Pour Libération, l’important n’est pas de combattre l’insécurité mais de « répondre au discours sécuritaire » !
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Le quotidien Libération, fleuron de la gauche intellectuelle et morale, s’est penché, dans sa livraison de jeudi, sur l’épineux sujet de l’insécurité. Nicolas Celnik y publie un long article de réflexion (il dit « enquête ») sur cette question dont il suppute, fin limier, qu’elle est et sera encore l’« inévitable thème des campagnes présidentielles ».
C’est acté par Macron se présentant comme le garant du « droit à la vie paisible », dit-il, et par son ministre Darmanin défilant aux côtés des policiers : la campagne va « se jouer sur le thème de la sécurité ». Laquelle arrive en troisième position dans les priorités des Français, après la santé et l’éducation.
Mais qu’ils sont donc bêtes, ces Français ! Et manipulables, avec ça, car, voyez-vous, tous ces faits d’insécurité montés en épingle ne sont que billevesées orchestrées par la droite ; et « si cet orchestre droitier était si bien rodé pour jouer la surenchère du discours sécuritaire, c’est que le sujet n’est pas nouveau ». Tout à fait raccord avec son ami Mélenchon, Nicolas Celnik fait remonter le mal au machiavélique Jacques Chirac. « À un an de la présidentielle de 2002, le Président sortant, embarrassé par le bon bilan économique de Lionel Jospin, son Premier ministre de gauche, impose (aux forceps) le thème de l’insécurité dans la discussion. » Survient alors « l’agression d’un vieil homme qui sera vite surnommé "Papy Voise". Son visage tuméfié occupe les écrans et l’emballement médiatique achève de convaincre les électeurs indécis qu’il faut être plus dur avec les voyous. Résultat : Jean-Marie Le Pen accède au second tour, aux dépens de Lionel Jospin. »
À l’appui de cette limpide analyse mélenchonnesque, Libé cite un chercheur du CNRS, Christian Mouhanna, qui met en garde : ce qui a « indubitablement augmenté », c’est « le sentiment d’insécurité, qu’il ne faut pas confondre avec l’insécurité réelle », et si ce sentiment progresse, c’est « parce que les politiques ont un intérêt électoral à mobiliser des affects négatifs comme la peur ».
Les chiffres n’existent pas, la réalité non plus, tout n’est qu’affaire de ressenti. Et à ce jeu-là, le monstre, bien sûr, s’appelle Marine Le Pen, qui ose évoquer « l’hybridation du terrorisme islamiste et de la voyoucratie ». C’est bien la preuve, dit Celnik, que « droite et extrême droite transforment la crainte du délinquant en peur du terrorisme ». Quant à la gauche, si elle est fautive, c’est de « se prendre les pieds dans le tapis (au hasard, la participation de certains cadres à la manifestation des syndicats policiers devant l’Assemblée nationale) ».
Résumons : la radicalisation des voyous en prison et le passé criminel des Kouachi et compagnie, rien de tout cela n’existe. Tout est dans les mots. Ce sont eux, imposés dans le paysage et le langage, qui créent le fameux sentiment d’insécurité, car « seriner que "la sécurité est la première des libertés" permettrait dès lors de faire oublier la complexité du problème », écrit Celnik. Fantasme, donc, tout comme « "l’islamo-gauchisme", qui semblait, il y a quelques années, aussi crédible qu’un complot judéo-maçonnique, et qui est tombé dans le domaine courant ».
Et, donc ? Pas besoin de combattre l’insécurité, puisqu’on vous dit qu’elle n’existe pas ! C’est un sentiment, rien d’autre. L’important est de « répondre au discours sécuritaire », « allumer des contre-feux », par exemple « réfléchir à une sortie des crises sanitaire, économique et écologique ».
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