Pour le mélenchoniste Éric Coquerel, « l’extrême droite » commence à Manuel Valls !

Eric_Coquerel_Portrait

En 2015, Manuel Valls, alors Premier ministre du flamboyant François Hollande, stigmatisait ces intellectuels de gauche en « perte de repères ». Motif du rappel à l’ordre républicain, le philosophe Michel Onfray avait osé prétendre : « Je préfère une idée juste d’Alain de Benoist [autre philosophe bien connu de nos lecteurs] à une idée fausse de Bernard-Henri Lévy et une idée juste de BHL à une idée fausse de BHL. »

Aujourd’hui, faute de retrouver ses repères, le même semble tout bonnement perdre les pédales, à en croire sa prestation sur Europe 1, ce dimanche dernier, lorsque répondant aux questions de la journaliste Sonia Mabrouk : « La gauche républicaine doit pouvoir parler d’immigration. Dire, par exemple, qu’aujourd’hui, il faut arrêter l’immigration. » Fichtre, quel retournement de situation pour cette « génération morale » ayant biberonné aux saturnales de SOS Racisme selon lesquelles, précisément, la même immigration était « une chance pour la France »…

Et tant qu’à tourner casaque, tel un Julien Dray, ancien fondateur de l’association en question, Manuel Valls n’en finit plus de « déraper », pour employer le verbiage des nouveaux clercs de France Inter : « Avons-nous besoin de nouveaux immigrés ? Non. […] Il faut interdire le regroupement familial et notamment les mariages, puisque c’est la principale source de l’immigration et de la constitution de ghettos. » Marine Le Pen, sors de ce corps… Vite, de l’eau bénite, des crucifix, des gousses d’ail, des pieux de bois, des balles en argent !

Mais Manuel ne serait pas tout à fait Valls s’il ne se prenait les pieds dans sa propre rhétorique, avec les raisonnements ayant fait sa marque de fabrique ; c’est-à-dire souvent hasardeux : « Les idées d’Éric Zemmour, elles sont là. […] Il faut le combattre et l’affronter sur le fond. » Mais comme, sur le fond, il reprend les mots et les analyses du fameux polémiste, on ne voit plus bien sur quel « fond » il pourrait « l’affronter ».

Et c’est là que tout se complique davantage, sachant que les premières volées de bois vert viennent du parti au pouvoir. Pour Hugues Renson, député LREM de Paris : « Après l’indigne déchéance de nationalité, Manuel Valls poursuit son œuvre. Fin de l’immigration, fin du regroupent familial, il sombre dans la facilité et l’outrance du moment. Cette version enfermée, radicale et rétrécie ne peut être la mienne. »

En effet, et ce, histoire d’en rajouter dans la confusion, Éric Coquerel, député LFI de Seine-Saint-Denis, vient au secours du macronisme, ce même dimanche, toujours sur le plateau d’Europe 1 : « Manuel Valls aurait mieux fait de rester en Catalogne. » Ça, on ne le lui fait pas dire. Quant à ses avis en matière migratoire, ce jugement péremptoire : « Ces propositions fleurent bon l’extrême droite et pas la gauche. » Il est vrai qu’en ce domaine, la gauche olfactive est imbattable en matière de flair. Coquerel était de la génération Mitterrand ? Bienvenue à la génération Rantanplan.

Dans la foulée, ce député, manifestement pas tout à fait remis des agapes de Noël, pratique donc cet amalgame, par ailleurs à tout bout de champ dénoncé, entre Marine Le Pen, Manuel Valls et Éric Zemmour, tout en déplorant que « la gauche souffre depuis des années de ne pas avoir été justement la représentation des classes populaires ». Mais personne n’a obligé cette même gauche à se trouver, dans l’immigration, un prolétariat de substitution, laissant ainsi partir la classe ouvrière d’antan, avec armes et bagages, grossir les rangs du Front national.

Cette gauche souffre, manifestement. On comprend son malaise existentiel. Serait-il donc humain de l’achever ? Même pas. Elle s’en charge toute seule, comme une grande.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Un vert manteau de mosquées

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois