Pour Mélenchon : le terrorisme, un fait divers… pour faire diversion ?
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Pourquoi se gênerait-il, le patron de La France insoumise, puisqu’il n’y a aucun journaliste pour lui clouer le bec quand, en pleine émission, il se lance dans ses dérapages indécents ? On nous dira que ça fait de l’audience, et à ce jeu-là, hein, tout est permis.
Ainsi, ce dimanche, sur le plateau de « Questions politiques », sous le haut patronage du Monde, France Inter et France Info, où Jean-Luc Mélenchon a pu se livrer à son exercice favori sans que quiconque ne juge opportun de relever la teneur scandaleuse de ses propos. Ali Baddou, le présentateur de l’émission, et ses acolytes Laurence Perron (France Inter), Françoise Fressoz (Le Monde) et Nathalie Saint-Cricq (France Télévisions) ne sont pourtant pas de jeunes débutants. Alors pourquoi ceux-là n’ont-ils pas crié au scandale quand leur invité s’est lancé dans un délire qui, pour une fois, ne laissait aucun doute sur sa teneur complotiste ?
Premier candidat officiellement déclaré à la prochaine présidentielle (dès octobre 2020), Mélenchon dit souhaiter ardemment la candidature d’Emmanuel Macron car « on aura de quoi dire » sur son « bilan ». Sans quoi, prédit-il, « on nous sort un autre petit Macron du chapeau […], on ne sait pas qui c’est, pouf, il se fait élire Président. C’est le système qui l’invente. » « Dans tous les pays du monde, ils ont inventé un type comme ça qui ne sortait de rien et qui était porté par un système oligarchique. »
Et dans la foulée, il embraye : « Vous verrez que dans la dernière semaine de la campagne présidentielle, nous aurons un grave incident ou un meurtre. Cela a été Merah en 2012. Cela a été l’attentat, la dernière semaine, sur les Champs-Élysées. Avant, on avait eu Papy Voise dont plus personne n’a jamais entendu parler après. Tout ça, c’est écrit d’avance. Nous aurons le petit personnage sorti du chapeau. Nous aurons l’événement gravissime qui va, une fois de plus, permettre de montrer du doigt les musulmans et d’inventer une guerre civile. Voilà, c’est bateau, tout ça. »
C’est quoi, au juste, le fond de la pensée mélenchonnesque : l’Élysée qui fait passer des castings terroristes ? Le recrutement d’intermittents du spectacle comme candidats au suicide ?
Quel lien entre Papy Voise et Mohammed Merah ? Les assaillants du pauvre vieux étaient-ils, eux aussi, victimes de l’islamophobie que dénonce Mélenchon, de pauvres jeunes gens manipulés par l’extrême droite dans le but de fomenter une guerre civile ?
« Qui ne dit mot consent », prétend la sagesse populaire, on peut donc imaginer que les Baddou et compagnie ont consenti aux propos de Mélenchon ?
Seule la classe politique a réagi et, bien sûr, les victimes des attentats de Mohammed Merah. Ce lundi matin, Albert Chennouf-Meyer, père de l’un des militaires assassinés par Merah, disait : « Ce sont les propos de quelqu'un qui a perdu tout sens des réalités et de la noble politique. C'est quelqu'un qui est dans le déni de tout ce qui concerne le terrorisme, notamment le terrorisme islamique. » De même Latifa Ibn Ziaten, mère d'un autre militaire victime de cette tuerie, qui écrit, dimanche, sur Twitter : « Les propos de Jean-Luc Mélenchon sont inadmissibles et ne devraient même pas être tenus. Je suis la mère de Imad, militaire mort debout face à l'obscurantisme en mars 2012. Le respect, c’est un minimum pour l’honneur de mon fils, des autres victimes et des familles endeuillées. »
Depuis, Mélenchon rétropédale, soutenu par ses lieutenants. On l’a mal compris, il est victime d'un « coup monté à partir d'une phrase ». « La rage de certains contre Mélenchon, jamais égalée contre l’extrême droite, ne connaît pas de limites », s’est indigné Adrien Quattenens. Quant à Manuel Bompard, il voit là une « minable opération pour faire croire que Jean-Luc Mélenchon nie la réalité des attentats terroristes alors qu’il en dénonce l’instrumentalisation politicienne dans les campagnes électorales. Quel ignoble procès ! »
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