Pour Ylva Johansson, commissaire européen, « nous devons renforcer un narratif positif sur la migration » !
3 minutes de lecture
Dire qu’il existe une urgence migratoire aux frontières du Vieux Continent relève de l'évidence. Mais tout le monde, en Europe, n’a pas forcément la même définition du vocable « d’urgence ». Ainsi, douze de nos voisins (Autriche, Bulgarie, Chypre, Danemark, Estonie, Grèce, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Pologne, Républiques tchèque et slovaque) ont-ils demandé aux autorités européennes de les aider financièrement à construire ces barrières destinées à protéger notre maison commune.
La réponse d'Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, est évidemment non, à en croire cette déclaration du 22 octobre : L’Union européenne ne financera pas de « barbelés et murs » pour empêcher les arrivées de migrants. De son côté, la Suédoise Ylva Johansson, commissaire aux Affaires intérieures, reconnaît que les pays incriminés « ont le droit de construire des clôtures », mais que cela ne doit pas être « financé sur des fonds européens ».
Bref, l’Europe finance bien des campagnes et des plus contestables. Mais veiller à nos frontières ? Non. Résultat ? Ylva Johansson est « extrêmement inquiète » ; logique, à la lecture de Libération qui nous apprend qu’il y aurait des « violences contre les migrants aux frontières ». Il est un fait que certains migrants ne sont pas refoulés à coups de plumeau ni menacés d’être privés de thé à cinq heures, lorsqu'ils refusent de regagner courtoisement leurs pénates d’origine. Muscles et képis sont donc la norme en ce genre d’interventions. La Pologne, État souverain jusqu’à plus ample information, persiste donc à ignorer les recommandations d’instances supranationales dont la légitimité démocratique demeure encore à définir. En ligne de mire des autorités européennes, l’autocratique régime de Biélorussie, mené de main ferme par Alexandre Loukachenko. Tenu pour l'homme lige de la Russie, il se servirait de la menace migratoire pour faire entendre ses vues, tel son homologue turc, le président Recep Tayyip Erdoğan. De la géopolitique, loin de l’humanitaire façon Armée du salut.
Ylva Johansson camperait plutôt sur l’option seconde : « J’ai souligné l’importance pour les autorités polonaises de s’assurer de manière transparente que toute législation, politique ou pratique à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie est pleinement conforme à l’acquis communautaire. » C’est-à-dire ? La Pologne a-t-elle ou non le droit de se protéger – elle et nous, par voie de fait – de la déferlante migratoire ? Ou doit-elle faire semblant de le faire en vertu « d’acquis communautaires » aux contours plus que flous ?
Mais que l’on se rassure, Ylva Johansson s’est vite reprise, d’où ce discours prononcé au Forum européen sur la migration, ce 27 octobre : « Les migrants sont une part de nous. […] Nous devons renforcer et souligner un narratif positif sur la migration. Nous ne devons pas avoir peur de la migration, nous ne devons pas avoir peur des migrants. […] Notre société a besoin des migrants, de l’énergie et de l’ambition qu’ils apportent. » Voilà au moins qui est clair. L'Europe aux mains des biznounours.
Thématiques :
MigrantsVos commentaires
Pour ne rien rater
Les plus lus du jour
LES PLUS LUS DU JOUR
Un vert manteau de mosquées