faire le jeu de la haute finance. Ceux qui, parmi eux, ont encore un peu de lucidité, voteront Marine Le Pen.

  10. Ce n’est pas nouveau, il y a toujours deux poids deux mesures lorsque les pseudos journalistes de politiquement correct traitent le sujet national, ce ne peut être pour eux que le mal incarné, le bien c’est les LR/LREM et même de temps à autres LFI.

  11. Rappelez moi, Macron c’est celui qui tirait sur les gilets jaunes et avec son compère Benalla tabassait d’honnêtes citoyens.

      • ils avaient vraisemblablement faim et lorsque l’on a le ventre creux et les cotes saillantes la « colère » peut devenir mauvaise conseillère.

    • Tiens, au fait, que devient ce M. Benalla? Et ses coffres-forts soustraits en douce, pas encore retrouvés, ni ouverts, cela va de soi. Personne, pas un de ces journalistes si prompts à monter en épingle le moindre faux pas, le moindre mot dérangeant de la part de Mme Le Pen, pour tenter d’en savoir plus sur le contenu visiblement compromettant( pour M. Macron?) de ces secrètes armoires?

    • C’est cela même, je crois que c’est lui aussi qui a empêché les médecins de prescrire les médicaments qui auraient pu sauver pas mal de vies, mais n’auraient pas enrichi Pfizer. Il y a des priorités dans la vie qui n’échappent pas à la vigilance du bon maître.

  12. Très bon article et conclusion percutante !
    Des polémiques vraiment tirées par les cheveux , il est temps que castaner soit définitivement trainé vers la sortie …

      • on peut toujours rêver, s’il existe fort, heureusement, des journalistes honnêtes, il semblerait que le pourcentage de malhonnêtes usurpateurs soit largement proche de 99%. La soumission, ramper à genoux et l’attrait de la gamelle reste leur seul moyen d’exister.

  13. Il y a bien longtemps qu’une partie des journalistes du « camp du bien » me dégoûte profondément, ce sont des paillassons à macron, qui, sans les subventions payées par les contribuables, seraient au chômage pour faute grave. Pour Castaner il serait temps qu’il regagne ses copains gansters marseillais aprés avoir mis le genou à terre devant des délinquants bronzés. Darmanin qui prévoit la mort des pauvres si MLP est élue devrait se lancer dans les pompes funèbres afin d’y faire fortune.

    • S’ils n’étaient que les paillassons… mais ils sont surtout les porte-voix de ce gouvernement entré en fébrilité.
      Courage à Marine !

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