Pour Noël Le Graët, l’hymne des Bleus n’est pas l’hymne des Bleus !

noel le graet

Le rappeur Youssoupha n’en finit plus de faire scandale. Aujourd’hui, c’est au tour de Noël Le Graët, président de la Fédération française de football, de s’en mêler. Interrogé, le mercredi 26, par Le Parisien, il affirme ainsi que la chanson controversée, « Écris mon nom en bleu », donnée pour hymne officiel des Bleus pour l’Euro 2021 ne serait pas l’hymne des Bleus. La preuve en est que la ritournelle en question « ne figure pas sur le site de la Fédération et on n’a pas l’intention de demander aux gens de reprendre ces paroles ».

Comme assurait naguère le grand René Magritte : « Ceci n’est pas une pipe. » En revanche, cette bourde magistrale en est bien une, de bourde. Et on se demande bien comment ces gens peuvent à ce point faire preuve d’un incroyable talent pour se coller dans de tels guêpiers tout en suscitant des polémiques ne pouvant tourner qu’à leur désavantage.

Et Noël Le Graët de tenter de se justifier en ces termes : « Ce sont nos jeunes salariés du service commercial qui ont eu cette idée pour accompagner le dévoilement de la liste des 26 Bleus. » Mieux : il assure avoir « découvert ce choix sans en avoir été informé au préalable », avant d’avouer : « Je crois que nous n’aurions pas dû le faire. » Bref, ce président si souvent critiqué pour son autoritarisme démontre qu’il est incapable de tenir ses troupes. Ça devait être un beau bazar, dans sa ville de Guingamp, dont il fut le maire socialiste, de 1995 à 2008…

On remarquera que, ce faisant, Noël Le Graët est dans l’air du temps. Car tant d’amateurisme ne peut qu’évoquer un autre artiste, Kiddy Smile, et son tee-shirt marqué de ce slogan « Fils d’immigré, noir et pédé », invité à l’Élysée lors de la fête de la Musique, lors de l’édition 2018, avec un couple Macron se dandinant à ses côtés. N’y avait-il donc personne, au Château, pour s’occuper de la programmation ? Là encore, ce devait être un « jeune salarié », si ce n’est un stagiaire.

Certes, Johnny Hallyday fut, en son temps, accueilli en cette enceinte par le général de Gaulle, mais ce dernier n’en dansa pas pour autant le twist avec l’idole des jeunes, pas plus qu’il ne se risqua à faire du hula-hoop avec l’alors très jeune et très accorte Brigitte Bardot. Alors, dans le cas de messieurs Kiddy et Youssoupha, de deux choses l’une : ou c’est une simple distraction et les fautifs devraient être sommés d’aller exercer leurs talents chez Pôle emploi. Mais, dans ce cas, quid de leurs employeurs ? Tout se trame dans leur dos et ils ne sont au courant de rien ? Si cela est avéré, cela signifierait qu’il n’y a pas de capitaine à bord ; ce qui serait encore plus fâcheux.

Autre hypothèse : il s’agit d’un fait exprès. Mais alors, Emmanuel Macron et Noël Le Graët sont victimes du syndrome dit de l’araignée au plafond, sachant que les deux jouent ainsi contre leur propre camp. En se montrant avec Kiddy Smile, le premier des Français a révulsé une bonne partie de l’électorat conservateur l’ayant fait roi. En laissant confier l’hymne des Bleus à un artiste plus connu pour ses appels au meurtre (Éric Zemmour) et au viol (Marine Le Pen) que ses aptitudes musicales, et n’hésitant pas ensuite à faire machine arrière, le président de la FFF démontre que n’est pas Didier Deschamps qui veut - ce que l’on savait déjà un peu.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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