Pour la bien-pensance, comparer les migrants à des éoliennes n’est pas dans le vent 

migrants

Heureusement qu'elle n'a pas dit que les migrants étaient un « détail de l'Histoire » ! Mais ceux qui sont allergiques au seul nom de Marine Le Pen, à défaut d'y trouver la bête immonde, cherchent, dans chacun de ses propos, la petite bête pour pouvoir en dire du mal. C'est ainsi que la présidente du Rassemblement national, dans l'émission du « Grand Jury », a déclaré, dimanche : « Les migrants, c'est comme les éoliennes, tout le monde est d'accord pour qu'il y en ait mais personne ne veut que ce soit à côté de chez lui. » Dans le contexte, c'était très clair, mais il n'en fallait pas plus pour provoquer le déchaînement pavlovien de quelques internautes.

« Lepen est pire que Trump dans ses #conneries », commente l'un. « Elle est saoulante avec son obsession de l'immigration ! […] Elle est née avec cette haine stupide, inintéressante au possible, nauséabonde, témoignage d'une vacuité intellectuelle sans borne ! » » écrit l'autre. Chacun jugera si l'insulte est une méthode efficace pour déconsidérer un adversaire politique, mais ne pourra que reconnaître, s'il est de bonne foi, qu'elle permet de se défouler à peu de frais et d'éviter d'apporter une réponse argumentée sur le fond.

Cette comparaison était-elle préméditée ? En tout cas, elle ne semble pas, a priori, mal choisie. Beaucoup d'adeptes de la bien-pensance, de gauche comme de droite, se pâment devant les éoliennes, surtout quand ils les voient de loin ou en photographie. Ils admettent rarement leur impact sur l'environnement, les paysages, le bruit et même, paraît-il, les oiseaux et les chauves-souris. Sans compter le coût controversé de l'électricité qu'elles produisent. Bref, ces engins ne sont peut-être pas si bons pour la planète. Il est vrai que ces donneurs de leçons vivent généralement dans des villes, loin des parcs éoliens.

Comparer les migrants à des éoliennes est loin d'être une extravagance et vaut mille fois mieux que l'hypocrisie des antilepénistes primaires. Combien de dirigeants politiques prétendent vouloir accueillir des immigrés au nom de la solidarité humaine alors qu'ils y trouvent un moyen de combler leur déficit démographique et d'exploiter une main-d'œuvre bon marché ! Combien de Français, imprégnés de moraline, réprouvent les dénonciateurs d'une immigration incontrôlée tant qu'ils ne sont pas eux-mêmes concernés et que leurs beaux quartiers sont à l'abri !

D'autant plus que les ennemis de l'immigration ne sont pas ceux qui sont montrés du doigt comme des parias, mais plutôt ceux qui la soutiennent en paroles, de manière inconsidérée. Estimer que la France n'a pas les moyens d'accueillir décemment des masses de réfugiés et doit s'opposer à leur entrée sur le territoire quand ils ne sont pas en danger de mort, n'est pas un crime contre l'humanisme. Souhaiter que les pouvoirs publics, au lieu de recevoir complaisamment les migrants, contribuent plus activement au développement de leurs pays d'origine n'est pas dénué de bon sens. Vouloir sauvegarder sa culture et son identité, en préconisant l'assimilation, n'est pas un signe de déraison.

Les vrais ennemis des migrants ne sont-ils pas ceux qui cachent, sous les atours de la propreté morale, une exploitation sordide des immigrés au service de leurs intérêts ?

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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