Pour flatter les musulmans marseillais, le maire B. Payan met ses gros sabots

Pour Stéphane Ravier, « en 2026, les Marseillais devront faire un choix : les minarets ou les clochers. »
Capture écran France Inter
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Le maire de la cité phocéenne en visite dans une mosquée à l’occasion du ramadan s’est fendu d’un petit discours légèrement électoraliste : « Notre identité, elle est multiple, et sans vous, nous ne sommes pas Marseille. »

 

À Marseille, cela ressemble à une mauvaise galéjade. Benoît Payan, maire socialiste de la ville, en visite à la mosquée des Cèdres, mardi 4 mars, a assuré l’assemblée et l’imam présents de son indéfectible soutien. Jusqu’à dire : « Sans les musulmans, Marseille ne serait pas Marseille » ; avec le même aplomb que s’il disait « sans Ricard, Marseille ne serait pas Marseille. » On voudrait rêver, mais non. À croire que la Provence de Pagnol, Daudet, Mistral et Giono était un Midi fade et sans saveurs parce que non métissé.

« Vous n’avez pas à dire merci, parce qu’on vous le doit »

En plein ramadan, dans cette mosquée du XIIIe arrondissement, Benoît Payan fait la louange du Coran et remonte les bretelles aux méchants qui disent du mal de l’islam à la « télévision » : « Beaucoup de ceux qui donnent des leçons aux musulmans devraient apprendre de ce qui est écrit dans les sourates qui peuvent nous éclairer sur le monde. » Ensuite, il déballe le tapis rouge pour annoncer « être fier de faire voter devant le conseil municipal […] l’extension de la mosquée ». Puis il insiste : « Vous n’avez pas à dire merci, parce qu’on vous le doit. […] Nous sommes des Marseillais que parce que nous sommes ensemble dans nos différences. » Le coup de la dette, il fallait y penser. À gauche, on ne recule devant rien.

Pour le Rassemblement national, cet « électoralisme » n’est rien d’autre qu’une « précampagne ». Franck Allisio, député des Bouches-du-Rhône et candidat pressenti pour la prochaine élection municipale marseillaise, confie à BV être « choqué » et dénonce une « surenchère entre Monsieur Payan et Monsieur Delogu pour La France insoumise ». « Je préférerais que le maire se consacre à la lutte contre le salafisme », ajoute-t-il, alors que le souvenir des deux jeunes filles égorgées à la gare Saint-Charles, en 2017, par un islamiste est encore bien vivant dans les esprits.

Stéphane Ravier connaît bien le XIIIe arrondissement, puisqu’il en fut maire entre 2014 et 2017. Celui qui a longtemps fait ses classes au RN, avant de suivre Éric Zemmour lors de la dernière élection présidentielle, laboure le terrain comme sénateur des Bouches-du-Rhône et patron de la structure qu’il a créée, « Marseille d’abord ». À BV, il confie ses certitudes. La mosquée des Cèdres est un lieu de culte « connu des services de renseignement qui le surveillent de près, car il a déjà accueilli des islamistes, comme Éric Younous, un prédicateur fiché S qui a fait ses classes en Arabie saoudite ». Trois quartiers limitrophes, Saint-Jérôme, Frais-Vallon, les Cèdres, où Benoît Payan permet la construction, l’agrandissement de mosquées. Pour Stéphane Ravier, cette « politique communautariste » permet aux musulmans de poursuivre « une politique de marquage de territoire ».

« Les minarets ou les clochers »

Après son Vieux-Port et sa bouillabaisse, Marseille a une autre distinction de marque. Avec environ 300.000 musulmans, la ville est le premier foyer de l’islam, en France. Emmanuel Macron ne s’y était pas trompé, lors de ce fameux meeting de la campagne présidentielle de 2017 où, alors jeune candidat, il s’était écrié, devant une foule bigarrée : « Je vois des Arméniens, des Comoriens, des Italiens, des Algériens, des Marocains, des Tunisiens, je vois des Maliens, des Sénégalais, des Ivoiriens. […] Mais je vois quoi ? Des Marseillais ! […] Regardez-les bien, mesdames et messieurs du Front national, c’est ça, être fier d’être français ! » Stéphane Ravier résume la situation dans un style qui a le mérite de la simplicité : « En 2026, les Marseillais devront faire un choix : les minarets ou les clochers. »

 

Vos commentaires

53 commentaires

  1. Joyeux Carême M. Payan ! Ne vous en déplaise. Un petit rappel la France est judéo-chrétienne et allez voir ailleurs, notamment dans ces pays islamiques que vous avez l’air d’apprécier, si l’herbe est plus verte !
    Les Marseillais auront le choix en 2026, s’ils persistent dans cette voie, tant pis pour eux

    • Rappel..les marseillais n’ont meme pas élu ce monsieur..ils ont élu des maires de secteurs qui eux même n’avaient pas élu Payan mais mme rubirola..eelv..celle ci s’est désistée au lendemain de l’élection au bénéfice de Payan socialo..compte tenu de la population « marseillaise » ..pas étonnant qu’un socialo se couche..j’avais déjà vu un jour d’élection dans les quartier nord ou j’habitais,des minibus amener des français au bureau de vote,affrété par une élue..

  2. On pourrait décliner la comparaison avec Ricard. Sans le pastis Marseille ne serait pas Marseille… Il y a du vrai. Et en visite à une entreprise produisant cette boisson, il aurait été de bon ton également de flatter par le même discours son auditoire. Désormais quand on pense Marseille beaucoup ont à l’esprit Pagnol, le pastis mais en même temps les « jeunes des quartiers nord ». A Marseille le nord est invité à rejoindre le sud au moins pour élire son maire. Toutes les voix comptent et chacun a droit à son lieu de culte. Le maire se veut fier de la communauté musulmane de sa ville. Comment lui en vouloir sans un minimum d’islamophobie ?
    On peut aussi ne pas aimer le pastis , comme être français sans aimer particulièrement l’ « identité marseillaise « , mais un maire de Marseille peut aujourd’hui plus difficilement être contre le ramadan que conte le pastis. Les modes, les civilisations et les identités changent et certains vivent mieux avec leur temps ou la schizophrénie que d’autres. Le maire n’ est pas hors sol et flatte bien naturellement tous les marseillais , avec le sens de la mesure qui reste visiblement partie intégrante de l’identité des Marseillais. Il n’ y a pas de quoi lui passer un savon . Les marseillais sont assez grands pour laver leur linge en famille et la marseillaise aujourd’hui pas obligée de laver l’ étendard sanglant et en même temps protégée des coups de soleil si elle porte bien le voile traditionnel.

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