Pour le ravivage de la flamme, la jeunesse de demain s’est mise sur son 93

ravivage flamme
Ne me dites pas que vous n'avez pas vu ce tweet. Il vient du compte du nouveau chef d'état-major des armées, le général Thierry Burkhard, qui succède à François Lecointre. On peut y lire les mots suivants : « Ravivage de la flamme ce jour sous l’Arc de Triomphe avec l’ensemble des chefs d’états-majors et le major général. #Hommage à nos héros d’hier et d’aujourd’hui, animés par cette même volonté de servir et de défendre la France. Nous devons en être dignes. #ALaHauteur. »

Cette déclaration est accompagnée d'une photo éloquente : devant la flamme du Soldat inconnu, on peut y voir, de la gauche vers la droite, tous les chefs d'état-major des différentes armées, se tenant par l'épaule selon la coutume. Plus à droite (de la photo), le nouveau CEMA tient la flamme, avec deux élèves de Noisy-le-Grand. Merveilleux. La France est contente. Ou plutôt : la République, elle est contente (en grammaire républicaine, le double sujet est aussi important que le prénom + nom). Alors, oui, certes, ces élèves, même s'ils sont « aussi-français-que-vouzémoi », sont tout de même un peu plus foncés que moi. Ce n'est pas le problème : ceux que ça dérange n'ont qu'à avoir des enfants, après tout, au lieu de se désoler d'une France qu'ils contribuent eux-mêmes à dépeupler. En revanche, si « le racisme n'est pas une opinion... » (« ...c'est un délit », on me l'a dit à France 2), il est, a contrario, permis de se demander si la tenue choisie par ces jeunes gens relève de l'inculture, du désintérêt ou de l'insulte. Le garçon est en tenue de sport. La fille est voilée. Et ces généraux, eux, sont tous en tenue de cérémonie, chemise blanche, ordres nationaux en sautoir.

Il y a quelque chose de métaphorique, dans cette photo : la République et ses institutions se pliant en quatre devant un peuple de petits consommateurs mal instruits. Il aurait, je crois, été intéressant de demander à ces deux raviveurs de la flamme ce que représentait le geste qu'ils venaient d'accomplir. Ce que leurs ancêtres faisaient en 1914. Et en 1940. Ce qu'eux-mêmes comptaient apporter à leur pays, c'est-à-dire au nôtre, pour être « à la hauteur », comme l'écrit le général Burkhard.
En parcourant le fil du nouveau CEMA, je suis tombé, figurez-vous, sur son ordre du jour n° 1. Dans un ordre du jour de prise de fonctions, quelle que soit la fonction publique considérée, les subordonnés ont toujours « toute la confiance » du chef. Pas de surprise sur la fin, donc. En revanche, parmi les valeurs militaires qui comptent pour le général Burkhard, on trouve, avec un brin de surprise, la « stricte neutralité ». Clin d'oeil lourdingue, sans doute, aux officiers, d'active ou en retraite, qui s'étaient exprimés dans Valeurs actuelles, il y a quelques mois. Cette neutralité, qui conduira sans doute le successeur du général Lecointre à accepter les politiques de quotas voulues dans le haut encadrement militaire par Florence Parly (féminisation décorrélée des compétences, par exemple) et qui vient de le conduire à raviver la flamme du Soldat inconnu avec des jeunes gens qui donnent l'impression de s'en foutre (le garçon en t-shirt baskets) ou de se moquer de la France (la jeune fille voilée), porte un autre nom, dans le monde civil : soumission.
La prochaine fois, dans un souci d'uniformité, on pourrait imaginer que les chefs d'état-major viennent en tenue de sport.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

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