Pour Jean-Michel Aphatie, le livre d’Éric Zemmour est une « merde » !
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"Comment peut-on éditer chez Albin Michel une merde comme ça ?" C’était sur France 5, ce mercredi dernier. Qui parle ? Et ce « qui », de « quoi » parle-t-il ? Le « qui », c’est Jean-Michel Aphatie. Le « quoi », c’est Destin français, le dernier essai d’Éric Zemmour. Jean-Michel n’aime pas Éric, c’est son droit. Du temps où Aphatie partageait l’antenne de RTL avec Zemmour, il ne lui « serrait plus la main ». Quel courage ! À quand, la médaille ?
« Zemmour est devenu fou », assure Jean-Michel. La preuve par la récente polémique relative aux prénoms qu’il faudrait ou non donner aux enfants. Tout cela peut se discuter, mais Aphatie ne discute pas : il condamne, alors qu’un bon journaliste est censé expliquer au lieu de juger. Ce que veut démontrer Éric, et qu’Aphatie fait semblant de ne pas comprendre, c’est qu’en matière d’immigration, le prénom peut être à la fois symbole d’assimilation ou de stigmatisation. Rien d’inédit sous le soleil.
Résumons : Éric Zemmour, c’est plausible. Schlomo Zemmour, ça l’est moins, surtout lorsque l’on brandit l’étendard du patriotisme franco-français. Cela vaut pour d’autres immigrés, tout aussi maghrébins que l’objet du délit. Joseph sera toujours mieux perçu que Youssouf et Gabriel que Djibril, malgré une souche linguistique commune. À en croire de récentes statistiques sociologiques, cela vaudrait même au-delà des considérations ethnico-religieuses : le prénom le plus discriminant à l’embauche serait plutôt Dylan que Mohamed. Au second, il est possible de faire éventuellement le crédit d’études universitaires ; au premier, un peu moins. Ce n’est pas juste. Mais c’est comme ça. Une fois encore, ça se discute. L’assimilation est une violence intrinsèque ? Ce n’est pas faux. Parlez-en aux Bretons, aux Antillais, aux Juifs ou aux Corses. Ils en connaissent un rayon. Sûrement plus que tous les Jean-Michel du monde.
Après, il est licite de ne pas être toujours d’accord avec le trublion en question. Son essentialisation du monde islamique peut paraît hasardeuse. Un exemple parmi d’autres ? Il tient la chute de Constantinople, en 1453, devant les troupes ottomanes, pour un événement majeur. Il n’a pas tort. Mais oublie, au passage, que le véritable cataclysme de l’empire chrétien d’Orient eut lieu en 1204. Il était le fait de croisés catholiques. Les guerres entre chrétiens ont toujours été plus meurtrières que celles opposant chrétiens et musulmans. Mais cela, une nouvelle fois, peut se discuter.
Natacha Polony ne s’en prive d’ailleurs pas, dans les colonnes de Marianne, hebdomadaire dont elle a récemment repris les commandes – c’était ça ou le dépôt de bilan. Elle y pointe les faiblesses du livre incriminé, ce qui est aussi son droit le plus strict. Mais, à la différence du Basque chauve énervé, au moins le fait-elle en respectant les règles communément admises en matière de polémique.
De tout cela, il en ressort à peu près ceci. Certains intellectuels de gauche sont aveuglés par leur haine de la France. D’autres, campant généralement à droite, le sont par leur amour de la France. C’est parfois le cas d’Éric Zemmour. On peut commettre des crimes crapuleux. Il en est d’autres qui sont d’ordre passionnel. C’est toute la différence.
PS : ces choses dites, l’entretien accordé par Éric Zemmour à notre confrère Éléments est un véritable bain d’intelligence. On déconseille à Jean-Michel Aphatie de s’y risquer : c’est un bain dans lequel il n’a manifestement pas pied.
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Eric Zemmour
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