Pour remplacer « La Maturité »… une œuvre qui sublime des déchets de chantier

@Micheldb, Public domain/Wikimedia Commons
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C’est la dernière histoire belge, la dernière farce du « Gauchistan bruxellois » : remplacer une statue monumentale en marbre de Carrare par « une œuvre "féministe" qui sublime "des déchets de chantiers" ». La Maturité, du sculpteur Victor Rousseau, va donc aller se faire voir ailleurs.

L’affaire a démarré à l’automne, la ville ayant fait part de son projet de réaménagement du square où trône le chef-d’œuvre du dénommé Victor Rousseau (1865-1954). La Commission royale des monuments et des sites (CRMS) a demandé au gouvernement de la région de Bruxelles-Capitale le classement du groupe sculpté et de son marbre, mais a reçu un refus de le 12 décembre, déclenchant l’indignation des habitants et de la CRMS. Dans son arrêté, le gouvernement régional motive son refus « parce qu’il juge que la sculpture reflète une vision patriarcale et stéréotypée des rapports sociaux et familiaux, contraire aux valeurs contemporaines d’égalité des genres, de pouvoir et de famille. » La CMRS a invité le gouvernement à « reconsidérer sa décision », y voyant « une remise en cause préoccupante de la valeur patrimoniale hors du commun de cet ensemble urbain, mais aussi un risque pour la conservation d’autres œuvres majeures ». On apprend, en effet, que La Maturité sera remplacée par une œuvre contemporaine plus en accord avec l’air ambiant.

Ne plus offenser le regard des passantes sous leur hijab ?

La Maturité est une œuvre monumentale autant dans sa facture que l’esprit qu’elle véhicule. Réalisée au lendemain de la boucherie de 14, c’est une allégorie de cette maturité que des millions de jeunes hommes, massacrés sur les champs de bataille, n’auront jamais connue. Personnification de l’idée de la maturité et du cycle de la vie, il s’agit d'un groupe sculpté composé de six figures en miroir autour du personnage central, un homme dans l’âge mûr. À gauche, une jeune fille et une femme ; à droite, un couple et un jeune homme, assis, qui tourne le dos aux autres personnages et « porte la main à son flanc gauche ». Émanation du courant symboliste de tendance idéaliste, « l’œuvre est perçue comme le véhicule de valeurs morales et de vérités essentielles, immuables et universelles, transmises au travers d’une parfaite harmonie des proportions ».

Traduction, dans le langage du jour : c’est une bouffonnerie d’un autre âge. Et le gouvernement de la ville de Bruxelles motive ainsi son refus, comme on l'a vu plus haut, en dégainant tout l'attirail lexical « progressiste » bien connu. Conclusion : pour être « plus inclusive », la statue sera donc « recontextualisée pour ajuster sa signification au XXIe siècle ». Et déplacée, bien sûr. Histoire de ne plus offenser le regard des barbus et de leurs épouses sous le hijab, peut-être ?

Élever les ordures au rang d’œuvres d’art

Tout cela ne serait qu’un énième épisode de la déconstruction du mâle blanc si Mme Elke Van den Brandt n’avait décidé de substituer à La Maturité une œuvre, également symbolique, convenons-en, constituée de... débris de chantier.

Cette création de la plasticienne Aglaïa Konrad s’intitule Rückbaukristalle. Cette sculpture, nous dit rtbf.be, « se présente comme deux colonnes fabriquées à partir de débris provenant de divers chantiers de démolition dans la ville ». Anaïs Maes, l’échevine chargée de l'Urbanisme et des Espaces publics, prévient qu’elle sera sensiblement différente de l’illustration offerte dans le dossier de presse. Ça n’est pas forcément rassurant. En effet, en lieu et place du marbre de Carrare s’élèveront deux colonnes, l'une de quatre à cinq mètres de hauteur, la deuxième de deux à trois mètres. « L'œuvre est une représentation du développement perpétuel d’une ville, témoignant ainsi du paradoxe du réaménagement urbain qui réunit le déclin et le renouveau, qui représente la croissance et le changement », nous dit-on. Précision d’importance : « L’artiste aborde ce sujet à partir d’une perspective féministe, recontextualisant ainsi l’histoire de l’urbanisme et du développement architectural d’une ville qui s’est construite principalement à partir d’une vision masculine. »

Et comment fait-on du féminisme avec des tas de gravats ? C’est très simple : « L’artiste sublime ces déchets de chantiers pour leur rendre hommage sous une forme tendre et sculpturale. » La matière première est collectée « auprès de la célèbre entreprise de démolition De Meuter ». On leur suggère de retenir une place à la Foire internationale d'art contemporain, l’automne prochain.

Le premier réflexe, devant ce monument à la sottise ambiante, est un éclat de rire grinçant. Hélas, ça n’a rien de drôle. Ces gens-là se prennent très au sérieux, se croyant investis d’une mission civilisatrice. Ignorant tout d’abord l’histoire de l’art qui, depuis l’avènement du ready-made et de l’art conceptuel, nous offre de la merde (cf. Merda d’artista, Piero Manzoni, 1961), ils n’ont même plus l’excuse d’être subversifs. Leur démarche, sans plus d’audace que de créativité, est la plus conformiste qui soit. Ajoutons à cela ce qui, au mieux, est de la tartufferie, plus certainement de la bêtise crasse, qui consiste, au nom du féminisme, à prétendre combattre le patriarcat en supprimant une œuvre centenaire quand, par ailleurs, à Bruxelles l'islamisme prospère allègrement.

Picture of Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

27 commentaires

  1. Tout le monde connaît la légende  » les habits neufs de l’empereur  » où personne n’osait dire ce qu’il voyait de peur de passer pour un abrutis. Les gens n’en pensaient pas moins mais se taisaient. Jusqu’au moment où un enfant ne souscrivant pas à ces codes osa dire :  » mais le roi est nu ! « . Les yeux des gens se dessillèrent, le roi fut ridiculisé et ses conseillers chassés… Le problème est que si cette histoire arrivait aujourd’hui, tout le monde taperait sur l’enfant pour le faire taire. Le roi a distribué tellement de récompenses, prébendes, places juteuses, à tellement de gens, qu’aucun ne veux que ça s’arrête. « Après moi, le déluge »…

  2. Près du mur d’enceinte de Chambord, la communauté de communes a « claqué » près de cent mille euros pour « La Charette renversée », un tas de blocs de tuffeau posés sur des palettes. Et chaque commune est en passe d’avoir une « œuvre » du même genre..
    À admirer sur Google Maps…

  3. Pourquoi ne pas remplacer cette scène heureuse et pleine de sérénité, par une scène « contemporaine », comme une attaque au couteau, à la machette, un engorgement, etc ? Un magnifique tableau représentatif de notre nouvelle civilisation en somme.

  4. Il semble que ces Gauchistan bruxellois n’ont pas de grandes idées novatoires pareille aux libres penseurs de chez nous dont leur idéologie est plus destructive que novatoire en effet si certains monuments, statuts œuvres d’art et autre ne leur plais pas qu’il les laissent tranquille et qu’ils en créent d’autre plus dans leur vocations mais ils en sont probablement totalement incapables par manque de capacité de plus il est évident que dans notre société ils sont tellement minoritaires ce qui n’est pas vraiment démocratique.

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