Pour limiter les violences du 31, il faut désormais 90.000 policiers !

Capture écran CNews
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A lire la plupart de nos confrères, cette nuit de la Saint-Sylvestre n’aurait pas été plus violente que l’année passée, et même un peu moins. Mais rompant avec son mutisme des dernières années, le ministère de l’Intérieur a indiqué que « 984 véhicules ont été incendiés lors de la nuit de la Saint-Sylvestre et 420 personnes interpellées en France, dont 310 placées en garde à vue. » On est donc au-dessus des chiffres des années précédentes. Et pour décourager les fauteurs de troubles, c’est désormais une mobilisation très massive de forces de maintien de l’ordre qui a lieu, tous les 31 décembre. Les risques de violences et dégradations (le ministère n’ose plus publier les chiffres des voitures incendiées) s’ajoutent depuis de nombreuses années déjà - notamment à Paris et dans les grandes métropoles - aux mesures préventives antiterroristes. Or, il faut rappeler que la France, si elle n’est pas officiellement en guerre, vit toutefois sous le régime du plan Vigipirate, appliqué pour la première fois en 1991, puis de façon permanente depuis l’attentat du RER Saint-Michel à Paris, le 25 juillet 1995, c’est-à-dire depuis bientôt trente ans !

Victoire à la Pyrrhus ?

Face au cocktail potentiellement explosif émeutes + terrorisme, le pouvoir opte donc pour les grands moyens, comme le concède Camille Chaize, porte-parole du ministère de l'Intérieur : « L'année dernière, nous avions comptabilisé 90.000 policiers et gendarmes, et cette année encore, on sera dans la même fourchette », soit « un policier sur deux, et un gendarme sur deux, qui travaille en ce soir du 31 décembre ». Si l’on y ajoute les effectifs en augmentation constante de policiers municipaux, la mobilisation approche, désormais, au total le cap des 100.000. Pour mémoire, les forces armées qui ont débarqué sur les plages normandes, un certain 6 juin 1944, étaient environ 132.000.

S’il félicite avec raison ses troupes pour le bilan (relativement) bon du maintien de l’ordre, ce 31 décembre 2024, le ministère de l’Intérieur se garde pourtant de tout triomphalisme. Parce qu’il n’est point besoin d’être un puits de science bardé de diplômes pour comprendre que lorsqu’il faut 90.000 personnes pour obtenir une demi-victoire, cela témoigne d’un pays en état de total délabrement. Et des incidents, il y en a tout de même eu beaucoup, surtout dans les grandes agglomérations, mais pas seulement. Faute de chiffres officiels (qui en dénombraient 743, en 2023), le cumul des incendies de véhicules constatés par les quotidiens régionaux reste très élevé, depuis.

À Paris, la mobilisation de 10.000 policiers ainsi que des contrôles et fouilles systématiques dans les lieux sensibles ont fortement limité les incidents. Mais il y a eu tout de même plus de 130 interpellations. Dans les villes du Nord, à Valenciennes, Tourcoing et Lille notamment, les premiers feux de voitures et tirs de mortiers sur la police ont commencé dès le début de la soirée.

Ça chauffe, en Alsace

Comme le craignait le ministère de l’Intérieur, les incidents ont été plus nombreux et plus graves dans l’Est, et ce, malgré un couvre-feu mis en place à Strasbourg, Hoenheim, Bischheim, Illkirch-Graffenstaden, Lingolsheim et Ostwald. Une école a été incendiée à Sarrebourg. Un responsable du syndicat Unité Police a signalé qu’à Strasbourg, « on a une trentaine de personnes gardées à vue pour diverses infractions, qu’il s’agisse d’incendies, de jets de mortiers, d’outrages ou autres délits. On compte, également, plus d’une soixantaine de véhicules incendiés. » Mais la capitale alsacienne pleure aussi la mort d’un adolescent de 15 ans, renversé par un chauffard qui a pris la fuite. À Mutzig, les pompiers et les gendarmes qui intervenaient sur des feux de voitures ont été attaqués au mortier, et des dégradation et incendies de véhicules ont été constatés à Obernai et Molsheim.

À Clermont-Ferrand, un adolescent a été grièvement blessé à coups de couteau. L’agglomération bordelaise semble, pour sa part, avoir été relativement épargnée, cette année, en tout cas plus que l’année précédente, qui avait donné lieu à une centaine d’interpellations.

Drone, cannabis et foie gras

Dans plusieurs grandes villes et leurs banlieues, les « réjouissances » ont débuté les nuits précédant la Saint-Sylvestre. Le 30 décembre dès 15 heures à Lyon, dans le quartier de la Guillotière, Lyon Mag a constaté qu’une « quarantaine de jeunes cagoulés » ont déclenché une émeute, nécessitant l’intervention des CRS. Et le 31, d’autres violences ont eu lieu en centre-ville. Place Bellecour, une enfant de deux ans a été blessée au visage par un tir de mortier. Le 29, puis le 30 et le 31 à Grenoble, incendies de voitures, dégradations urbaines, jets de projectiles et tirs de mortiers sur les policiers se sont succédé.

Nantes et Rennes ont connu leur lot « habituel » de feux de voitures et de tirs de mortiers. Idem à Brest, où le quartier de la prison était interdit, des activistes d'extrême gauche ayant pris l’habitude d’y venir manifester contre les peines d’enfermement. Ouest-France rapporte qu’alertés qu’un drone survolait la prison hier soir, les policiers ont interpellé un groupe dans le véhicule duquel ils ont trouvé « un drone, des filets spécifiques au transport de stupéfiants, la somme de 300 euros, neuf paquets de drogue, dont 400 g de cannabis, 138 g d’herbe et 5 g de cocaïne. Ils ont, également, récupéré cinq téléphones, trois cartes SIM ainsi que de la nourriture, dont du foie gras. »

Drogue et foie gras au menu des dealers à la Saint-Sylvestre, donc…

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